Le sommet humanitaire mondial qui a pris fin le 24 mai à Istanbul, a été marqué par des annonces fortes sur les moyens de répondre au besoin d’éducation des enfants et des jeunes vivant dans les situations de crises.
L’envoyé spécial des Nations unies pour l’éducation mondiale, Gordon Brown a annoncé le lancement du fonds Education Cannot Wait (L’éducation ne peut attendre ) « destiné à mieux coordonner les aides et encourager les investissements dans l’éducation au profit des enfants et des jeunes touchés par des urgences humanitaires ou des crises prolongées » selon un communiqué du Partenariat mondial pour l’éducation (PME).
Ce fonds prévoit de consacrer 3,85 milliards de dollars sur cinq ans à l’éducation dans les situations de crises. Objectif : permettre à plus de 13,6 millions d’enfants et de jeunes vivant au cœur des conflits, des catastrophes naturelles ou des épidémies de bénéficier d’une éducation de qualité.
Aujourd’hui, le constat est alarmant ! Le droit à l’éducation de 75 millions d’enfants et de jeunes est affecté et 37 millions d’enfants sont déscolarisés, dans les pays en crise.
Le nombre d’enfants touchés est tel qu’il y a maintenant urgence. La privation d’études dont tous ces jeunes sont victimes est en train de devenir une véritable crise internationale qui va peser sur le monde pendant des générations
Gordon Brown, Envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale.
En 2015, seulement 12% des enfants vivant dans des situations de conflits ont bénéficié de financements humanitaires alloués à l’éducation.
Le fonds Education Cannot Wait vise à pallier le manque de ressources nécessaires pour développer des systèmes éducatifs nationaux forts qui s’adaptent aux situations de crises à long terme et permettent d’assurer le droit à une éducation de qualité pour toutes et tous dans de tels contextes.
Le nouveau fonds permettra de faire la soudure entre l’aide humanitaire et le développement à long terme de manière que l’éducation des enfants ne soit pas oubliée
Julia Gillard, présidente du Partenariat mondial pour l’éducation (PME).
Présent lors du sommet, Andre Vallini, secrétaire d’Etat chargé du Développement et de la Francophonie, a affirmé l’engagement de la France dans l’éducation et notamment en faveur de ce nouveau fonds.
L’éducation est le socle sur lequel on peut construire toutes les politiques de développement. J’apporte le soutien de la France à l’initiative de l’ONU pour l’éducation en situation d’urgence
André Vallini
En revanche, aucune contribution financière n’a été communiquée par la France, alors que l’Union européenne, les Pays-Bas, la Norvège, les Etats-Unis et le Danemark se sont engagés à subventionner le fonds dès les premières années.
Lors de la clôture du sommet, les promesses de financement ont atteint seulement la moitié des objectifs fixés pour la première année du fonds (qui s’élèvent à 150 millions de dollars).
La Coalition Éducation se réjoui de ces déclarations ambitieuses et du lancement du fonds Education Cannot Wait qui marquent une étape importance pour atteindre l’Objectifs 4 Education des Objectifs pour le développement durable d’ici 2030. Toutefois, la Coalition Education appelle le gouvernement français à prendre des engagements plus fermes et annoncer la contribution de la France au fonds, dès à présent.
A l’issue de ce sommet, la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) a publié une déclaration (en anglais) dans laquelle elle demande aux gouvernements qui se sont engagés en faveur du fonds d’« assurer une éducation gratuite inclusive de qualité pour tous les enfants » tel qu'énoncé dans l'objectif Éducation et le cadre d’action Éducation 2030.
La CME tire également la sonnette d’alarme sur l’origine et l’orientation des ressources publiques consacrées à l’éducation ! Le budget des Etats alloué à l’éducation doit avoir pour objectif « la qualité des services et des systèmes publics, et en aucun cas soutenir des entreprises privées qui cherchent à tirer un profit financier des crises humanitaires » ! Le texte précise que le fonds Education Cannot Wait doit être le résultat de mécanismes transparents et inclusifs, de sa gouvernance à ses méthodes de travail sur le terrain.
La Coalition Éducation se joint à cette déclaration et demande que les financements de ce nouveau fonds ne se fassent pas au détriment des aides publiques au développement existantes, et notamment des subventions versées au Partenariat mondial pour l’éducation (déjà insuffisantes !) mais par l’intermédiaire de financements innovants !