Financement de l'éducation

Au niveau mondial, un financement efficace de l’éducation est essentiel pour ouvrir la scolarisation et les espaces d’apprentissage à une plus large population et fournir une éducation de qualité.

En 2015, la communauté internationale s’est engagée à réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) et le cadre d’action Éducation 2030 lié à l’ODD 4. Toutefois, pour garantir la réussite de ce nouveau programme ambitieux pour l’éducation, la volonté politique est importante mais ne suffit pas. Sans ressources, aucun progrès ne peut être accompli en matière d’éducation. La planification politique, la formation des enseignant.e.s, le matériel pédagogique, les lieux d’apprentissage et les infrastructures ont un coût.

Dans de nombreux pays, notamment parmi les plus pauvres, le droit à l’éducation est mis à mal par le manque de moyens important dont souffrent les systèmes éducatifs.

Selon le Rapport mondial de suivi de l’Éducation 2023, le coût de la réalisation de l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire universel d'ici 2030 dans les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur coûterait 5,100 milliards de dollars cumulés, soit environ 340 milliards de dollars par an de 2015 à 2030. Pour y parvenir, les pays à faible revenu devraient consacrer 6,56 % de leur PIB à l'éducation, et un déficit de financement de 39 milliards de dollars subsisterait tout de même. Et ces chiffres ne couvrent pas le coût nécessaire pour atteindre l'objectif de l'alphabétisation de base des adultes, à savoir « l’apprentissage tout au long de la vie » tel qu'énoncé dans l'ODD 4. Selon l'ONU, à peine 22 % des fonds demandés pour le secteur de l'éducation ont été couverts en 2021. 

Des solutions existent pour surmonter ce défi du financement de l’éducation. Les pays a revenu élevé peuvent coopérer avec les pays dont les besoins sont les plus criants et consacrer une part significative de leur Aide Publique au Développement (APD) à l’éducation, par l’intermédiaire de mécanismes bilatéraux (Ex : Agence francaise de développement) et/ou multilatéraux (Ex : Partenariat Mondial pour l’Education, Education Cannot Wait, Unesco, Banque Mondiale, Union Européénne, etc.). L’APD permet de soutenir les pays partenaires dans la mise en œuvre des politiques publiques d’éducation, ainsi que le financement de projets de terrain à l’initiative d’organisations de la société civile, dans les pays bénéficiaires. Bien que les dépenses publiques d'éducation aient augmenté dans les pays à faible revenu, l'aide publique au développement en faveur de l’éducation représente 13 % de leurs dépenses d’éducation totales (Suivi du financement de l’éducation, 2023).

Entre 2015 et 2021, l''aide à l'éducation est passée de 13,7 milliards de dollars à 17,8 milliards de dollars mais a diminué de 7 % entre 2020 et 2021, tandis que la part de l'aide allouée à l'éducation dans les budgets d'aide a atteint son point le plus bas depuis 2015, avec seulement 9,8 % consacrés à l'éducation (Rapport mondial de suivi sur l'éducation)

L’aide bilatérale de la France à l'éducation a augmenté de 18,7% entre 2017-2022 (OCDE). La Coalition Education salue les efforts financiers de la France pour le secteur. Toutefois, cette augmentation est moins rapide que la hausse globale de l’APD, et la part de l’éducation dans le total de l’aide diminue, passant de 14,5% en 2017 à 11,5% en 2022. Qui plus est, la décision du gouvernement français (février 2024) de couper 1 miliards d’euros sur le budget de l’aide publique au développement pourrait se transformer en un retour en arrière drastique concernant le soutien de la France à l'éducation dans le monde

Lors de la Conférence de financement du Partenariat Mondial pour l'Éducation (PME) - tenue en juillet 2021 - la France a annoncé une contribution de 333 millions d’euros pour la période 2021-2025, dont 50% dirigés vers l’éducation des filles. Un montant proportionnel à la contribution précédente de 200 millions d’euros, annoncée en 2018 pour trois ans. Ce statu quo reste cependant insuffisant au regard de l’aggravation des besoins éducatifs partout dans le monde en raison notamment de la pandémie de Covid-19. Le PME vise ainsi à collecter au moins 5 milliards de dollars sur 5 ans pour aider 90 pays et territoires où vivent plus de 80 % des enfants non scolarisés dans le monde.
Ces dernières années, l'éducation a été fortement impactée par la pandémie de Covid-19 et les crises multiples (catastrophes climatiques,  crise afghane, conflit ukrainien et autres crises oubliées notamment au Sahel, dans la Corne de l'Afrique et au Yémen). Le premier Sommet humanitaire mondial qui s'est tenu en mai 2016 à Istanbul a permis la création d'un fonds mondial dédié à l'éducation dans les situations d'urgence Education Cannot Wait, que les gouvernements doivent financer par le biais d'engagements pluriannuels. La France a annonce une contribution de 40 millions d'euros au fonds Education Cannot Wait pour 2023-2026 lors du festival de Global Citizen à New York en parallèle de l’Assemblée générale des Nations Unies (septembre 2023)..

Aujourd’hui plus que jamais, le financement de l’éducation est un challenge, mais les progrès réalisés au cours de ces 15 dernières années montrent que le changement est possible. Si les moyens nécessaires sont mobilisés, les espoirs sont grands d’atteindre l’ODD 4 en 2030.

Nos recommandations : 

Il est important que la France et la communauté internationale adoptent des politiques de financement de l’éducation pertinentes et efficaces, et notamment :

  • atteindre l’objectif de 0,7 % du PIB pour l’APD, dont 10% consacrée à des subventions pour l’éducation (de type projet, appui budgétaire, contribution à des fonds spécifiques, etc.) dont la moitié allouée à l’éducation de base en concentrant les subventions sur les pays prioritaires de la France ;
  • encourager es États à investir 20 % de leur budget et 6% de leur PIB dans l'éducation (recommandation de la Campagne mondiale pour l'éducation) ;
  • consacrer au moins la moitié de leurs budgets éducatifs à l’éducation de base, définie comme incluant l’éducation et la protection de la petite enfance, l’éducation primaire, l’éducation secondaire et l’éducation de base des adultes ;
  • encourager davantage de justice fiscale dans les pays en développement. Chaque année, 160 milliards de dollars de revenus fiscaux sont perdus en raison des manipulations des entreprises multinationales.
  • poursuivre l'engagement financier et politique dans le Partenariat Mondial pour l’Education (PME).


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