Lors du sommet des Nations Unies sur le développement durable qui s’est tenu à New-York ces derniers jours, les dirigeants de la planète et des militants de l’éducation ont réaffirmé l’importance d’intégrer l’éducation comme un objectif autonome dans le nouvel agenda pour le développement durable 2015-2030, adopté le 25 septembre 2015.
Le monde vient juste d’adopter une nouvelle vision pour le développement durable. Les dirigeants s’engagent à finir ce qui a été commencé avec les Objectifs du Millénaire pour le développement. Et ils reconnaissent que l’éducation est essentielle pour construire un monde meilleur
Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies,
Malgré les progrès accomplis ces 15 dernières années, l’Institut de statistique de l’UNESCO note que 124 millions d’enfants et jeunes sont encore non scolarisés et 757 millions d’adultes, dont deux tiers sont des femmes, ne savent ni lire ni écrire.
A New York, les déclarations en faveur de l’éducation pour le développement se sont multipliées.
La Première Dame de Chine et envoyée spéciale pour les progrès de l’éducation des femmes et des filles auprès de l’UNESCO, Peng Liyuan, ainsi que Malala Yousafzai, Prix Nobel de la Paix, ont souligné que l’éducation est la force motrice essentielle pour bâtir une société prospère plus inclusive, et atteindre la paix durable.
En réponse à la crise des migrants, Gordon Brown, envoyé spécial de l’ONU pour l’éducation mondiale a mis l’accent sur le sort des enfants réfugiés et déplacés, pour lesquels l’éducation ne doit pas être oubliée.
« Il y a 30 million d’enfants déplacés dans le monde aujourd’hui; 10 million sont exilés de leur pays. La plupart ne reçoivent pas d’enseignement scolaire. Beaucoup d’entre eux, à moins que nous n’agissions, ne passeront jamais la porte de l’école durant leur âge scolaire, et nous devons leur donner espoir. »
Mettre l’éducation au cœur des priorités signifie que nous devons (…) trouver des financements pour que les paroles des politiciens, qui affirment vouloir agir pour l’éducation, deviennent une réalité avec des investissements nécessaires pour que chaque enfant reçoive une éducation décente
Gordon Brown, envoyé spécial de l’ONU pour l’éducation mondiale.
A cette occasion, la Présidente de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) Camilla Croso s’est exprimée au nom des membres de la CME et a salué l’inclusion de la société civile dans les mécanismes de responsabilité internes. Elle a mis l’accent sur l’importance de l’éducation inclusive pour dépasser les discriminations, et de l’égalité des sexes « pour confronter les structures de pouvoir historiques qui ont violé le droit des femmes et des filles depuis des décennies. »
Camilla Croso a également appelé les Etats à prioriser l’alphabétisation et l’éducation des adultes et des personnes âgées, en regrettant que le Programme d’action d’Addis Abeba ne s’y réfère pas.
Aujourd’hui, la Coalition Education se rallie à ses propos pour transmettre un message clair aux acteurs politiques. Les défis sont devant nous pour que l’Objectif 4 sur l’éducation devienne une réalité. Il appartient aux gouvernements d’adopter des politiques qui considèrent l’éducation comme un droit humain fondamental, et ne réduisant pas la question de la qualité à l’obtention de scores élevés aux tests normalisés.
Par-dessus tout, nous ne pouvons tolérer une éducation à double vitesse qui divise les riches et les pauvres, les garçons et les filles, et aggrave les inégalités
Camilla Croso, Présidente de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME)
Le renforcement des systèmes éducatifs publics doit être LA priorité des Etats. Ces derniers doivent être les garants de l’accès équitable de tous à une éducation gratuite de qualité, contre la tendance actuelle à la commercialisation de l’éducation qui place le profit avant le droit à l’éducation.
« Si nous accordons de la valeur à l’éducation, alors nous devons valoriser les enseignants et les étudiants qui sont au cœur des enjeux. » Les enseignants doivent travailler dans des conditions de travail adéquates et être partie prenante, ainsi que les étudiants, dans les négociations et prises de décisions.
Cet ambitieux programme ne pourra être mis en œuvre que grâce à des engagements supplémentaires de la part des Etats pour financer l’éducation, au niveau domestique et à travers les politiques de coopération des pays donateurs.
Lors de son discours à l’Assemblée Générale des Nations Unies, François Hollande a souligné la nécessité d’augmenter les aides publiques au développement pour tous les Etats qui vont accepter les Objectifs du Développement Durable (ODD). Il a annoncé une augmentation annuelle de 4 milliards d’euros de l’Aide Publique au Développement (APD) française à partir de 2020 et une réforme de l’APD en profondeur.
La Coalition demande que ces paroles soient suivies d’actes concrets et que la part de l'APD dédiée à l’éducation soit revalorisée.