Ce jeudi 9 avril 2015 était lancé le nouveau Rapport mondial de suivi de l’éducation 2015 à l’UNESCO, en présence de Ministres de l’éducation du monde, d’experts et de la société civile, publié un mois avant le Forum mondial de l’éducation qui se tiendra à Incheon (République de Corée). La Campagne mondiale pour l’éducation (CME) était représentée en tribune par la voix de sa Présidente Camilla Croso, et la Coalition Education qui était également présente dans la salle.
Elle marque la fin du cycle de l’ « Education Pour Tous » pour la voie des Objectifs de développement durable. La CME accueille avec satisfaction la publication de ce rapport titré Éducation pour tous 2000-2015 : Progrès et enjeux et appelle les gouvernements, les donateurs et la communauté internationale à retenir les leçons des expériences de mise en œuvre des cadres de l'Éducation pour tous (EPT) pour préparer un agenda robuste et un financement en adéquation pour l'éducation après 2015. Le rapport suit justement les progrès vers les objectifs de l’EPT depuis qu'ils ont été établis, et cette nouvelle édition apporte son verdict sur les avancées constatées entre 2000 et 2015. Il contient des messages clairs sur la nécessité de réunir des financements suffisants, de faciliter la pleine participation citoyenne et de mettre l'accent sur la qualité et l'équité si l'on veut réaliser les futurs objectifs d'éducation.
L'éducation pré-primaire, par exemple, a augmenté de près de deux tiers depuis 1999, et la parité entre les sexes dans les effectifs de primaire a enregistré une amélioration considérable au niveau mondial. Malgré cela, 121 millions d'enfants – soit 12 % du total de cette classe d'âge – ne sont toujours pas scolarisés en primaire et dans le premier cycle secondaire. Le taux d'analphabétisme chez les adultes et les jeunes n'a diminué que de 23 % depuis 2000 au lieu des 50 % visés ; l'essentiel de la baisse est dû au passage à l'âge adulte d'enfants mieux instruits plutôt qu'à de quelconques interventions concrètes de mise en place de systèmes d’apprentissage tout au long de la vie.
Seul un tiers des pays a atteint l’ensemble des objectifs fixés en 2000 à Dakar
La moitié seulement des pays est parvenue à l’objectif principal : la généralisation de l’enseignement primaire.
Les conclusions du RMS viennent étayer la position du mouvement de la CME qui affirme que le prochain agenda de l'éducation doit insister plus fermement sur la qualité et l'équité. Si le RMS constate une baisse de 83 % du nombre d'élèves par enseignant de primaire dans les 146 pays, les salles de classe restent encore beaucoup trop surchargées. De plus, dans nombre de pays, les enseignants n'ont pas les qualifications requises : dans un tiers des pays ayant fourni des informations, plus d'un instituteur de primaire sur quatre n'est pas formé selon les normes nationales en vigueur. Le monde ne peut pas espérer atteindre l'éducation de qualité et garantir l'apprentissage des enfants sans des enseignants formés, qualifiés, motivés et suffisamment nombreux. La CME partage les inquiétudes de l’équipe indépendante du RMS de l’Unesco à propos du développement de l'enseignement privé depuis une quinzaine d'années avec, comme le souligne le rapport, un réel impact négatif sur l'équité.
Le mouvement de la CME a rappelé en permanence l'importance d'un financement adéquat pour l'agenda de l'éducation ; pourtant, la plupart des gouvernements n'ont pas accordé une priorité suffisante aux investissements pour l'éducation depuis 15 ans. Le rapport indique qu'en proportion des dépenses gouvernementales, les dépenses pour l'éducation n'ont que peu évolué depuis 1999. Les donateurs aussi ont largement échoué à tenir leurs promesses d'amélioration de l'efficacité de l'aide, en dépit de l'engagement du Cadre d'action de Dakar sur l'EPT déclarant qu' « aucun gouvernement présentant un plan crédible pour atteindre les objectifs de l’EPT ne saurait échouer faute de ressources financières ». En regard de cette faible priorité donnée à l'investissement dans l’éducation, la CME n'est pas étonnée de constater qu'aucun des objectifs que s'était fixés la communauté internationale pendant les 15 dernières années n'a été atteint.
La CME se réjouit de la reconnaissance par le RMS du rôle de la société civile depuis quinze ans. Alors que les attaques contre les défenseurs de l'éducation deviennent de plus en plus fréquentes, il est particulièrement important de rappeler le rôle central de la société civile et de la participation citoyenne aux projets éducationnels. La participation des citoyens ne doit pas se limiter à une simple présence passive ; de véritables partenariats doivent être mis en place pour les prises de décisions, avec des mécanismes clairs permettant de modifier les politiques et les plans gouvernementaux en fonction des réactions des citoyens. Le cadre de l'éducation pour l'après-2015 sera véritablement testé lors de sa mise en œuvre, et la présence de mécanismes clairs permettant à la société civile d'apporter ses commentaires et de garantir la responsabilisation sera cruciale pour la solidité et l'efficacité de celui-ci, au service des Droits de enfants et du droit à l’éducation.
Consultez le site dédié au Rapport avec des infographies, le rapport et sa synthèse à télécharger et une mine d'informations sur l'Education pour tous.