Nouveau rapport. Financement de la solidarité internationale pour l'éducation : La France peine à être à la hauteur de ses ambitions

A l’occasion de la journée internationale de l’éducation, la Coalition Education sort un nouveau rapport qui alerte sur les difficultés de la France à tenir ses engagements en matière de financement de l’éducation dans le budget de solidarité internationale. 

 

 

Selon les dernières données disponibles |1], l’éducation de base ne représente que 2,2% du budget bilatéral global de solidarité internationale et l'éducation représente à peine 5,6 % de l’aide humanitaire de la France, alors qu’il s’agit d’une priorité politique clairement affichée. Des engagements forts ont été pris dans la Loi du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, mais également par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement

Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants au regard du contexte politique actuel et de la menace d’une coupe drastique de plus de 2 milliards d’euros dans les budgets de solidarité internationale,, malgré les engagements renouvelés récemment par le Conseil présidentiel du développement du 5 mai 2023.

Réduire davantage les financements alloués à l’éducation aurait des conséquences dramatiques sur les populations : 250 millions d’enfants et de jeunes à travers le monde sont encore déscolarisés et 70 % des enfants de 10 ans dans les pays à faibles et moyens revenus ne sont pas en capacité de comprendre un texte simple à l’écrit avant l'âge de 10 ans (The state of global learning, 2022). Le coût mondial de la déscolarisation et des lacunes éducatives est évalué à 10 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030, soit plus que les PIB annuels de la France et du Japon réunis. (Unesco, 2024). 

A l’inverse, la scolarisation de tous les enfants, y compris des plus marginalisés, permettrait d'augmenter le PIB mondial futur de plus de 6 500 milliards de dollars par an, tout en éliminant les coûts sociaux liés à l'échec de la réalisation de l'ODD 4 (Unesco, 2024). Par exemple, éduquer des filles a permis d’éviter plus de 30 millions de décès d'enfants de moins de 5 ans et 100 millions de décès d’adultes de 15 à 60 ans (The Learning Generation, The Education Commision). 

L’éducation est un droit humain, un bien public mondial, et le socle de tout développement pour la paix et la démocratie, l’insertion socio-économique, la lutte contre les effets du changement climatique, le développement économique et social, la résilience, l’égalité de genre, ou encore le développement de la citoyenneté. Les lieux d’apprentissage garantissent l’accès universel à l’alimentation, l’eau, l'assainissement, la santé et la protection sociale. L'éducation sauve des vies.  

Alors que les financements alloués à l’éducation sont fortement menacés, des ressources suffisantes, flexibles, multi-annuelles et adaptées aux besoins prioritaires sont indispensables pour atteindre l’Objectif 4 de développement durableAssurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie”. Ce financement est  la condition de réalisation de l’ensemble des Objectifs de développement durable, d’ici à 5 ans.

 

|1]  Issues du Comité d'aide au développement (CAD) qui est un forum international relevant de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du Financial Tracking Services de OCHA.