A la veille du Forum Génération Egalité - co-présidé par la France et le Mexique - qui prévoit de consolider les engagements de la France en matière d'éducation, et alors que l’UNESCO annonce le risque d’une hausse d’un tiers du déficit de financement de l’éducation liés à l’impact de la COVID-19, la Coalition Education publie son rapport “Aide française à l’éducation : une hausse encore insuffisante”.
Lors du récent Sommet du G7 au Royaume-Uni, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé un renouvellement de la contribution de la France au Partenariat mondial pour l’éducation (PME) de 333 millions d’euros pour les cinq années à venir (2021- 2025). Cette annonce correspond à un maintien de la contribution annuelle au fonds, sans aucune prise en compte des besoins aggravés par la pandémie de COVID-19. Pourtant, celle-ci a creusé la crise mondiale de l’éducation : rien qu’en 2021, ce sont 70 millions d’enfants - soit plus de la moitié des enfants de dix ans dans le monde - qui risquent de ne pas savoir lire et écrire, compromettant déjà leurs perspectives d’avenir. Ces réalités doivent être prises en compte dans la stratégie française, pour laquelle le statut quo ne suffira pas.
Nous appelons la France à contribuer à hauteur de 500 millions d’euros au PME sur cinq ans. La France doit affirmer son leadership sur les enjeux de l’éducation, et s’aligner sur la Commission européenne et le Royaume-Uni qui ont fortement augmenté leur contribution au fonds.
Le Sommet mondial sur l'éducation se tiendra à Londres les 28 et 29 juillet 2021 afin de lever au moins 5 milliards de dollars. Sans un financement à la hauteur des besoins, le Partenariat mondial pour l’éducation ne sera pas en mesure de mener à bien la mission qu’il s’est fixé, soit scolariser 88 millions d’enfants, dont 46 millions de filles. Les Etats doivent renforcer leur contribution au fonds comme aux autres instruments financiers afin de répondre aux enjeux éducatifs, qui ont rarement été aussi élevés !
Le rapport révèle que l’aide française à l’éducation atteint en 2019 près de 14% de l'aide totale au développement. Une légère hausse est constatée depuis 2018, notamment des subventions mobilisées par l’Agence Française de Développement.
Toutefois, 80% de cette aide représente des montants contestables selon la Coalition Education : bourses et frais d’écolages pour l’accueil des étudiants étrangers en France pour la plupart issus de pays non prioritaires de l'aide, subventions aux établissements scolaires français à l’étranger et coûts du système éducatif à Wallis-et-Futuna.
Une grande partie de ces montants, dont nous ne contestons pas l’utilité par ailleurs, ne bénéficient ni aux besoins éducatifs les plus importants, ni aux objectifs de l’aide au développement.
L'analyse souligne l’augmentation conséquente de l’aide à l'éducation de base, y compris vers les pays d’Afrique subsaharienne depuis 2018, qui reflète bien les engagements politiques de la France.
Cependant, malgré cette avancée, l’éducation de base ne représente toujours que 17,5% de l’aide bilatérale à l’éducation - contre 50% recommandés par la société civile - soit 2,4% de l’aide bilatérale totale de la France. L’Afrique subsaharienne reçoit 38% de cette aide, les pays prioritaires pour la France 28% et la région du Sahel 11%.
Ces efforts doivent être amplifiés pour assurer une cohérence entre engagements et pratiques et surtout pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux des populations, notamment en Afrique subsaharienne qui concentre à elle seule 50% des enfants non-scolarisés au primaire et au premier niveau du secondaire.
La France, acteur incontournable de l’aide au développement, a un rôle clé à jouer pour renverser les tendances actuelles et placer l’éducation au cœur des efforts de solidarité. Les efforts financiers internationaux se veulent être complémentaires et en appui à la mobilisation des ressources domestiques, qui demeure l’élément clé de la transformation vers des systèmes éducatifs de qualité et inclusifs.