Depuis deux semaines, les manifestations d’étudiant-e-s se succèdent en Afrique du Sud pour protester contre la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement pour 2016. En cause : la baisse significative des financements publics pour l’enseignement supérieur dans le pays.
La vague de rassemblements s’est déclenchée à Johannesburg suite à la proposition de l’université publique du Witwatersrand d’augmenter de 10.5% les frais d’inscription. Les étudiant-e-s ont envahi les rues et bloqué les campus des grandes villes du pays pour revendiquer leur droit d’étudier sans avoir à payer plus. En réponse aux manifestations, le ministre de l’enseignement supérieur a annoncé un gel de la hausse des frais universitaires, et pourtant le mouvement estudiantin s’amplifie. Plusieurs universités sont fermées depuis près d’une semaine. Certains étudiant-e-s demandent la gratuité de l’enseignement supérieur mais soulèvent également le problème structurel de l’indépendance des universités et du racisme.
Les discussions entre les organisations étudiantes et le gouvernement sud-africain se poursuivent pour essayer de trouver une solution.
Pour le gouvernement, cette augmentation vise à « pouvoir offrir une meilleure qualité d’enseignement » aux inscrits. Les établissements universitaires sud-africains manquent de moyens pour accueillir les étudiant-e-s et leur offrir une formation de qualité à laquelle ils peuvent prétendre. Or, le message du gouvernement est clair : le budget de l’université n’augmentera pas.
La situation révèle le malaise de l’enseignement supérieur en Afrique du Sud. Pour faire face au manque de fonds publics, les universités augmentent leurs frais de scolarité. A l’université du Witwatersrand, les étudiant-e-s doivent payer un droit d’inscription allant de 1 950 à 3 800 euros par an. Une dépense qui n’est pas à la portée de milliers de jeunes et les prive ainsi du droit à l’éducation. Cette augmentation revêt également, selon les manifestants, un caractère discriminatoire car elle empêche majoritairement les jeunes noirs, qui sont souvent les plus défavorisés, d’accéder à l’université.
L’équité dans l’accès au système éducatif, de l’éducation de base à l’enseignement supérieur est un enjeu crucial de la réalisation du droit à l’éducation pour tous. La situation en Afrique du sud est révélatrice du désengagement de nombreux Etats de leurs responsabilités vis-à-vis de la jeunesse de leur pays, en particulier celle de garantir pour chacun l’accès à une éducation publique de qualité
Hélène Ferrer, coordinatrice de la Coalition Éducation.
L’enseignement supérieur sud-africain souffre d’un manque de financement sévère qui affecte la qualité de l’éducation et engendre des inégalités réelles. « Les acteurs étatiques doivent se concerter et agir tant au niveau national qu’au niveau international pour pallier à ce manque de ressources » ajoute Hélène Ferrer.
L’UNESCO doit adopter dans les prochains jours le Cadre d’action Education 2030 découlant de la concertation internationale pour définir l’agenda pour le développement durable post-2015. Ce cadre, intitulé « Assurer une éducation équitable, inclusive et de qualité et un apprentissage tout au long de la vie », appelle à accroître le financement public de l’éducation sur le plan domestique comme international.
En Afrique du Sud comme dans d’autres pays, il est urgent de prendre des mesures concrètes allant dans ce sens.