L’éducation a gagné de l’importance dans les conclusions rendues par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID), qui s’est réuni autour du premier ministre Manuel Valls le 30 novembre afin de fixer pour les années à venir les orientations de la politique de solidarité internationale de la France.
La Coalition Education souligne que cette avancée arrive bien tard dans le quinquennat de François Hollande, durant lequel les engagements concrets pour l’éducation, au-delà des discours, ont été faibles. Elle approuve toutefois le processus de concertation avec la société civile engagé en amont de la réunion, auquel elle a participé, et qui a permis d’intégrer des éléments défendus par les associations et acteurs de la solidarité internationale.
L’éducation figure en première place des secteurs clefs dans lesquels la France entend renforcer son effort, en adéquation avec l’agenda international pour le développement durable. La Coalition se félicite ainsi que « le gouvernement souligne le caractère essentiel et prioritaire du secteur de l'éducation pour le développement », et que « La France s'attache à accroître significativement et durablement le financement international du secteur et en particulier de l'éducation de base ».
Nous regrettons d'une part qu’aucun engagement chiffré n’ait été pris, ce qui aurait été un véritable gage de soutien réel et pérenne au financement de l'éducation. D'autre part,la mention du soutien au Partenariat mondial pour l’éducation, souhaitée par la Coalition Education, n’a pas été retenue : là aussi, c'est une déception, l'absence d'un signe positif dont l'éducation a besoin. Toutefois, concernant les prochains budgets, la France exprime sa volonté d'une augmentation significative du financement de l’éducation au niveau mondial, et affirme prendre sa part de l’effort global lorsqu'elle « décide d’augmenter progressivement sa contribution à ce secteur en faveur des pays prioritaires de la politique de développement (…) ».
Michelle Olivier, Secteur international du SNUipp-FSU (membre de la Coalition Education)
La priorité accordée à l’éducation de base, clairement énoncée, constitue un vrai progrès par rapport aux engagements du CICID précédent (2013), qui doit permettre dès 2017 et dans les prochaines années de rééquilibrer la répartition de l’aide française à l’éducation en faveur de l’éducation primaire et de l’éducation secondaire, jusqu’ici sacrifiées (cf. notre Observatoire).
On peut en revanche questionner l’intégration, dans le paragraphe dédié à l’éducation, du soutien à la francophonie, une thématique transversale qui aurait gagné à être développée indépendamment. L’insistance sur le soutien aux réseaux d’écoles francophones laisse entendre que des considérations politiques s’ajouteront à l’objectif de réduction des inégalités dans l’accès à une éducation de qualité, ce qui n’a pas lieu d’être.
Enfin, l’augmentation de l’aide publique au développement qui s’amorce en 2017, et qui doit être saluée, doit permettre d’octroyer davantage de subventions aux secteurs sociaux prioritaires, en premier lieu l’éducation. Mentionner que « l'action de la France dans [le] domaine [de l’éducation] s'effectuera prioritairement à travers des outils concessionnels », c’est-à-dire à travers des prêts, n’est pas cohérent avec cet impératif.
La Coalition Education, solidaire de la réaction de Coordination Sud sur l’ensemble des conclusions du CICID, poursuivra le dialogue avec le gouvernement français pour que l’engagement pris en faveur de l’éducation de base et des pays les plus pauvres dans cette feuille de route se matérialise, et que la France tienne les engagements pris par le CICID.