Quatre jeunes ont été brutalement assassinés à Comayaguela (Honduras) les 24 et le 25 mars 2015.Ils avaient participé à des manifestations de protestation contre l'insuffisance de ressources et de matériels pédagogiques dans les établissements scolaires, et contre la proposition d'allongement des heures de classe. Cette mesure conduirait les enfants à quitter l'école à 19 h le soir, une heure dangereuse dans ce pays qui figure en tête du classement mondial du taux d'homicides.
Le 24 mars, deux garçons et une fille ont été assassinés alors qu'ils venaient de quitter leur école à Comayaguela. Le lendemain matin, le corps de Soad Nicolle Ham Bustillo, 13 ans, était retrouvé enveloppé dans un drap, avec des signes évidents de torture avant la mort. Soad avait été filmée par une chaine d'informations pendant les manifestations au début du mois, quand les protestataires cherchaient à comprendre pourquoi le président du Honduras avait envoyé la police au lieu de réparer les infrastructures scolaires.
Le Honduras est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, réputé pour son taux d'homicide le plus élevé au monde. Comayaguela est la ville jumelle de Tegucigalpa ; ensemble, elles forment la capitale du Honduras, mais Comayaguela abrite des populations moins aisées et a connu un développement moindre que Tegucigalpa. Plus de la moitié de la population hondurienne vit sous le seuil de pauvreté et sans éducation de qualité, les Honduriens ont peu de chances de pouvoir échapper à ce cycle. Près de 10 % des enfants d'âge primaire ne sont pas scolarisés, et ce chiffre atteint 23,5 % chez les enfants en âge de fréquenter un établissement secondaire de premier cycle (ISU).
Cela fait plusieurs mois que les étudiants protestent, avec notamment des manifestations à l'Université nationale autonome du Honduras. Ces manifestations ont été réprimées avec brutalité, et les rapports font état de passages à tabac par la police, de l'usage de gaz lacrymogènes et même de menaces de mort. D'autres informations émanant des organisations de défense des droits de l’homme au Honduras indiquant que deux autres jeunes ont été abattus à Comayaguela plusieurs semaines avant cette récente série d'assassinats épouvantables. La répression et la mort de ces étudiants rappellent la disparition de 43 étudiants à Iguala (Mexique) en septembre 2014, et signalent une tendance inquiétante dans la répression des protestations sociales en Amérique latine. Un Etat qui permet qu'une enfant de 13 ans soit ciblée, torturée et assassinée pour avoir exprimé une opinion politique doit être condamné sans aucune équivoque.
La Campagne mondiale pour l’éducation (CME) est totalement solidaire de son partenaire la coalition Foro Dakar Honduras, des élèves et étudiants, enseignants et citoyens du Honduras, et exige que toute la justice soit faite pour les familles des étudiants assassinés.
Autres liens :