L’éducation était affichée depuis des mois comme la priorité majeure des pays membres du G7, la France en tête, pour lutter contre les inégalités. A l’issue du sommet des chefs d’Etat du G7 qui s’est tenu à Biarritz du 24 au 26 août 2019, force est pourtant de constater que celle-ci est, au final, l’une des grandes absentes – au même titre que la santé et l’accès aux services de base essentiels- du sommet international, déplore la Coalition Education.
Mobilisée pour obtenir des Etats membres du G7 une hausse de l’aide publique à l’éducation de base, autour de l’appel #AgirPourl’Education, notamment pour les pays vulnérables et la région du Sahel, la Coalition Education note que le mot « éducation » n’est pas même cité dans le communiqué final. Un oubli majeur pour ce Droit et levier reconnu pour l’atteinte des ODD et la construction d’un monde plus juste, plus soutenable et libéré des inégalités.
La Coalition Education salue la reconnaissance, dans le plan d’action du Partenariat pour le Sahel adopté par le G7, de l’éducation de base au Sahel comme une priorité pour le développement de la sous-région. Les membres du G7 y affichent leur volonté « d’accroître leur coordination et leur soutien politique et financier à l’éducation, notamment l’éducation de base ». Elle se félicite aussi de la référence de la ministérielle éducation et développement du 5 juillet faite à la consultation des jeunes menée par la Coalition Éducation avec le soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, « qui a enrichi [leurs] discussions sur les priorités de l’éducation en Afrique subsaharienne ». Par ailleurs, la Déclaration du G7 sur l’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes mentionne le rôle moteur de l’éducation de qualité « pour l’autonomisation et l’égalité des chances des femmes et des filles », et reprend à son compte les recommandations de la Coalition éducation et du groupe de travail de la Société civile sur l’éducation de garantir à chaque enfant de bénéficier d’au moins douze ans d’éducation sûre et de qualité , particulièrement dans les situation de crise et de conflit.
Cependant nous déplorons que ces déclarations n’aient pas été assorties d’engagements financiers de l’ensemble des Etats membres du G7.Alors que le Président Macron avait appelé de ses vœux, lors de la conférence ministérielle du 5 juillet dernier, le doublement de l’aide publique au développement des pays membres du G7 en matière d’éducation de base des filles au Sahel, la France n’a pas montré la voie « des engagements concrets et utiles » pour soutenir l’une des régions du monde les plus frappées par les inégalités et annoncer une hausse de son aide humanitaire à l’éducation.
Aujourd’hui 75 millions d’enfants dans le monde sont exclus de l’éducation car ils vivent dans des zones de crise et/ou de conflits. Et seulement 4% de l’aide bilatérale de la France à l’éducation est priorisée sur le Sahel.
Seul le gouvernement britannique a pris de nouveaux engagements en ce sens. Ce dernier a en effet annoncé un nouveau soutien de 90 millions de livres sterling (ou 110 millions $ US)[1] au fonds multilatéral Education Cannot Wait- Education sans délai, à la veille de la reconstitution des fonds de ce dernier.
L’Alliance Sahel, désormais rejointe par tous les membres du G7, a minima comme observateurs, semble néanmoins pressentie à juste titre par le G7 comme un espace privilégié de coordination entre principaux bailleurs de la sous-région.
Nous saluons également l’initiative « Priorité à l’égalité » endossée le 5 juillet par les ministres de l'Éducation du G7 et du G5 Sahel visant à accompagner les pays africains qui le souhaiteraient, du Sahel en particulier, pour que leurs politiques et systèmes éducatifs intègrent l’égalité de genre de manière transversale. Nous sommes néanmoins inquiets qu’aucun engagement financier n’ait été annoncé lors du sommet, pour sa mise en œuvre. Nous espérons que la société civile sera dûment associée à cette initiative. Si l’intention est réellement d’apporter des impacts concrets sur les rapports sociaux de genre inégalitaires, il est impératif que toutes les organisations civiles locales et en particulier les associations féministes et les organisations de jeunesse, soient impliquées dans la phase de mise en œuvre.
Bien que les engagements pris lors de ce G7 en matière d’éducation soient faibles, la Coalition Education souhaite la mise en place d’un mécanisme de suivi des engagements comme Emmanuel Macron s’y est engagé lors de sa conférence de presse finale du 26/08. Nous estimons que la société civile, dans son ensemble, doit y être pleinement associée. Un point sur lequel la Coalition Education se montrera vigilante dans les mois à venir. Nous poursuivrons et renforcerons encore notre plaidoyer notamment en ce qui concerne l’éducation dans les zones de crise et de conflits pour que l’éducation de toutes et tous reste un Droit fondamental et non une promesse.
[1] La France est engagée au fonds Education sans délai pour la période 2017-19 à hauteur de seulement 2.3 millions de $ US.