Le 24 novembre 2016, les sénateurs ont présenté un avis à la Commission des affaires étrangères relatif à l’aide publique au développement (APD) de la France, dans lequel ils demandent de réaffirmer la priorité accordée à l’éducation de base (primaire et collège) dans le projet de loi de finances pour 2017. Un espoir vers la revalorisation de l’aide française à l’éducation dans les pays pauvres !
L’avis affirme que l’éducation de base doit rester prioritaire dans l’aide versée aux pays les plus pauvres.
Depuis quelques années, la part consacrée à ce secteur ralentit. Entre 2013 et 2014, l’aide totale à l’éducation, au niveau international, a diminué de près de 600 millions de dollars. L’éducation préscolaire et primaire ainsi que les programmes d’éducation et d’alphabétisation des adultes sont les premiers secteurs à pâtir de cette baisse.
En France, on assiste ainsi à un véritable effondrement de l’aide à l’éducation primaire entre 2010 et 2014, celle-ci passant de 170 millions d’euros à 36 millions d’euros (- 79 %)
Et pourtant l’éducation constitue le premier poste de dépenses de notre APD. Où vont les 1,2 milliard d’euros dépensés par la France pour l’aide à éducation ?
En 2014, 648 millions d’euros ont servi à financer « les frais d’écolage ». Il s’agit des coûts pris en charge par la France pour l’accueil et la formation sur son territoire d’étudiants issus de pays en développement et émergeants. Ces montants versés en France n’ont donc pas d’incidence directe dans les pays d’origine des étudiants. La France et l’Allemagne présentent les montants d’écolages les plus importants parmi les pays donateurs du Comité d’aide au développement de l’OCDE. En 2014, les écolages ont ainsi représenté 54% de l’aide à l’éducation totale française alors que seulement 22% a été consacré à l’éducation de base soit 3,3% de l’APD totale.
Par ailleurs, les sénateurs regrettent l’insuffisance du soutien français au Partenariat mondial pour l’éducation : « si la France a joué un rôle moteur dans sa création en 2002, ce n’est plus le cas aujourd’hui. » La France a décidé de se désengager du programme en 2014. Elle a versé les sommes dérisoires de 1 million d’euros en 2015 et 8 millions d’euros en 2016. « Rappelons à titre de comparaison que la contribution de la France au Fonds mondial Sida s’élève depuis plusieurs années à 360 millions d’euros par an. »
Cet avis répond à la pression exercée par les organisations membres de la Coalition Education, qui ont été reçues par les sénateurs Hélène Conway Mouret et Henri de Raincourt nommés pour étudier la situation de l’aide publique au développement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2017. Elles saluent cette avancée vers le renforcement de l’aide de la France à l’éducation dans les pays les plus pauvres.
Entendus par vos rapporteurs, les représentants de la Coalition Éducation [… ] suggèrent de faire de l’éducation de base une priorité, en lui allouant au moins 50 % de l’aide à l’éducation et au moins 10 % de l’APD totale française.
La Coalition Éducation recommande que la France maintienne sa contribution aux PME pour les prochaines années au moins au niveau de 2016, soit 8 millions d’euros par an minimum sur la période 2017- 2020, avec l’affectation d’une ligne budgétaire spécifique permettant d’identifier cette dépense.
Cette mobilisation de parlementaires est positive et importante. La Coalition Education reste néanmoins préoccupée par le futur de l’aide française à l’éducation. Elle demande au Ministère des affaires étrangères français de prendre en compte ces recommandations, dès 2017, et a sollicité un entretien avec le nouveau secrétaire d’Etat Jean-Marie Le Guen pour évoquer ces sujets avec lui très prochainement.