Tribune d’Alice Albright sur l'importance du soutien des bailleurs au Partenariat mondial pour l'éducation (GPE).
Le gouvernement français a récemment annoncé une généreuse augmentation de sa contribution au Partenariat mondial pour l’éducation – huit millions d’euros supplémentaires, qui viennent s’ajouter au million d’euros de sa contribution pour 2015.
Cet exemple illustre comment de nombreux États contribuent progressivement à l'élan créé autour des actions du GPE. Quel est le moteur de ce choix ?
Ces pays reconnaissent tout d’abord que nous vivons une période critique de l’histoire permettant de s’appuyer sur les progrès accomplis par le secteur éducatif au cours de ces quinze dernières années. En effet, en 2000, il y avait 374 millions d’enfants et de jeunes non scolarisés dans le monde, et ce nombre a chuté pour atteindre 263 millions en 2014. Ceci a pu se produire uniquement parce que de nombreux pays en développement et bailleurs internationaux - souvent via le GPE – ont redoublé leur engagement en faveur de l’éducation.
Aujourd’hui, un nombre sans précédent de pays en développement est bien mieux équipé qu'en 2000 pour offrir aux enfants l'éducation dont ils ont besoin et qu'ils méritent. Ces pays savent à présent ce qui fonctionne. Ils sont dotés de réserves bien plus larges d’enseignants qualifiés et d’administrateurs capables d’assurer l’apprentissage des enfants.
Ils ont mis en place, ou sont en train de le faire, les infrastructures matérielles, analytiques et opérationnelles propices à des systèmes éducatifs plus productifs. Ils ont, surtout, l’enthousiasme et la volonté politique d’investir une plus grande part de leur budget national dans l’éducation. Maintenant plus que jamais, ces pays en développement ont besoin de l’aide des partenaires extérieurs pour veiller à ne pas gâcher ces progrès.
Les bailleurs se rassemblent autour du GPE, car ils comprennent que le partenariat amplifie leur investissement dans l’éducation partout dans le monde. Lors de la campagne de reconstitution des ressources que nous organisons plus tard cette année, nous espérons que nos partenaires donateurs seront présents, notamment le nouveau gouvernement français. Lorsque le GPE mobilise les millions d’euros de la France et les fonds récoltés auprès d’autres bailleurs, cet argent a bien plus de pouvoir qu’il n’en aurait eu par lui-même.
Le GPE optimise en effet les financements des bailleur individuels en les unissant aux contributions d'autres bailleurs. Cela entraîne ainsi l'émergence globalisée d’un bien plus grand nombre de nouveaux enseignants sur l'ensemble d'un territoire national que lors de la mise en œuvre d’un projet individuel. Grâce au nouveau cadre de mobilisation et d’allocation de financements du GPE, le financement du partenariat sera encore plus à même de mobiliser des millions supplémentaires auprès de sources extérieures, notamment les banques de développement multilatérales et le secteur privé.
Plutôt que de financer des projets individuels dans un pays, le GPE œuvre auprès du gouvernement et des partenaires de développement pour développer des plans sectoriels de l’éducation pluriannuels sur la base de l’analyse des données de l’éducation, afin de garantir que les enfants les plus défavorisés des zones les plus isolées puissent aller à l’école et apprendre. Les financements du GPE contribuent ainsi à la mise en œuvre de ces plans de l’éducation en veillant à une efficacité et responsabilité maximum en matière d’utilisation des fonds.
Les bailleurs savent également que le GPE occupe une place unique pour aider patiemment les pays à faible revenu dans la difficile tâche qui consiste à bâtir de solides systèmes éducatifs. Si les établissements scolaires individuels affichant une belle performance sont essentiels, seuls des systèmes solides permettent de garantir à TOUS les enfants un accès à une éducation de qualité, en particulier aux plus défavorisés et aux plus isolés.
Le GPE oriente les investissements des bailleurs de façon à lever les plus grands obstacles à l'éducation des enfants, en particulier à celle des filles. Il s’agit notamment : de la fragilité et des conflits, une des principales raisons de la non scolarisation des enfants ; du manque de programmes de soins et d'éducation des jeunes enfants pour préparer ces derniers à réussir à l’école et dans leur vie future ; du manque de matériels pédagogiques et d'apprentissage de qualité et appropriés ; du manque d’infrastructures sensibles au genre, de l'extrême pauvreté, du handicap et de la discrimination en fonction du groupe ethnique ou de la religion.
Enfin, des pays comme la France proposent leurs financements via le GPE parce qu’ils savent que grâce à l'éducation, la population du monde connaîtra une meilleure santé et une prospérité économique, et le monde lui-même pourra être durable, stable et en paix. En bref, il est entendu que l’éducation est l’ingrédient essentiel de tout progrès humain.
Le succès des 17 Objectifs de développement durable dépend invariablement de l’éducation. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’Éducation 2016 de l’UNESCO, « l’éducation est reconnue depuis longtemps comme un facteur essentiel des réponses aux problèmes d’écologie, de durabilité et d’assurance du bien-être humain[1]. »
Nous avons encore beaucoup à faire pour parvenir à l'éducation pour tous, et le GPE est bien placé pour catalyser les ressources qui permettront de remplir cet objectif. Mais nous ne pouvons y parvenir sans le soutien de pays tels que la France. Nous apprécions ainsi la récente marque de générosité du peuple et du gouvernement français et nous espérons que la France continuera d'être un leader et un partenaire solide en matière d’éducation, sur le plan stratégique comme financier, lors de la prochaine campagne de reconstitution des ressources du GPE et pour les années à venir.
[1] 2016 GEM Report, p. 9