Eduquer, ne serait-ce pas avant tout rétablir la concordance entre le destin de la planète et celui des humains ?
En ce premier jour de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), qui se tient à Paris dans un contexte de tension internationale exceptionnel, suite aux attentats qui ont frappé la France, le Mali et la Tunisie ces dernières semaines, cette interrogation posée par le penseur Pierre Rabhi nous interpelle.
Les 196 pays /Etats en présence doivent finaliser un projet d’accord visant à limiter les changements climatiques et en particulier le réchauffement des températures sur la planète, sur lequel les négociateurs internationaux travaillent depuis des mois.
Ce texte entrera en vigueur dès 2020, mais c’est bien l’avenir des générations futures qu’il conditionnera. Nous, citoyens, sommes en droit de nous demander quel crédit accorder aux engagements qui seront pris si l’accent n’est pas mis sur le rôle essentiel de l’éducation pour que chacun-e parmi ces générations puisse comprendre, se préparer, s’informer, critiquer, vivre avec les changements climatiques et environnementaux.
Il y a un an, lors de la COP20 à Lima, les gouvernements adoptaient une déclaration ministérielle sur l'éducation et la sensibilisation rappelant le rôle essentiel de l’éducation et de la participation des populations pour mener une stratégie « climat » efficace. Nous partageons cette approche, à laquelle il est crucial d’associer que l’accès de chacun aux savoirs et aux compétences permettant d’appréhender les enjeux climatiques, de mieux vivre dans son environnement et de participer à la société est un droit fondamental.
A proximité du centre de conférence où se réunissent ces jours-ci les chefs d’Etat, le site « Générations climat » illustre par son nom ce qui se joue aujourd’hui sous nos yeux. La société civile a une longueur d’avance en matière d’éducation au développement durable, de mobilisation des acteurs éducatifs, de réflexion et de mise en œuvre de programmes de développement associant éducation et préparation ou adaptation aux changements climatiques. Il appartient aujourd’hui aux responsables politiques de replacer l’éducation au cœur de l’agenda pour le climat.
L’intégration dans le programme de la COP21 d’une journée thématique consacrée à l’éducation, le 4 décembre, est une première dans l’histoire des conférences mondiales sur le climat. C’est un premier pas significatif, auquel le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche français a activement contribué, ce dont nous nous réjouissons. Nous souhaitons y voir le signal d’une prise de conscience de nos dirigeants et de la communauté internationale qu’il n’y aura pas de transition écologique ni de développement durable sans accès pour toutes et tous à une éducation de qualité tout au long de la vie. Les prochains jours seront cruciaux pour confirmer ce signal et pour que des engagements concrets soient pris.