Dans notre nouveau rapport Aide française à l’éducation : des avancées en demi-teinte, nous constatons que l’aide à l’éducation, telle qu’actuellement répartie, n’est pas à la hauteur des ambitions affichées de la France ni de l’importance que nos dirigeants disent accorder dans leurs déclarations à ce secteur public essentiel, tant sur le plan national qu’international.
Nous saluons les engagements significatifs de la France en faveur de l’éducation dans les pays en développement depuis 2018, y compris sa contribution de 200 millions d’euros au Partenariat mondial pour l’éducation. Toutefois, nous insistons sur l’importance du déséquilibre qui perdure au sein de l’aide à l’éducation et nécessite des efforts renouvelés, d’autant plus importants au regard de la crise actuelle qui ébranle fortement les systèmes éducatifs.
L’aide à l’éducation reste insuffisante et est gonflée par la comptabilisation de dépenses contestables qui représentaient 84 % de l’APD éducation en 2018. Par ailleurs, la France a consacré seulement 29 % de son aide à l’éducation aux pays d’Afrique subsaharienne et 5 % aux pays du Sahel qui traversent une crise éducative alarmante. L’appui aux systèmes d’éducation de base ne représente que 16 % de l’aide bilatérale à l’éducation dans les pays d’Afrique subsaharienne et 34 % dans les pays du Sahel.
Avec une contribution française de 2,3 millions de dollars à Education Cannot Wait (fonds multilatéral dédié à l’éducation dans les contextes de crise) depuis 2016, l’engagement de la France n’est pas à la hauteur des enjeux de l’éducation dans les situations d’urgence et de post-urgence humanitaires. Le rôle de l’éducation est fondamental pour répondre aux crises mais aussi pour préparer l’avenir.
La crise rappelle l’importance de soutenir des services publics forts et les liens continus entre l’éducation et la santé, l’hygiène, l’alimentation, l’eau, l’assainissement, la prévention, la protection sociale et de l’enfance, les droits en matière de santé sexuelle et reproductive.
Afin que l’aide française à l’éducation réponde aux besoins éducatifs fondamentaux et urgents, la France doit allouer davantage de ressources aux systèmes éducatifs fragiles, y compris dans les contextes humanitaire. Ceci, afin de renforcer leur capacité d’anticipation des crises et de résilience et d’éviter les ruptures d’apprentissage pour les populations les plus vulnérables.
La France doit mettre la priorité sur l’éducation dans les pays d’Afrique subsaharienne et les contextes de crise, y compris à travers une contribution de 40 millions d’euros au fonds Education Cannot Wait qui vise à mobiliser 1,8 milliard de dollars d’ici à 2021 pour atteindre 9 millions d’enfants et de jeunes dans les pays touchés par les crises.
Plus que jamais, le manque d’investissement actuel met en péril des générations entières. Afin de limiter les effets désastreux du Covid-19, la France doit renforcer son aide à l’éducation vers les systèmes éducatifs en Afrique subsaharienne, prioritairement pour l’éducation de base et dans les contextes de crise et de fragilité où les investissements restent bien en deçà des besoins des populations