A la veille de sa rencontre officielle avec Brigitte Macron, la Coalition Education, regroupant 16 organisations - associations et syndicats - fait le point sur le soutien de la France à l’éducation dans le monde. La Coalition lance un Observatoire qui alerte sur la faiblesse de l’aide française à l’éducation dans les pays en développement. Alors que 264 millions d’enfants et de jeunes ne sont pas scolarisés dans le monde, le Président et le gouvernement ont annoncé à plusieurs reprises vouloir faire de l’éducation une priorité. La Coalition Education appelle donc la France à rattraper son retard et à faire de 2018 l’année de l’éducation pour toutes et tous.
Des chiffres alarmants
Aujourd’hui, la France figure parmi les mauvais élèves du classement des pays donateurs avec une aide à l’éducation en baisse, et dont les principaux bénéficiaires ne sont pas les pays où les besoins sont les plus urgents. Le nouvel Observatoire de l’aide française à l’éducation dans les pays en développement montre que l’éducation de base, qui inclut l’éducation primaire et secondaire, ne représente que 2,5% de l'aide publique française au développement totale. Cette part est bien trop insuffisante compte tenu de l’importance de cet enseignement. Par ailleurs, seul 18,5% de l’aide bilatérale à l’éducation de la France en 2015 a bénéficié aux 17 pays définis comme prioritaires de l’aide Française, dont 16 se situent en Afrique subsaharienne. Or dans cette région, un quart des enfants en âge d’aller à l’école primaire ne sont pas scolarisés.
« Les engagements passés de la France sur l’éducation étaient bien insuffisants par rapport à l’impact qu’ils pourraient avoir. En effet, si tou.te.s les étudiant.e.s de pays à faibles revenus sortaient du système scolaire en ayant acquis des compétences de lecture de base, 171 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté soit une réduction de 12% de la pauvreté mondiale. Aujourd’hui plus que jamais, l’éducation est la clé pour libérer le potentiel de croissance économique d’un pays et réduire la pauvreté dans le monde, mais aussi le moyen le plus efficace pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes, le changement climatique et les conflits » déclare la Coalition Education.
2018, année de l’éducation pour la France
Au niveau multilatéral, les chiffres ne sont pas plus rassurants : en 2016, la France n’a alloué que 8,4 millions de dollars au Partenariat mondial pour l’éducation (PME), le seul fonds multilatéral intégralement dédié à l’appui aux politiques d’éducation dans les pays en développement. La contribution de la France au PME est donc pour l’instant bien en deçà des efforts consentis par d’autres pays, comme les 136,8 millions de dollars versés par le Royaume-Uni ou les 58,1 millions de la Norvège pour la même année.
Toutefois, le Président de la République a récemment affirmé sa volonté de faire de l’éducation dans le monde une priorité de la politique de développement de la France, notamment de par sa décision de co-présider, avec le Sénégal, la conférence de reconstitution de financement du PME le 2 février 2018 à Dakar.
Les organisations membres de la Coalition Education souhaitent que l’accès à une éducation inclusive de qualité dans le monde soit une priorité politique mais aussi financière de la France. Elles attendent désormais que la France donne un premier signal significatif de son engagement en augmentant son aide à l’éducation de base et notamment en annonçant une contribution de 258 millions d’euros (300 millions de dollar) au Partenariat mondial pour l’éducation entre 2018 et 2020. Elle pourra jouer ainsi un rôle prépondérant dans la résolution de la crise du financement de l’éducation que connaît le monde aujourd’hui.
Coalition Education