Le gouvernement français a publié sa nouvelle Stratégie pour l’Education, la Formation professionnelle et l’Insertion (EFI) dans les pays en développement pour 2017-2021. Une belle avancée, qui doit être confortée par la mise en place d’engagements financiers significatifs.
Cette stratégie est l’aboutissement d’un long processus de préparation ayant inclus des temps de consultation des acteurs concernés et notamment de la société civile. Elle énonce les objectifs et les différents modes d’intervention de l'action extérieure de la France pour l’éducation, la formation et l’insertion. La Coalition Education, aux côté des autres parties prenantes, a apporté ses contributions dans le cadre d’échanges réguliers.
Malgré le manque de précisions sur le plan des engagements financiers, la stratégie EFI pour 2017-2021 est ambitieuse et reflète une approche fondée sur la reconnaissance de l’éducation comme un droit fondamental et l’une des clefs pour le développement durable. Nous nous réjouissons en outre de la prise en compte de certaines de nos recommandations.
Hélène Ferrer, coordinatrice de la Coalition Education.
La France s’engage à étendre l’accès universel à un cycle complet d’éducation de base, essentiel pour permettre à tous les enfants de maîtriser les compétences fondamentales.
Depuis des années, l’éducation de base occupe une place insuffisante dans la politique extérieure française, et en constante diminution. Nous saluons la volonté affichée par le gouvernement de mettre la priorité sur les cycles primaire et secondaire de l’éducation et d’augmenter les fonds qui y seront alloués. Nous espérons que ces intentions seront suivies d’une réévaluation significative des montants que la France y consacre. Nous devons continuer à encourager ce changement indispensable et urgent.
Hélène Ferrer, coordinatrice de la Coalition Education.
Pour cela, la France prévoit d’appuyer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques d’éducation et d’« augmenter progressivement » sa contribution au Partenariat mondial pour l’éducation (PME) d’ici 2020. Le Partenariat amplifie les investissements dans l’éducation de base partout dans le monde (notamment dans les pays récipiendaires) en unissant les financements des pays donateurs aux contributions d'autres bailleurs. En tant que cinquième puissance économique mondiale, la France doit prendre une part significative dans le PME et renouer avec le rôle moteur qu’elle a joué dans les premières années de fonctionnement du fonds (créé en 2002).
Le fonds Education cannot wait (ECW), visant à accroître le soutien à l’éducation dans les situations d’urgence et de crise, recevra 2 millions d’euros en 2017 de la part de la France.Cette contribution, annoncée à de multiples reprises par le Président de la république et le gouvernement, est un début, toutefois très insuffisante au regard des besoins (ECW vise à lever 3,85 milliards de dollars avant 2020).
Au-delà du financement, la stratégie met toutefois l’accent sur l’accès à l’éducation des filles et des jeunes femmes, ainsi que sur les situations de fragilité, de vulnérabilité, de crise et/ ou d’urgence. La France entend ainsi contribuer à mettre fin aux inégalités et aux discriminations dans l’accès à l’éducation primaire et jusqu’à l’éducation secondaire. Des engagements qu’il convient de saluer et dont la Coalition Education sera attentive à la mise en œuvre.
Selon la stratégie, la France s’engage à « renforcer le rôle régulateur de l’Etat et sa capacité à piloter le système en termes d’équité dans l’accès et de qualité notamment pour l’encadrement du secteur privé et prévenir les risques de marchandisation de l’éducation.»
Nous félicitons la volonté de la France de lutter contre l’intrusion des acteurs privés à but lucratif dans l’éducation. Ce phénomène grandissant, dans lequel la recherche de rentabilité financière se fait au détriment de la qualité et de l’accessibilité de l’éducation, touche toutes les régions du monde, en particulier les pays pauvres où l’accès universel à l’éducation est encore un défi. Nous resterons vigilants, notamment dans le cadre de notre mobilisation au sein du Réseau francophone contre la marchandisation de l’éducation , quant aux actions menées par la France pour encourager le développement des systèmes éducatifs publics et contrecarrer les désastres de la marchandisation de l’éducation
Hélène Ferrer, coordinatrice de la Coalition Education
La formation professionnelle est un autre axe prioritaire de la stratégie de la France. Celle-ci souhaite « accompagner le développement des compétences et des parcours de formation pour soutenir l’insertion, le développement et une croissance forte, durable et inclusive ». Ces actions prévoient notamment de soutenir les politiques publiques des pays partenaires, de renforcer les capacités d’enseignement, de recherche et d’innovation, et l’employabilité des diplômés du supérieur et de développer les dispositifs d’insertion les mieux adaptés. La cadre d’action entend également appuyer la participation des jeunes dans la définition, l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques et stratégies concernant la formation professionnelle. Ce dernier point est un élément clef, et l’action concertée doit également inclure l’ensemble des acteurs de la société civile concernés.
La stratégie EFI 2017-2021 insuffle un élan positif pour renforcer la politique extérieure de la France en matière d’éducation. Publiée à la veille d’un nouveau quinquennat, sa mise en œuvre reposera sur la détermination du gouvernement, et des opérateurs de l’aide publique tels que l’Agence française de développement, à traduire les orientations stratégiques et les discours en actes et en engagements financiers.