La Journée mondiale de l’aide humanitaire est l’occasion de sensibiliser à l’importance des actions humanitaires pour l’éducation des enfants et adolescents qui vivent dans des situations de crise et de rendre hommage à tous ceux qui soutiennent cet effort. Le travail des humanitaires a permis le retour à l’école de millions d’enfants depuis la première Journée mondiale de l’aide humanitaire en 2009. Les efforts au niveau international doivent pourtant redoubler pour protéger l’éducation des populations dans le besoin.
Les années 2014 et 2015 ont été marquées par d’importantes crises liées aux conflits, aux catastrophes naturelles, aux épidémies - en République centrafricaine, en Syrie, en Irak, en République Démocratique du Congo (RDC), au Soudan du Sud, en Libye, au Yémen, au Myanmar et ailleurs - privant des millions d’enfants d’accès à l’école.
Selon un nouveau document du Rapport mondial de suivi sur l'Éducation pour tous (GMR) de l’UNESCO, 34 millions d’enfants et d’adolescents ne sont pas scolarisés dans les pays touchés par un conflit. En Syrie, 5000 écoles ont été détruites et trois millions d’enfants sont privés d’écoles, révèle le dernier rapport de la section Aide humanitaire et protection civile de la Commission européenne. En Jordanie, plus de 2,7 millions d’enfants réfugiés syriens sont déscolarisés, indique le rapport publié à Amman. Au Liberia, en République de Guinée et en Sierra Leone, les écoles accueillant cinq millions d’enfants restent fermées ou ne rouvrent que lentement, lié à l’épidémie d’Ebola.
« Dans les périodes de crise, les écoles sont des lieux de soutien psychologique et d’enseignement où les enfants peuvent retrouver l’espoir d’un avenir et apprendre la tolérance. Les jeunes déscolarisés sont encore plus exposés aux dangers, et trop souvent condamnés à travailler, mendier, être enrôlés dans des gangs ou recrutés par des extrémistes, victimes du trafic d’êtres humains ou vendus en mariage. » explique Roland Biache, Délégué général de Solidarité Laïque, membre du Réseau français de la CME.
L’éducation contribue à prévenir les conflits ! Selon l’UNESCO, « lorsque le pourcentage de jeunes atteignant un niveau d’instruction secondaire [est] multiplié par deux, de 30 à 60 %, le risque de conflit [diminue] de moitié ». Si une aide humanitaire permettant d’assurer l’éducation en cas d’urgence n’intervient pas, l’espoir laisse place à une misère durable !
Bien que des efforts humanitaires ont été déployés ces dernières années pour l’éducation, le chemin à parcourir pour répondre aux besoins éducatifs dans les pays touchés par une crise reste long.
En 2014, moins de 2% des fonds humanitaires a été consacré à l’éducation à l’échelle globale. 2,3 milliards de dollars seraient nécessaires pour scolariser les enfants dans les pays en conflit – soit un montant dix fois supérieur à la part de l’aide humanitaire actuellement consacrée à l’éducation. En conséquence, peu d’enfants concernés bénéficient de l’aide dont ils ont besoin pour retrouver le chemin de l’école.
Il est aujourd’hui impératif de mettre en place un système d’urgence dédié à l’éducation afin d’assurer un financement adéquat aux agences onusiennes et ONG opérationnelles sur le terrain, dès le début d’une nouvelle crise.
Lors du sommet d’Oslo sur l’éducation pour le développement, Gordon Brown a annoncé la création d'une Commission mondiale sur le financement de l'éducation et la Commission européenne s’est engagée à consacrer 4 % du budget de l’aide humanitaire de l’UE à l’éducation dans les situations d’urgence humanitaire.
Nous espérons que ces annonces ouvriront la voie à un soutien adéquat pour l’éducation dans les pays en crise.