La Coalition Éducation a mené avec le soutien de l’Agence Française de Développement et du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères le projet « État des lieux et bonnes pratiques des OSC en matière d’éducation dans les pays partenaires ». Ce projet identifie des bonnes pratiques éducatives menées par les organisations de la société civile dans les pays partenaires et dresse un état des lieux concis autour de 8 thématiques afin de contribuer au renforcement des pratiques et des politiques éducatives sur ces enjeux.
Les pratiques qui démontrent des résultats probants et pertinents ont été analysées et synthétisées. L’accent est mis sur les pays d’Afrique notamment de l’Ouest et Centrale avec un focus sur les pays du Sahel, mais l’étude a pu être élargie à d’autres zones géographiques en fonction des bonnes pratiques.
Les thématiques sont :
Éducation en situations d’urgence
Éducation et défis environnementaux
Éducation inclusive
Éducation numérique
Éducation transversale
Facteurs de qualité de l’éducation
Formation professionnelle, insertion et égalité de genre
Petite enfance et préscolaire
Ce site est une publication indépendante de la Coalition Education soutenue par l’Agence Française de Développement et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et de l’Europe. Avec la contribution rédactionnelle de : AIROLDI Jeanne – Asmae | BATAILLE Chloé – Un Enfant par la main | BAUSSAN Lucas – ESSOR | BERROCHE Prisca – Bibliothèques Sans Frontières | BERTRAND Danielle – GREF | BIO Charlemagne – Action Éducation | BOHAN JACQUOT Sandrine – Humanité & Inclusion | BOISSEAU Sandra – Humanité & Inclusion | BOURGET Elsa – Secours Islamique France | BRUN Aida – Coalition Éducation | CLEMENT Louise – Coalition Éducation | COUPEZ Carole – Solidarité Laïque | DIALLO Moussa – ChildFund Sénégal | DJIAN Sadadou – Office pour le climat et l’éducation | DUPONT Nathalie – Asmae | FOUILLAND Marine – Un Enfant par la main | GADEAU Josette – GREF | GAUTIER Camille – IECD | HEIN Céline – UNICEF | JENN TREYER Véronique – Planète Enfants et Développement | KARAKIDA Guilherme – UNICEF | KAYGISIZ Derya – Save The Children | KOUADIO Joel – Green Ivory | LAURENT Marie – HAMAP Humanitaire | MALEK-BAKOUCHE Farah – Save The Children | MIGNOT Christelle – Solidarité Laïque | PEICH Muy-Cheng – Bibliothèques Sans Frontières | PERROT Michelle – Plan International France | PITIOT Anne Camille – IECD | PLESSIS Marine – Planète Urgence | RAKOTONDRAMAVO Hanta – ONG Défi | RAMBAUD Léa – Coalition Éducation | SZWARCBERG Méline – Save The Children | SERET Natacha – Asmae | TEHOU Berthe – Action Éducation | TRAORE Rosine – Action Éducation | TRICHA Anaïs – Vision du Monde | TRUBLIN Céline – Humanité & Inclusion | VOLAND Juliette – Plan International France
Dans le monde, 199 millions d’enfants, adolescent·e·s et jeunes ne sont pas scolarisé·e·s, soit 17% de la population mondiale.
L’égalité des chances dans l’accès à une éducation de qualité n’est toujours pas atteinte, et l’ODD 4.5 risque de ne pas être accompli d’ici à 2030. Une éducation inclusive « permet à tous les enfants de pouvoir apprendre ensemble dans la même école. C’est également éliminer tous les obstacles et discriminations qui pourraient nuire à leur participation et à leurs résultats ».
Bien que des progrès aient été accomplis, à l’échelle mondiale, le nombre de pays dont les lois prennent en compte les personnes les plus à risques d’exclusion scolaire est encore insuffisant : 79 % des pays pour les personnes en situation de handicap, 60 % pour les minorités linguistiques, 50 % pour l’égalité des genres et 49 % pour les groupes ethniques et autochtones. Les réalités sur le terrain sont d’autant plus complexes, notamment dans les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu : seuls 42 % des pays d’Afrique subsaharienne sont considérés comme poursuivant des politiques inclusives dans ce domaine. Les enjeux d’inclusion sont insuffisamment intégrés dans la planification et la budgétisation des politiques sectorielles éducatives et les publics concernés peu consultés, ce qui ne favorise pas une bonne prise en compte de leurs besoins et attentes. Qui plus est, les enseignant.e.s bénéficient rarement des formations nécessaires à la mise en place d’enseignements adaptés aux besoins spécifiques des enfants.
Trop souvent les enfants et les jeunes adultes sont discriminé.e.s, stigmatisé.e.s et exclu.e.s de l’éducation en raison de leur situation de handicap, leur sexe, leur croyance religieuse, leur statut de réfugié.e, leur origine ethnique et/ou géographique. Ces facteurs de vulnérabilités les exposent à des manques d’équipement et d’accompagnement adaptés à leurs besoins au sein des établissements scolaires, y compris concernant l’accès aux services essentiels de santé. Dans le monde, 42 % des filles ont terminé l’école primaire contre 51% des garçons. Un tiers des 58 millions d’enfants non scolarisés dans le monde sont porteurs de handicap, et plus de la moitié d’entre eux vivent en Afrique subsaharienne. Trois quart des enfants vivant dans la rue ne vont pas à l’école.
Qui plus est, les personnes subissant simultanément plusieurs formes de discrimination dans la société sont victimes d’effets combinés et cumulatifs qui accroissent les risques d’exclusion scolaire. Lorsque le genre s’entrecroise avec d’autres facteurs de vulnérabilité, comme le handicap ou l’âge, l’accès et le maintien à l’éducation peut devenir encore plus difficile, d’autant plus lorsque les filles atteignent la puberté.
Dans les faits, les politiques et programmes éducatifs prennent peu en compte la question de l’intersectionnalité pour améliorer l’inclusion scolaire des enfants les plus vulnérables.
L’accès à des services de petite enfance de qualité pour tous les enfants représente un puissant levier pour réduire les inégalités, et permettre à chaque enfant de développer son potentiel et de trouver sa place dans la société quelque soit ses spécificités.
Ainsi, la mise en place de services de petite enfance intégrés (santé, nutrition, protection, éducation) et inclusifs pose les fondements de sociétés inclusives. Ils donnent l’opportunité aux enfants issus de différents milieux (socio-économique, communautaire) quelque soit leur sexe et leurs capacités de grandir ensemble dans la diversité et ainsi de modeler leur perception de la société à travers le prisme de l’inclusion.
Asmae a mis en place une série d’outils adaptés au préscolaire et au primaire afin d’assurer une éducation inclusive dès la petite enfance :
Le développement de dispositifs d’accompagnement inclusifs permet de répondre efficacement aux besoins spécifiques des enfants les plus à risque d’exclusion scolaire.
Humanité & Inclusion a mis en place des pratiques d’accompagnement innovantes et personnalisées via notamment un dispositif d’enseignant.e.s itinérant.e.s au Mali, en Sierra Leone, au Togo et au Burkina Faso. Sont appelés enseignants itinérants, des enseignants du niveau d’enseignement primaire qui ont reçu une formation spécialisée en langue des signes ou en braille et qui appuient dans leurs apprentissages un certain nombre d’élèves ayant une déficience sensorielle sévère. Leur rôle ne se limite pas à l’école, ils apportent également un soutien au domicile de l’enfant. La présence d’un.e enseignant.e itinérant.e dans l’environnement familial a permis de susciter un plus grand intérêt des parents pour l’éducation de leur enfant.
L’accompagnement de chaque élève dépend des difficultés qu’il rencontre dans les différentes disciplines. En classe, ils favorisent un environnement scolaire inclusif et appuient les autres enseignant.e.s lors des cours.
Cette initiative est également transformatrice des rapports sociaux et notamment de genre. Lorsque les filles handicapées sont encadrées par des enseignant.e.s itinérant.e.s, la puberté n’a pas d’incidence sur leur parcours éducatif. La présence et le rôle de l’enseignant.e itinérant.e est un élément clé pour la sensibilisation des familles et un repère pour la scolarisation des filles handicapées.
Pour l’ensemble des acteurs impliqués, le dispositif est perçu comme un appui indispensable à l’apprentissage et à la participation de certains élèves handicapés, et répond bien aux enjeux de scolarisation des enfants handicapés.
Il existe plusieurs types de classes passerelles ayant pour finalité d’insérer ou de réinsérer des enfants exclus dans le système scolaire.
Le dispositif de classes passerelles ou « classes d’alphabétisation » appuyées par Asmae vise l’accès à l’éducation pour les enfants déscolarisés ou jamais scolarisés. Ces classes sont implantées au sein d’associations/ OSCs et accueillent des enfants en situation de décrochage, ou exclus du système scolaire. Ces classes permettent à l’enfant une remise à niveau pour être ensuite intégrés dans le système scolaire classique au terme de l’année.
La méthode Asama vise les adolescent.e.s, et permet, via une méthodologie adaptée, de passer les concours de fin de primaire grâce à un programme spécialisé d’une durée de 10 mois. Asmae a longtemps accompagné certains éducateurs.trices de ces classes dans le cadre de ses actions de renforcement de capacités, pour assurer un enseignement inclusif auprès des apprenant.e.s.
Plan International a également développé un dispositif de classes passerelles au Bénin visant à réinsérer dans le système éducatif primaire des enfants (filles et garçons) déscolarisés ou non scolarisés à travers une formation accélérée de 9 mois. La formation est dispensée dans un Centre d’Éducation Communautaire (CEC) par des animateurs communautaires et via l’utilisation de mallettes pédagogiques et d’activités ludiques. En parallèle de l’accès à l’école pour les enfants des CEC, Plan International agit également avec les écoles primaires publiques afin de renforcer le cadre d’apprentissage et de favoriser le maintien des enfants, filles et garçons, à l’école. La mobilisation communautaire est également un aspect crucial du dispositif de classes passerelles.
Action Éducation et le Gref ainsi que leurs partenaires locaux ont mis en place le projet PASSEDUC au Niger, qui propose des stratégies de scolarisation accélérée en 9 mois et en 2 ans. Un livret d’outils pédagogiques est également mis à disposition afin de former les animateur.rice.s sur des bonnes pratiques et des démarches pédagogiques adaptées aux classes passerelles.
En Afrique de l’Ouest, le Secours Islamique France (SIF) soutient également l’organisation de cours issus des curricula d’éducation séculaire (écriture, lecture, calcul), au sein des écoles coraniques, pour permettre aux enfants talibé d’acquérir les compétences de base et pour faciliter leur inclusion dans le système formel. Cela passe aussi par l’établissement de véritables passerelles entre ces écoles coraniques et le système éducatif formel.
En Syrie, le SIF, avec l’appui de l’UNICEF, donne l’opportunité aux enfants déscolarisés à cause de l’insécurité, déplacements ou autres contraintes, de participer au « Self-learning programme » ainsi qu’à des activités récréatives et sportives promouvant leur bien-être et leur résilience. Ce programme, d’une durée de 3 mois, permet ainsi aux enfants de niveau primaire de poursuivre leurs apprentissages (notamment en langues arabe et anglaise, en mathématiques et en sciences) au sein de centres communautaires ainsi qu’à domicile et facilite leur réinsertion dans le système éducatif formel..
Plan International Canada a conçu un Kit de formation du personnel pédagogique sensible au genre (GRPTT).
Ce Kit permet la prise en compte de l’égalité de genre dans les formations pédagogiques centrées sur l’enfant et ses besoins. Grâce à cet outil, les enseignant.e.s sont capables d’intégrer des pratiques d’enseignement promotrices de l’égalité de genre adaptées aux enfants. Ce kit propose une formation de 10 jours organisée en 4 modules portant sur :
Save the Children a développé La boîte à outils pour l’éducation inclusive (bientôt à paraître en français), une ressource et une référence pour tout le personnel travaillant dans la mise en œuvre des programmes d’éducation afin d’intégrer l’inclusion dans leur travail. La boîte à outils contient une série de recommandations et de ressources afin de renforcer les programmes d’éducation inclusive et de permettre à Save the Children d’obtenir de meilleurs résultats en matière d’éducation de base et préscolaire de haute qualité, comme le préconise le Quality Learning Framework, y compris dans les contextes d’urgence et humanitaire. La boîte à outils est basée sur une analyse complète des principales lacunes partagées par les professionnels du monde entier, un examen des normes et standards internationaux dans le domaine et des modèles de programmes innovants et adaptés en matière d’éducation inclusive déjà utilisés par Save the Children et d’autres organisations.
Cette boîte à outils fournit un cadre et des outils pratiques destinés principalement aux professionnels de l’éducation responsables de la conception, de la mise en œuvre et de la gestion des programmes comprenant une composante en éducation. Ces ressources peuvent être utilisées dans les phases de conception, d’évaluation de base et des besoins, et d’évaluations du programme, ainsi que dans le cadre des activités de renforcement des capacités. La boîte à outils est principalement destinée aux programmes d’éducation formelle, mais les outils et les ressources peuvent être adaptés aux programmes d’éducation accélérée ou non formelle. La boîte à outils est disponible en anglais, arabe, français et espagnol.
A Madagascar, Asmae a développé un répertoire de ses outils, qui consiste à capitaliser sur le contenu développé et faciliter l’utilisation des outils pertinents en fonction des besoins et des situations. Il est destiné aux professionnels de l’éducation et se décline en quatre parties: les outils pédagogiques; les outils destinés aux professionnels de l’enfance; les outils de gestion et de renforcement. On y trouve des outils d’éducation inclusive tels que :
Humanité & Inclusion a réalisé une étude sur les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et l’éducation inclusive avec l’appui d’Altai consulting et le soutien financier de l’AFD et de Norad, visant à réaliser un état des lieux et une analyse des TIC susceptibles de favoriser l’inclusion scolaire des enfants handicapés dans les pays d’intervention de HI en Afrique francophone.
Le travail a permis également de créer un répertoire qui présente les technologies existantes qui pourraient permettre à des enfants ayant différents types de difficultés d’accéder aux contenus et activités pédagogiques utilisés par les enseignants.
Une approche holistique permet d’intégrer tous les act.rice.eur.s qui gravitent autour de l’apprenant.e. afin de répondre à ses besoins spécifiques.
Dans le processus de décision des stratégies d’insertion et de réinsertion, une action collective de l’ensemble des acteurs est nécessaire (familles, communautés, écoles, associations, autorités locales et institutions). Cette approche est avant tout centrée sur les besoins de l’enfant en amont. La prise en charge holistique des besoins des apprenant.e.s se fait à travers une approche plurisectorielle et un soutien communautaire (au sens large). La co-construction d’outils adaptés au contexte local et la collaboration intersectorielle (éducation, santé, protection, etc.) encouragent une meilleure identification des enfants aux besoins spécifiques et un accompagnement global. L’approche systémique permet également d’agir au niveau des différentes sphères (famille, école, communauté etc.).
Le Quality Learning Framework (QLF) est un cadre de référence de Save The Children dans ses programmes d’éducation. Il décrit la meilleure compréhension de Save the Children de ce qui constitue une éducation de base de qualité. Le cadre décrit seize éléments répartis sur cinq fondements qui soutiennent le bien-être et l’apprentissage de tous les enfants. Ensemble, ils décrivent un environnement d’apprentissage dans lequel tous les enfants sont en sécurité et protégé.e.s, engagé.e.s par des enseignant.e.s actifs et efficaces et soutenus par leurs parents, la communauté et la direction de l’école. Ces fondements sont étayés par des politiques et des systèmes qui favorisent l’apprentissage et luttent contre l’exclusion.
Pour faciliter la prise en compte de la multiplicité des besoins de l’enfant, Asmae a mis à disposition des éducateur.rice.s un Référentiel d’observations des compétences sociales (ROCS). Cet outil permet de suivre l’évolution des apprenant.e.s dans plusieurs domaines (la santé, l’hygiène, le corps, le relationnel, la vie scolaire et sociale, la vie collective et quotidienne) avec une approche globale centrée sur l’enfant. Il mesure l’acquisition progressive des compétences sociales des enfants (indispensable à leur intégration scolaire mais aussi sociale). Il implique le suivi de tous les acteurs (santé, protection et éducation, bien être psycho-social) qui gravitent autour de l’enfant et il permet un travail d’équipe).
L’approche dite « à double entrée » (twin track) est une stratégie à deux volets qui permet aux systèmes éducatifs ordinaires (et les autres secteurs soutenant l’éducation) de devenir plus inclusifs, tout en garantissant aux enfants en difficulté la possibilité de s’épanouir en recevant un soutien supplémentaire nécessaire et spécifique à leurs besoins individuels. Les stratégies d’éducation à deux volets sont conçues pour ne laisser aucun enfant de côté, tandis que les systèmes éducatifs prennent des mesures pour devenir pleinement inclusifs.
Dans le cadre de ses nombreux projets de réadaptation physique et fonctionnelle pour les personnes handicapées, Humanité & Inclusion a développé une approche à base communautaire pour la réadaptation, qui implique des bénévoles de la communauté. Au fil des années, cette pratique concluante a permis de créer des synergies et des liens entre les ressources et les compétences de ces deux secteurs. Humanité & Inclusion utilise l’approche consolidée de la réadaptation à base communautaire et les réseaux de bénévoles pour identifier les enfants handicapés, pour les aider à accéder à l’école, à rester scolarisés et à bénéficier de services d’accompagnement, et pour modifier les comportements à l’égard des enfants handicapés.
En Palestine, des centres de ressources pour les personnes handicapées, leurs familles et leurs employeurs ont été créés par le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Les centres de ressources se mettent en lien avec les écoles et les soutiennent grâce à des équipes spécialisées généralement composées d’un kinésithérapeute, d’un travailleur social, d’un enseignant spécialisé, et d’un enseignant en vision et mobilité. Humanité & Inclusion contribue à renforcer les capacités des équipes des centres de ressources, en transmettant des connaissances et des compétences clés, notamment relatives aux systèmes de référencement, au recueil de données et au suivi, et à faire en sorte que les services soient standardisés, et de qualité.
Présente dans la plupart des projets de Plan International, une bonne pratique est de renforcer les capacités/sensibiliser les comités de gestion des écoles, des associations de pères et de mères d’élèves et des AVEC (Association Villageoises d’Épargnes et de Crédits) sur l’égalité de genre et le suivi des filles et des garçons vulnérables pour un maintien à l’école.
Le dispositif des enseignant.e.s itinérant.e.s, mené par Humanité & Inclusion, contribue également au renforcement du lien entre la famille et l’école, et à l’accompagnement des familles auprès des services sociaux afin de répondre aux besoins spécifiques des enfants.
Les campagnes de sensibilisation jouent un rôle important, notamment l’appui des médias pour la diffusion de messages de sensibilisation, le porte à porte, la mobilisation des chef.fe.s de communauté, la rencontre des familles, la rencontre entre la communauté et les enfants en situation de vulnérabilités.
Rassembler les familles ayant un enfant en grande difficulté d’apprentissage (GDA) permet de créer des groupes d’entraide. Les familles se sentent davantage concernées par les problèmes que rencontrent leurs enfants. Asmae a mené une étude sur le rôle de la communauté dans l’inclusion sociale et scolaire des enfants vulnérables, au sein des classes socio- économiques défavorisées d’Antananarivo scolaire qui a permis d’orienter les actions de sensibilisation auprès de la communauté.
Au Burkina Faso, Asmae a mis en place une campagne de sensibilisation avec la participation de comédiens handicapés et d’intervenant.e.s sociaux handicapés. La participation des publics cibles dans des fonctions pédagogiques permet de créer une relation de confiance avec la famille et l’enfant, et de faire comprendre que toutes les personnes peuvent être compétentes en dépit du genre, de leur handicap, de l’origine socioculturelle, etc.
Plan International centre souvent son action sur l’animation/la participation communautaire. Afin de déconstruire les barrières liées au genre et faciliter l’accès à l’éducation de qualité des filles et des garçons, Plan International mène des actions de sensibilisations et organise des foras communautaires autour de thématiques telles que l’égalité de genre, les Violences Basées sur le Genre en Milieu Scolaire, le droit des filles à l’éducation.
De la même façon, World Vision (WV) inclut l’ensemble des acteurs d’une même communauté à ses actions menées dans le secteur de l’éducation. Pour cela, l’ONG mène beaucoup de séances de sensibilisation à destination des parents sur l’importance de l’éducation. Elle forme également les parents analphabètes à l’accompagnement de leurs enfants dans leurs apprentissages, et notamment dans l’aide aux devoirs. WV renforce également les capacités des Comités de Gestion des Écoles pour que les parents s’impliquent davantage dans la gestion des écoles. Toujours dans cette approche d’appropriation communautaire, WV met aussi en place des clubs de lecture dans les communautés afin d’intégrer l’ensemble des acteurs dans l’amélioration de la qualité de l’éducation. Ces derniers sont animés par des volontaires issus des villages d’intervention. WV veille également à intégrer les leaders villageois et religieux dans chacune de ses activités pour permettre une meilleure appropriation des actions.
Au Rwanda, le gouvernement a mis en place un certain nombre de mécanismes de coordination, à la fois formels et informels, pour soutenir les priorités de la réforme de sa politique éducative. Un groupe de travail technique national axé sur les besoins spéciaux et l’éducation inclusive a notamment été créé pour rassembler des spécialistes et des représentants des principaux acteurs, dont Humanité & Inclusion (Handicap International) qui en assure la co-présidence. Ce groupe de travail technique réunit des spécialistes de l’éducation, des organisations de personnes handicapées, d’autres organisations de la société civile et des représentants communautaires qui, ensemble, ont pour mandat de conseiller, de soutenir et de relier les stratégies et la planification nationales aux projets et aux organisations à base communautaire.
Au Burkina Faso, le ministère de l’Éducation a mis en place, avec le soutien de Humanité & Inclusion, un mécanisme pour renforcer sa collaboration avec plusieurs acteurs intervenant aux niveaux national et local, afin de leur permettre d’identifier, de référencer, scolariser et maintenir les enfants handicapés à l’école primaire et de préparer leur transition vers le secondaire et la formation technique et professionnelle. Sous la direction du maire de chaque municipalité, une
Dans ce même objectif d’institutionnalisation, World Vision met en œuvre une approche intitulée « Citizen Voice and Action (Voix et Action Citoyenne) ». Cette approche de plaidoyer vise à renforcer les sociétés civiles locales pour améliorer la qualité des services publics. L’objectif est que les communautés soient capables d’évaluer les services publics locaux, de remonter leurs besoins, d’effectuer un plaidoyer pour la prise en charge de ces derniers et d’effectuer un suivi. Cette approche est notamment mise en œuvre dans le secteur de l’éducation. Elle permet d’équiper les communautés d’outils simples leur permettant d’engager un dialogue constructif avec leurs gouvernements respectifs. Cette approche permet une amélioration des relations entre les citoyens, le gouvernement et les services publics.
Concrètement, chaque groupe d’utilisateur du service en question (élèves, enseignants, parents d’élèves) doit être impliqué, tout comme les acteurs du domaine à évaluer (directeurs d’école, inspecteurs de l’éducation et de l’enseignement, bureau local de l’éducation). L’approche CVA se divise en 3 grandes étapes:
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :
L’environnement, la biodiversité, les ressources naturelles sont menacées partout dans le monde et cela est dû à différents facteurs : démographie, croissance économique, changement climatique… Ces menaces sur l’environnement ont déjà et entraîneront des répercussions importantes sur la vie humaine (destructions d’habitats, maladies, catastrophes naturelles, migrations subies…).
Ces problématiques environnementales affectent les systèmes éducatifs, les « apprenant.e.s » et les communautés éducatives par des difficultés d’accès à la scolarité et des troubles de la continuité éducative. En effet,
près de 40 millions d’enfants voient leur éducation interrompue par des catastrophes naturelles et des épidémies dues à des évènements météorologiques extrêmes et 503 millions d’enfants vivent dans des zones à très haut risques d’inondations.
Pour autant, l’éducation est une opportunité pour la transition écologique : outil de transformation des mentalités et des comportements, avec des effets à long terme, elle joue un rôle essentiel dans l’élaboration de solutions adéquates pour remédier à ces défis environnementaux et climatiques.
Le Rapport mondial de suivi de l’éducation de 2016 (Rapport GEM) démontre que l’éducation est au cœur du développement durable et notamment d’un environnement naturel plus sain.
Ce rapport permet de rappeler la nécessité de contribuer à l’objectif 4 des Objectifs du Développement Durable « Éducation de qualité » qui intègre en son sein une composante spécifique relative à la création d’une Éducation au Développement Durable (EDD) favorisant la citoyenneté et la préservation de la planète. L’intention est de donner le moyen aux enfants de changer leurs perceptions et leurs actions à travers des prises de conscience, des apprentissages par l’expérience et l’implication des enfants.
L’éducation doit contribuer à comprendre les problématiques environnementales, de réduire les comportements qui en sont à l’origine et de développer des actions pour répondre aux défis environnementaux. Elle est aussi « un catalyseur essentiel de tous les autres objectifs de développement durable ».
La protection et la préservation de l’environnement est l’affaire de tous et notamment des enfants et des plus jeunes générations : l’école a donc un rôle à jouer pour contribuer à répondre à l’urgence environnementale actuelle. Cependant aujourd’hui seulement 50% des Etats membres de l’UNESCO intègrent l’éducation au développement durable dans leurs programmes scolaires et moins de 40 % des enseignant.e.s interrogé.e.s par l’UNESCO et l’Internationale de l’Éducation se sentent capables de transmettre des connaissances sur le changement climatique. Au-delà de l’éducation formelle, les initiatives portées par les ONG, les organisations de la société civile, les communautés éducatives locales sont autant de solutions d’éducation non formelle, innovantes, adaptées qu’il faut inscrire plus durablement dans les stratégies et les politiques publiques de transition écologique.
Nous tâcherons ci-dessous de présenter des initiatives contribuant à apporter des solutions pour faciliter la compréhension des enjeux environnementaux et à renforcer les systèmes éducatifs, formels et non formels, sur ces thématiques.
L’ONG Green Ivory basée en Côte d’Ivoire met en place le projet « Sentiers vers » afin de sensibiliser et éduquer les élèves et adolescent.e.s aux enjeux du développement durable et à l’environnement via des activités ludiques et innovantes. Cela passe par des jeux et des quizz pendant des camps verts, des voyages dans des forêts classées…
Le projet Planète éducation développé par Planète Urgence au Bénin, a permis la mise en place d’ateliers pédagogiques (autour de la biodiversité, des sols et du climat) et d’activités pratiques pour les enfants afin d’apporter des solutions concrètes à la préservation de leur environnement. Les activités pratiques ont pour but de sensibiliser à l’environnement et d’améliorer le confort scolaire : notamment des jardins potagers pour alimenter les cantines des écoles primaires publiques en milieu rural, des plantations d’arbres ou des séances de ramassage de déchets avec visites de structures de recyclage.
Solidarité Laïque a développé l’outil pédagogique « Agir pour le climat, c’est respecter mes droits » dans le cadre d’une campagne autour de la COP21. Basé sur une approche par les Droits de l’enfant, il a pour objectif de sensibiliser les enfants et les jeunes à l’impact des activités humaines sur le climat et leur environnement afin de susciter une prise de conscience et développer leur esprit critique. Il est composé d’un livret d’activités pour chaque élève et d’un dossier pédagogique à destination des éducateur.rice.s et des enseignant.e.s.
Le projet « Éducation et formation au changement climatique en Afrique », mené par Action Éducation, a permis de promouvoir des communautés d’apprentissage au changement climatique au Burkina-Faso, au Togo, au Bénin et en Côte d’ivoire. Une plateforme a été mise en place pour permettre l’interaction entre les élèves d’une école au Bénin et ses pairs en France. Les échanges se sont faits à travers plusieurs supports : correspondances sur un thème donné, productions collectives ou encore forums thématiques. Elle promeut une démarche à long terme basée sur la réciprocité et l’échange entre les individus et les communautés, autour d’enjeux et de problématiques environnementales.
Un programme d’animation de communauté d’apprentissage a également été développé dans le but de créer un espace d’échanges pour réfléchir aux origines des problèmes que rencontre leurs environnements, comprendre les enjeux et réfléchir à des solutions individuelles et collectives porteuses de changements, à la fois au niveau local et à des échelles plus globales.
Le projet Climat et Éducation pour sauver la planète mis en place au Togo par Défi promeut également l’engagement des jeunes générations en les sensibilisant aux conséquences de nos comportements sur la qualité du climat et de l’environnement. Le projet donne une place aux élèves pour faire entendre leur voix au sein de mobilisations communautaires et éducatives et incite les jeunes par des actions concrètes à la préservation de l’environnement. Pour assurer une continuité de pratique dans les classes, les enseignant.e.s ont été mobilisé.e.s collaborativement à émettre leurs avis dans la mise en œuvre de l’éducation relative à l’environnement. Ils veulent poursuivre l’idée «chérir l’arbre», comment impliquer concrètement les élèves dans l’entretien des arbres et comment protéger la biodiversité.
Tous les acteurs de l’éducation, ainsi que les élèves et les parents d’élèves ont pu bénéficier de formations sur les questions de développement durable et de catastrophes liées au changement climatique. Les volontaires Haïtiens ont suivi un programme de formation de formateur sur la gestion de risque et les désastres (un formateur dans 60 écoles à ce jour).
Un comité de gouvernance locale a permis aux acteurs (directeur.rice.s, enseignant.e.s, comité de parents d’élèves et conseil d’écoles) de chaque zone de participer à la mise en place, le contrôle et la pérennisation des actions de gestion de risques et de désastres.
L’Office pour le climat et l’éducation (OCE) et plusieurs de leurs partenaires ont mis en place le projet pilote Amérique Latine pour l’Éducation au Climat (ALEC) en Amérique Latine (Mexique et Colombie) afin de promouvoir l’éducation au changement climatique.
Dans le cadre du projet Timoun Retounen lekol à Haïti, deux kits pédagogiques à destination des éducateurs ont été développés par Solidarité Laïque : le manuel d’accompagnement pour l’éducateur relatif à l’environnement en milieu scolaire ; et Ann pale vèt « causons vert » pour permettre aux éducateur.rice.s de réaliser des activités de sensibilisation et d’actions pour l’environnement avec leurs élèves.
Planète Urgence propose une série d’outils et de formations à destination des enseignant.e.s au cours du projet Planète Éducation : dont 3 kits pédagogiques : biodiversité, climat et sol, adaptés aux aspects culturels.
En parallèle, des formations en pédagogie et aux techniques d’animations (ex : débat mouvant, le théâtre sur les problématiques environnementales…) permettent aux enseignants d’être acteurs des enjeux qu’ils transmettent, y compris en participant à la co-création d’outils de sensibilisation.
L’Office pour le climat et l’éducation (OCE) a créé une communauté de pratiques, qui réunit régulièrement des professeurs locaux, des personnalités et des experts internationaux pour le partage de connaissance et d’expériences sur les enjeux du changement climatique.
Par ailleurs, l’OCE organise aussi la TeachersCOP, un événement annuel lors de la Conférence des parties de l’UNFCCC. Lors de ce dernier, des centaines d’enseignant.e.s autour du monde échangent des bonnes pratiques et votent un message que l’OCE portera en leur nom auprès des décideurs.
Dans le cadre d’Erasmus + et du projet Peerment, Solidarité Laïque a développé le Guide de peer mentoring pour l’éducation au développement Durable. Il permet aux enseignant.e.s de développer leurs connaissances et leurs compétences en matière de développement durable, de prendre en compte leur contexte de vie et d’enseignement. Surtout, il propose des méthodologies pour s’initier et pratiquer le « peer mentoring », mentorat ou coopération éducative entre pairs.
Défi a également développé dans le cadre du projet Climat et Éducation pour sauver la planète une plateforme de partage entre pairs sur Whatsapp afin de proposer des activités pratiques pour préparer les élèves à aimer la nature et à évaluer la mise en œuvre des attitudes et des pratiques.
C’est en réintégrant l’éducation dans la réponse aux objectifs de développement durable, écologiques, environnementaux mais aussi sociaux qui y sont liés, que nous obtiendrons des résultats durables, pour les générations d’aujourd’hui et celles de demain.
Il n’y aura pas de transition écologique ni de développement durable sans l’universalité du droit à l’éducation, et un accès pour toutes et tous à une éducation gratuite et de qualité tout au long de la vie.
Le droit à l’éducation est intrinsèquement lié au respect des droits de l’enfant : la convention relative aux droits de l’enfant souligne en particulier que l’épanouissement des enfants dépend d’un environnement sûr et sain.
D’ici à 2030, 25,6 millions de jeunes travailleurs âgés de 15 à 29 ans entreront sur le marché du travail, et 77 % de la population active des jeunes vivra dans les pays en voie de développement d’Afrique, d’Asie et du Pacifique. Le taux d’activité des jeunes demeure cependant globalement faible. L’OIT dénombre en 2019, 267 millions de NEET (Not in Education, Employment or Training) , soit plus d’1 jeune sur 5.
Dans le monde entier, la part des jeunes qui ne sont pas dans l’éducation, l’emploi ou la formation (NEET) n’a montré aucun signe significatif d’amélioration depuis plus d’une décennie,
tandis que les jeunes femmes continuaient d’être touchées de manière disproportionnée par rapport à leurs homologues masculins. En effet, en 2019, les jeunes femmes étaient plus de deux fois plus susceptibles que les jeunes hommes d’être sans emploi et de ne pas suivre d’études ni de formation.
La pandémie du covid-19 a infligé de multiples chocs aux jeunes. Non seulement elle détruit leurs emplois et leurs perspectives d’emploi, mais elle compromet aussi leur éducation et leur formation et, au final, a de graves répercussions sur leur bien-être mental. De plus, les confinements et les fermetures d’écoles ont nécessité une plus grande surveillance des enfants à la maison, impliquant plus souvent un abandon du travail par les femmes que par les hommes. Cela accroît encore davantage les écarts de longue date entre les sexes quant au taux de participation à la main-d’œuvre. En 2019, avant même le début de la pandémie, la participation à la main-d’œuvre des hommes d’âge mûr était de 93,5 %, contre seulement 62,1 % pour les femmes d’âge mûr. Le taux était encore plus faible pour les femmes en couple ayant de jeunes enfants.
Les économies des pays en voie de développement se caractérisent souvent par
une inadéquation entre les besoins en qualification des jeunes sur le marché du travail et une offre de formation qui puisse y répondre ;
que cela soit dans le bassin de l’emploi salarié ou celui de l’entreprenariat, dans le secteur de l’économie primaire, secondaire ou tertiaire. Par ailleurs, l’insertion et la formation professionnelle dans les pays partenaires sont souvent affectées par le manque de coordination entre les acteurs, qu’ils soient ordinaires ou spécifiques, associatifs ou étatiques. Le faible accès des personnes vulnérables aux opportunités de formations et au marché du travail (faible niveau de scolarisation, peu d’expérience, manque de confiance, etc.) et les discriminations à l’embauche au niveau des entreprises sont également constatés. Pour remédier à ces difficultés d’accès, l’Approche par les compétences ou des dispositifs plus souples et centrés sur la pratique tels que les chantiers écoles, les formations en alternance ou l’apprentissage sont encore sous-utilisés.
Les processus d’identification et de sélection des profils les plus éloignés de la formation professionnelle et de l’emploi sont un enjeu transversal aux projets FIP (Formation et Insertion Professionnelle). Il est donc essentiel d’être au plus près des jeunes, de la communauté afin de les sensibiliser à l’importance de la formation via différents moyens et ressources qui le permettent : OSC locales, maisons de jeunes, associations de quartier, etc.
Pour illustrer cet enjeu, ESSOR développe son ancrage communautaire à travers le dispositif Bureaux Formation Emploi (BFE), soit un local porté par une association de quartier. Cela permet de garantir une sensibilisation et une mobilisation de la communauté sur les enjeux de la FIP, à commencer par la levée des barrières socioculturelles (notamment sur le genre), en vue de favoriser une insertion socio-économique plus durable.
Cet enjeu passe également par le déploiement d’outils dédiés à l’analyse de la vulnérabilité et du profil des jeunes (ni en emploi, ni en formation, etc.). A ce titre, des événements dédiés (journées portes ouvertes, forum) ou des partenariats avec des acteurs sociaux peuvent être un levier. A titre d’exemple, l’IECD organise des journées portes ouvertes au sein même des centres de formation partenaires. Autre pratique, ESSOR a développé une fiche socio-économique afin d’établir un barème objectif quant à la vulnérabilité à l’échelle des ménages. La vulnérabilité n’étant pas figée mais contextuelle, un tel outil doit être utilisé de manière « relative », c’est-à-dire en fonction de la moyenne des répondant.e.s. Ainsi, il n’y a pas de vulnérabilité en soi, il n’y a que des vulnérabilités dans des contextes homogènes limités (un quartier, un arrondissement…). Une limite de ces outils est la non-prise en compte exhaustive de l’ensemble des facteurs de vulnérabilité (aspects psycho-social, santé mentale, facteurs discriminants complexes etc… qui sont plus difficiles à objectiver).
Asmae mobilise les jeunes les plus éloignés de l’emploi via des organisations locales partenaires qui ont un ancrage de longue durée dans les quartiers les plus précaires et connaissent bien les familles et les jeunes. Pour s’assurer de leur implication, avant même d’être recrutés, un premier panel participe à une étude de marché inclusive, avec un focus genre. L’objectif est à la fois de cerner leurs souhaits, connaître leurs barrières à l’emploi en précisant ce qu’il en est pour les jeunes hommes et pour les jeunes femmes, tout autant que de connaître le marché local des entreprises et confronter les perceptions des uns et des autres .Les jeunes seront ensuite recrutés sur la base de critères précis, en matière d’éloignement de l’emploi, de nombre d’hommes et de femmes, d’inclusivité.
Encore marginalisées sur le marché du travail, les femmes sont davantage enclines que les hommes à être touchées par le chômage ou l’inactivité, à exercer des activités dans le secteur informel et à travailler sans rémunération. Si elles sont aujourd’hui plus présentes sur le marché de l’emploi que par le passé, les femmes occupent souvent des postes qui constituent des extensions de leurs activités domestiques comme le petit commerce alimentaire ou les services de «bonnes» et exercent souvent des métiers traditionnellement féminins (commerce, couture, coiffure). Face à ce constat, Acting For Life met en place des campagnes de communication pour travailler la question des métiers «genrés», ainsi qu’un processus de sélection sensible au genre ; cela permettant aux filles autant qu’aux garçons de pouvoir intégrer les filières de formation techniques identifiées comme pourvoyeuses d’emploi. Ces campagnes s’organisent en 5 étapes :
Pour ESSOR, l’amélioration de la prise en compte des jeunes femmes vulnérables passe également par le recrutement des équipes techniques du projet. Dans les quartiers d’intervention, les Technicien.nes d’Orientation Professionnelle (TOP) sont recruté.es selon un processus de Formation-Sélection. Ce processus de recrutement consiste à réaliser, pour l’ensemble des candidats, une formation sur le genre (1ère semaine) et une formation sur la facilitation de cette même formation sur le genre que les TOP seront amenés à faciliter dans l’exercice de leur poste (2ème semaine). Ces 2 semaines, qui sont autant de filtres de sélection des candidat.es, permettent de s’assurer que les TOP (qui sont les interlocuteurs quotidiens des jeunes) sont personnellement, et au-delà de leurs missions professionnelles, sensibles au genre avec une volonté de faire bouger les lignes.
Pour plus d’info, fiche du Groupe FIP sur le sujet.
Afin de développer des projets d’insertion socio-économique transformatifs de genre, Asmae organise systématiquement une formation ou un renforcement des organisations partenaires sur l’égalité de genre, introduit des indicateurs désagrégés et éventuellement fait appel à une expertise extérieure pour revoir l’ensemble du projet à la lumière des questions de genre.
Outre l’importance de l’existence d’offre de formation professionnelle,
le parcours de formation et d’insertion des jeunes ne peut être pensé sans la notion d’accompagnement global qui doit permettre de lever les freins sociaux, économiques, culturels des jeunes
et ainsi faciliter l’orientation, l’accès, la participation, et le maintien en formation et en emploi. En ce sens, plusieurs dispositifs mis en œuvre par les ONG permettent de répondre à ces freins.
Humanité et Inclusion (HI) s’assure que tous les bénéficiaires disposent d’un accompagnement personnalisé destiné à les appuyer dans l’élaboration de leur projet professionnel et leur autonomisation, en tenant compte de leurs besoins spécifiques. Celui-ci comporte plusieurs étapes et inclut la co-construction avec le bénéficiaire d’un projet personnalisé faisant état de l’orientation souhaitée, des besoins de formation, des référencements nécessaires vers des services sociaux (incluant santé ou réadaptation lorsque nécessaire) ou économiques assorti d’un plan d’action. Cet accompagnement permet d’identifier et de lever les barrières liées au handicap mais il permet également d’identifier et de prendre en compte les besoins spécifiques liés à d’autres facteurs de vulnérabilité (genre, identité sexuelle, statut socio-économique, localisation géographique, etc.). Par exemple, des dispositions spécifiques peuvent être mises en œuvre pour accompagner les femmes dans leur insertion professionnelle : sensibilisation de la communauté sur le travail des femmes, échange avec la famille proche pour lever leurs réticences, appui financier pour prendre en charge le transport et participer aux frais de logement, etc. L’accompagnement proposé peut être délivré par les services sociaux ou des organisations spécialisés, avec l’appui de HI ou directement par HI quand les services n’existent pas sur le territoire.
Pour accompagner les jeunes, ESSOR a développé le « Parcours FIP », soit un parcours d’un an centré sur le jeune, qui se déroule en 3 phases : mobilisation, formation technique et non-technique, insertion. Ce parcours s’articule autour du dispositif Bureau Formation Emploi (BFE), un bureau au cœur des communautés et véritable pierre angulaire du parcours de formation et insertion, puisque c’est à partir de là que les jeunes pourront d’une orientation professionnelle et d’un accompagnement personnalisé à l’insertion sur le marché de l’emploi. Cette stratégie d’ancrage communautaire répond à un besoin identifié de forte proximité entre le projet et sa géographie (quartier / arrondissement…). D’une part, cette proximité permet aux jeunes d’accéder à l’information et à l’orientation à tout moment, partager les difficultés, de se voir proposer des solutions rapidement etc ; d’autre part, la démotivation et l’absentéisme des jeunes lors de ces parcours souvent long (minimum 1 an, incluant formation et insertion) sont fréquents et le projet se doit de remobiliser ces derniers au plus vite afin qu’ils puissent réintégrer le parcours avant de décrocher définitivement. En tant que service communautaire, les agents du BFE connaissent chaque jeune et son entourage, et peuvent répondre à cet enjeu en déclenchant systématiquement des visites à domicile de remobilisation, en impliquant l’ensemble des proches du jeunes (parents, voisins…) qui peuvent être à l’origine de la démotivation (barrières socio-culturels, nécessité d’entrées d’argent rapide…), mais qui sont également les leviers indispensables pour la réussite des jeunes (soutien moral et financier).
Dans certaines géographie (Liban, en Palestine et à Madagascar), l’IECD met en place des centres socio-éducatifs qui permettent un accompagnement sur mesure , embrassant toutes les dimensions de la personne et de son environnement : aide à l’élaboration d’un projet de vie, développement des aptitudes personnelles et de savoir-être, sensibilisation des parents, soutien matériel, etc. et facilitent l’accès à la formation professionnelle.
L’approche Youth Ready de World Vision a pour objectif d’insérer socioprofessionnellement les jeunes déscolarisés, sans-emplois ou analphabètes. La mise en œuvre de cette approche s’étale sur une année et s’articule en deux phases de 6 mois. Les jeunes suivent d’abord des formations théoriques sur le développement personnel, l’emploi, la finance, l’entrepreneuriat et la citoyenneté. Ils sont ensuite soutenus et encouragés à définir leur propre projet de vie. Ils ont alors le choix entre 3 options: le retour à l’école, lancer leur propre entreprise ou chercher un emploi salarié.
Asmae propose un nombre d’heures presque aussi élevées en matière d’acquisition de compétences de vie qu’en acquisition de compétences techniques. De plus, des sessions de soutien psycho-social collectives sont organisées pour aborder la gestion des émotions, la confiance en soi, la relation aux pairs, la cohésion sociale. D’autres sessions sont ouvertes sous forme individuelle pour surmonter les traumatismes et conflits internes ou familiaux qui peuvent inhiber fortement la volonté et la relation à un environnement professionnel. Ces sessions sont préparées par un.e conseiller technique d’Asmae spécialisé.e en protection de l’enfance, le plus souvent psychologue de formation, accompagné par une.e homologue de l’ONG locale. Si besoin, des référencements à des services externes peuvent être proposés.
Certaines filières de formation peinent à attirer des femmes. Les raisons diverses pour les femmes peuvent notamment être liées au manque de modèle féminin auquel s’identifier pour se lancer dans une formation professionnelle, à la peur de remarques déplacées liées aux compétences physiques des femmes de la part des hommes, ou encore au manque de confiance en soi.
C’est face à ce constat que l’IECD a développé un dispositif appelé « Girl’s Club », consistant à promouvoir la place des femmes dans l’agriculture et à encourager des relations harmonieuses entre jeunes femmes et hommes à travers l’animation hebdomadaires d’activités socio-éducatives visant à développer les compétences de vie. Ces activités permettent d’aborder des sujets relatifs à la santé et à l’hygiène, au rôle des femmes dans la société, aux problématiques de genre ou encore aux défis rencontrés par les femmes dans l’agriculture. Un tel dispositif intégré à la formation professionnelle est intéressant car il permet de renforcer la participation des jeunes femmes dans la formation grâce à une approche pédagogique qui laisse la parole aux jeunes. Les résultats sont par ailleurs encourageants : meilleur partage des tâches au centre de formation, reconnaissance du leadership féminin par les garçons, meilleur équilibre dans les prises de parole, etc.
Plan International, de son côté, participe à la déconstruction des stéréotypes et des discriminations basées sur le genre en Inde depuis 2010 grâce à la mise en place de stratégies sexo-spécifiques pour garantir des retombées positives identiques pour les jeunes femmes . Au-delà de l’objectif premier de viser une majorité de femmes (au moins 60% des bénéficiaires), Plan International favorise l’implantation des centres de formation au plus près des communautés et aménage le temps de formation (en journée) permettant de lutter contre l’insécurité et donc de favoriser la participation des femmes. Des ressources nécessaires sont également prévues pour un soutien individuel supplémentaire apporté aux jeunes femmes et à leurs familles lors du placement dans l’emploi.
Asmae cherche à identifier tous les freins liés au genre au long du projet et à proposer des solutions. Ainsi pour l’accès à la formation, des bus peuvent être mis en place pour permettre un transport sécurisé jusqu’aux centres de formation, sur place des toilettes séparées sont prévues, des équipements et un cadre appropriés. Lors des séances d’orientation, on cherche à déconstruire les stéréotypes sur les métiers accessibles aux femmes ou aux hommes, par exemple en faisant venir une personne témoin qui exerce un métier habituellement réservé à l’autre sexe. Pendant les formations l’ONG peut privilégier la délivrance d’une formation qui pourrait être sexo genrée par une personne du sexe opposé. Par exemple une femme donne les cours sur la téléphonie mobile ou les réparations informatiques, un homme sur les soins à domicile.
L’acquisition de compétences humaines et transversales est indispensable pour penser la formation de manière intégrale,
et ainsi permettre le développement des jeunes selon une approche holistique.
La formation professionnelle répond à l’enjeu d’acquisition de compétences techniques des jeunes. Elle peut prendre plusieurs formes dans les projets des ONG :
A ESSOR, le parcours FIP propose une formation technique pour une durée de 6 mois, alliant pratique et théorique, sur base de l’Approche Par Compétence (APC). Ces formations très courtes s’adaptent aux besoins des jeunes les plus vulnérables, du fait de leur durée de 6 mois, qui demande un investissement en temps plus acceptables que les formations longues ; car pour ces derniers, se former est aussi synonyme de perte de revenus, puisqu’ils ne peuvent plus s’adonner à la « débrouillardise » et donc prive leur famille d’entrées d’argent, dans des situations socio-économiques très tendues. Les formations courtes exigent de se désancrer des curricula de formations longues, pour préférer l’APC, sur base d’un référentiel (s’il existe) ou d’une étude métier. Ainsi sont privilégiés des compétences spécifiques, acquérables en un temps court. Dans ces situations, ESSOR considère pertinente la formation par apprentissage, puisqu’elle permet l’immersion directe du jeune dans le monde du travail, avec une pédagogie axée sur la pratique et les compétences, plutôt que la théorie (ESSOR essaye de promouvoir 75% de pratique pour 25% de théorie dans ses plans de formation).
Acting For Life a également développé des formations en chantier-école, dans le cadre du projet de formation et d’insertion professionnelle des jeunes en Afrique de l’ouest (Togo, Mali) de 2015 à 2018. Le chantier-école permet d’acquérir et de développer les compétences transversales (travail en collaboration permanente) et techniques très rapidement en condition réelle. Ces formations en chantier-école sont favorables à l’insertion et correspondent bien à des profils vulnérables.
A l’IECD, on retrouve notamment ce type de formations dans les projets FIP de l’IECD, via le soutien ou la création de formations professionnelles qualifiantes ou diplômantes (CAP, BT, CQP, etc.) répondant aux besoins des entreprises et des marchés locaux dans les filières à fort potentiel d’insertion (BTP, industrie, hôtellerie, santé et soin à la personne, agriculture) des pays d’intervention de l’ONG. La rénovation ou la création de curriculum de formation renforcent la qualité de la formation proposée par les centres partenaires, et ainsi, favorisent l’insertion des jeunes diplômés. Les formations sont réalisées en partenariat avec des centres de formation professionnelle publics ou privés, accompagnés au déploiement technique et pédagogique de la formation rénovée ou créée pour être en capacité de la déployer de manière autonome par la suite. Cela participe au renforcement des acteurs de la FIP.
Ce type de formation fait l’objet de projets pilotes dans certaines ONG (IECD par ex) mais reste peu développé.
Asmae propose des formations taillées sur mesure en fonction des desideratas des jeunes et du marché local. En fonction des résultats de l’étude de marché initial, l’ONG va faire appel à des centres de formation externes existants ou bien organiser directement la formation avec des professionnels du métier payés sous forme d’honoraires. Une formation de formateurs, en matière de pédagogie positive est organisée par les conseillers techniques de l’ONG, suivi d’observations et d’accompagnements individualisés, pour améliorer l’organisation de chaque leçon, la relation à l’élève, l’interactivité. Le cursus de formation intègre des dimensions techniques, une remise à niveau en matière de calcul et linguistique, des apprentissages généraux. D’autres formations peuvent être proposées en matière d’entreprenariat, qui complètent celles déjà mentionnées concernant l’acquisition de compétences de vie.
Qu’importe la typologie de formation, les inégalités de genre demeurent lors de la formation technique. Il faut aussi accompagner les centres de formation à la prise en compte de ces enjeux. Cela peut se matérialiser à travers un travail « interne », telle que la formation des équipes pédagogiques, à ce titre ESSOR met à disposition des facilitateurs de formation humaine – voir partie suivante – au sein des centres de formation, la définition d’un point focal genre, le recrutement de femmes au sein du centre etc… ; ou bien « externe » au centre de formation, telle que l’adaptation des infrastructures (latrines séparées, lumières pour la sécurité…) et de l’organisation plus globale, tel que l’adaptation des horaires de formation (voir exemple de Plan International ci-dessus), là encore, pour sécuriser l’accès à la formation.
Les compétences de vie (savoir-être et attitudes à adopter) et les compétences transversales (savoirs et savoir-faire) constituent un volet complémentaire des apprentissages techniques dans un parcours de formation professionnelle.
Ce volet est devenu indispensable au courant de la dernière décennie, dans un contexte économique où « l’employabilité » remplace progressivement la qualification purement technique, et où les employeurs sont en attente car ces compétences jouent un rôle clé dans l’adaptation du jeune en entreprise et sa capacité à travailler en équipe, interagir avec ses collègues et s’inscrire dans un environnement cadré (avec des règles etc.). Ainsi, les compétences de vie permettent aux jeunes d’augmenter leur employabilité en renforçant leurs savoirs, leurs savoir-être et savoir-faire et en améliorant leur confiance en eux et leurs relations avec leur entourage. Cependant, les employeurs n’ont pas le temps et/ou les capacités pour renforcer les jeunes sur ces compétences. Il y a donc une réelle nécessité d’intégrer ces compétences aux parcours de formation des jeunes.
Sur la base de ces constats, voici quelques exemples où des compétences de vie et transversales ont été intégrées dans les cursus de formation technique.
A ESSOR, la formation intégrale (dont la partie technique est décrite ci-dessus) comporte 2 formations dites « Humaines » indissociables qui viennent compléter la formation technique. Cette formation comporte des sessions de travail individuel ou collectif où sont développées les capacités interpersonnelles (travail en équipe, concentration…) et intra-personnelles (connaissance de soi, motivation, comprendre ses émotions etc…). Le processus formatif commence par une formation intensive d’un mois, à raison de 5 modules de 3 heures par semaine, où sont abordées les normes sociales (déconstruction du genre) et l’orientation professionnelle (car s’ensuit le choix définitif de la formation par le jeune). La formation humaine intensive prend place dans les BFE, au sein des communautés ; c’est là l’occasion d’impliquer les entourages des jeunes afin de lever les freins également chez ces derniers. Après ce mois de formation humaine « intensive », une seconde débute, la formation humaine « Pro », soit la suite de la formation mais cette fois, de manière perlée sur 4 mois, en parallèle de leur formation professionnelle. C’est à ce moment que sont abordés les modules sur la santé, l’entreprenariat ou encore l’employabilité. Ce second volet de la formation humaine se déroule cette fois dans les centres de formation, permettant là aussi de sensibiliser l’équipe pédagogique du centre, ainsi que d’autres jeunes. Ce lourd travail de formation, fruit d’investissement, est considéré aujourd’hui comme indispensable pour renforcer les compétences humaines et garantir l’employabilité des jeunes sur le marché du travail.
En tout, la Formation Humaine comprend 5 modules :
Plan International participe également à la formation non-technique à travers la déconstruction des préjugés, en délivrant des sessions de sensibilisation (et de formation) à l’ensemble des participants sur le concept d’égalité de genre, égalité des chances et les effets positifs de l’émancipation socio-économique ; comblant ainsi le fossé entre les jeunes hommes et jeunes femmes et leur permettant d’échanger ainsi que de comprendre leurs besoins respectifs. Les communautés et les familles sont également sensibilisées à cette thématique, tout d’abord explicitement lors de sessions dédiées et de groupes de discussions; implicitement enfin lorsque les jeunes femmes incarnent un modèle de réussite (role model) déconstruisant les stéréotypes de genre. La recherche qualitative à la fin du projet a d’ailleurs mis en évidence un grand nombre de témoignages soulignant que les voisins et autres membres de la communauté approchaient les parents des stagiaires pour s’enquérir des modalités d’inscription dans le programme.
En 2020, l’IECD a structuré sa vision éducative en prenant l’image d’un jardin éducatif comme symbole d’une croissance épanouie. Ainsi, l’objectif est de proposer un cadre éducatif permettant au jeune de devenir un acteur responsable enraciné dans sa culture et ouvert sur le monde. Cette approche a pour objectif de stimuler le potentiel d’apprentissage des jeunes (acquisition des savoirs et compétences de base et accompagner si nécessaire dans le développement psychosocial) et de favoriser leur développement personnel (développer sa personnalité et encourager le développement d’un environnement familial et éducatif). Elle se décline en 3 piliers :
Construire sa personnalité assise sur des valeurs solides : se connaître soi-même, avoir confiance en soi, apprendre l’autonomie, devenir un être libre
Savoir vivre en société dans le respect de son environnement : communiquer par l’écoute et l’expression, développer son autonomie affective, apprendre les bases d’une citoyenneté responsable, diffuser son sens du bien commun
Donner un sens à sa vie en contribuant positivement à son entourage et à la société : fonder ses propres convictions, affirmer son engagement personnel, établir son projet personnel et rayonner autour de soi et partager sa joie.
Sur la base de ce socle commun, l’IECD décline dans différents programmes mis en œuvre en Thaïlande, au Congo, en Côte d’Ivoire, des parcours de formation humaine adaptés au contexte et à la culture et en complément de la formation technique.
L’approche Youth Ready de World Vision a également permis de déployer des modules de formation non-technique à travers des cours en général dispensés deux fois par semaine (modules de 3h environ). On dénombre 5 modules principaux, adaptés selon les contextes d’intervention:
Ici, l’ensemble des exemples sont radicalement en lien avec les questions de genre qui sont au cœur des compétences inter et intra personnelles qui sont renforcées ici. On ne peut distinguer l’employabilité et la question du genre dans les projets FIP. Les différentes expériences ci-dessus en attestent.
Au sein d’Essor, l’accompagnement à l’insertion conclut le parcours du jeune. Les jeunes sont accompagnés pendant 6 mois soit à l’emploi salarié, soit à l’auto-emploi en bénéficiant d’une formation courte à l’entreprenariat et, dans certains cas, d’un kit d’appui qui permet de démarrer l’activité identifiée dans les Business Plan (motopompe, mallette d’outils, matériel professionnel de cuisine etc). L’accompagnement à l’emploi salarié se fait de manière individualisée à travers des bilans mensuels avec les jeunes, des sessions de renforcement à la rédaction de CV, de LM, ou encore la préparation du pitch du jeune. Cet accompagnement se réalise au BFE et au domicile du jeune, notamment lorsque celui-ci se démotive et abandonne ses recherches, des visites de remobilisation, impliquant les parents et les voisins sont alors réalisées.
L’approche Youth Ready de World Vision vise à nouer des partenariats avec des centres de formation professionnelle, des entreprises (secteur formel) ou des ateliers familiaux (secteur informel). Les jeunes sont aiguillés dans leur choix d’apprentissage et sont ensuite plongés dans le cœur du métier pendant 6 mois. Lorsque les jeunes choisissent de se lancer dans l’entreprenariat, World Vision continue de les accompagner et les jeunes peuvent bénéficier de subventions pour les aider à lancer leur propre business.
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L’accompagnement à l’insertion peut se réaliser au sein même du centre de formation. C’est notamment le cas de l’IECD qui met en place dans ses projets des «Bureaux d’Orientation et d’Emploi» (BOE), cellule au sein de l’école, qui centralise l’organisation de ces activités. Le BOE a pour mission principale d’accompagner et de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes via :
Asmae accompagne les jeunes jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi ou créent leur auto-entreprise. Dans ce but des liens sont créés depuis le démarrage du projet avec les entreprises de la région pour les sensibiliser à la qualité de la formation et à l’embauche des futurs diplômés. Une mise en situation sous forme de stage est organisée systématiquement à l’issue de la formation, lesquels se transforment potentiellement en emploi.
Pour ceux qui veulent créer leur propre business, des formations supplémentaires à l’entrepreneuriat sont organisées et un kit de démarrage, sur mesure, est proposé.
L’accompagnement vers l’auto-entreprenariat ou l’emploi salarié doit également faire l’objet d’une attention particulière aux questions de genre. Les constats dressés au début de ce document l’attestent, les inégalités sont systémiques tout au long du parcours vers l’insertion du jeune. De l’orientation professionnelle à l’insertion, en passant par l’accès à la formation. Ainsi, bien qu’aucune initiative probante ne le met en avant suffisamment ici, un travail spécifique doit aussi être mené avec par exemple : les employeurs pour les sensibilisés, un soutien personnalisé accru des femmes sortantes de formation, des objectifs quantitatifs d’insertion désagrégés dans les projets, un travail avec la famille et l’entourage des jeunes femmes lorsqu’elles s’orientent vers des métiers dits « d’homme », plaidoyer auprès des acteurs publiques et privés tels que les syndicats et autres organisations de corps de métiers etc.
Le Groupe FIP (un groupe de travail et de réflexions comprenant l’IECD, Le Gret, Apprentis d’Auteuil, Acting For Life et ESSOR, soit 5 ONG travaillant dans le secteur FIP) a rédigé un article sur l’amélioration de la mesure et du suivi des jeunes suite à des actions de formation : « Quels outils et méthodes pour mener ses enquêtes ». Des outils sont mis à disposition. Ce chantier d’un an a permis de rassembler et d’aligner les compréhensions, points de vue, savoir-faire existants des 5 organisations, car derrière l’insertion, se cache de nombreuses définitions et nuances. Les concepts relatifs à la FIP sont nombreux : insertion professionnelle, socio-économique, sociale, à quoi s’ajoutent ceux d’emploi décent, salaire moyen, insertion environnementale etc.
Travailler en collectif permet a minima d’avoir une compréhension commune, un même vocable, et à terme de développer des outils et les déployer, tout en identifiant leurs limites car au vu des nombreux concepts et définitions, et leurs évolutions rapides, assurément qu’aucun outil ne peut être exhaustif.
À ESSOR, la phase d’accompagnement à l’insertion du parcours FIP se conclut par la réalisation d’une enquête pour mesurer l’insertion des jeunes. Ces enquêtes permettent de définir le pourcentage de jeunes ayant réussi à s’insérer socio économiquement avec 3 critères :
Les critères définis ci-dessus permettent de considérer comme « insérés socio-économiquement », toute personne qui a les moyens et les ressources de sortir progressivement de la vulnérabilité, ce qui est l’objectif des projets FIP d’ESSOR. D’autres critères moins exigeants existent aussi afin de mesurer l’insertion dite « professionnelle », sans regard sur les revenus ou sur le nombre de petits métiers occupés par la personne, signe de précarité. De nombreuses données sont également collectées lors de cette enquête dans le but d’identifier les bonnes et mauvaises pratiques et améliorer nos projets en continue.
Humanité et Inclusion met également en place un outil de mesure de la situation relative à l’Insertion Socio-économique pour estimer l’évolution de la situation personnelle des bénéficiaires et mesurer l’impact du projet sur la vie des bénéficiaires et leur insertion professionnelle. La collecte est organisée au démarrage du projet et à sa fin. Elle couvre un ensemble de sujets (Confiance en soi, Employabilité, Compétences techniques, Participation dans la communauté, etc.) donnant lieu à des réponses déclaratives graduées permettant d’établir des scores.
Dans ses formations courtes qualifiantes, l’IECD réalise un suivi des jeunes diplômés à 1 mois, 3 mois, 6 mois, 9 mois et 12 mois. Dans les formations qualifiantes, l’enquête d’insertion est réalisée 1 an après la fin de la formation selon un questionnaire dédié. Les enquêtes prennent en compte des indicateurs économiques (salaire, durabilité de l’emploi, etc.) et sociale (niveau de confiance en soi, perception de l’avenir, etc.) et permettent de maintenir le lien avec les diplômés après la formation.
Lors des enquêtes, qui servent à comprendre les dynamiques de nos projets, la désagrégation des données est indispensable pour comprendre comment le projet impact les différents profils de public (H/F, personne en situation de handicap, urbains / péri-urbain etc… en fonction des projets) et dans quelle mesure le projet peut être sensible ou pas à ces derniers. C’est un outil indispensable d’apprentissage.
En fonction des contextes et des géographies d’intervention, les acteurs publics sont plus ou moins mobilisables. Lorsqu’ils le sont, leur accompagnement et renforcement peut se faire à différents niveaux.
Au niveau des contenus de formation, l’IECD travaille à la mise à jour des référentiels de formation professionnelle selon l’approche par compétence. Ces référentiels sont retravaillés ou créés sur la base d’études de faisabilité (étude de marché pour identifier le secteur de formation, et étude sectorielle pour identifier le métier) qualitatives. Dans cette phase de rénovation des curriculum de formation et de certification, les acteurs publics sont impliqués et renforcés.
Dans le cadre du projet IPOMER au Mali mené en partenariat avec SNV, HI a accompagné le Conseil général de Sikasso dans l’identification de filières économiques porteuses. Une Convention avec la Direction de la formation a été établie pour élaborer des référentiels de formation (approche duale en centre et en apprentissage) et de certification des métiers soutenus dans le cadre du projet. La Direction de la formation s’est également mobilisée pour renforcer les compétences des tuteurs identifiés afin de renforcer leurs savoir-faire techniques et leurs capacités d’accueil des apprentis. Au Bénin, HI a collaboré avec le service public du financement de la formation professionnelle pour mettre en place un fond d’appui au stage afin de faciliter l’embauche des jeunes en situation de handicap grâce à une première expérience professionnelle.
Les centres de formation peuvent être accompagnés de plusieurs manières :
A l’IECD, le mode d’accompagnement des centres de formation prend la forme d’une assistance technique sur divers axes de renforcement :
Le GREF accompagne les centres de formations professionnelle (CPF) de la Casamance au Sénégal vers des opportunités numériques. Ce projet implique la formation des enseignant.e.s en informatique qui devront transmettre, à leur tour, leurs compétences auprès des jeunes apprenant.e.s de la région de la Casamance.
L’objectif est d’arriver à former des jeunes motivés par ce domaine pour qu’ils puissent offrir leurs services dans le secteur de l’informatique et notamment d’internet. L’organisation des formations s’appuie sur une contribution d’enseignants et d’étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ), et sur les enseignants en informatique en place dans les centres. Chaque club accueille environ 20 apprenants. Les formations sont proposées gratuitement.
Un club peut être considéré comme un dispositif de formation devançant la création d’une filière officielle de formation. L’existence de ce type de formation, concrétisée et évaluable, vise à démontrer, notamment auprès du Ministère de la Formation Professionnelle sénégalais, que cet enseignement est tout à fait réalisable par des enseignants sénégalais, à coût réduit, et correspond à une très forte demande de nombreux jeunes et aux besoins du tissu économique en matière d’informatique, en Casamance comme ailleurs.
Aujourd’hui (printemps 2022), deux clubs expérimentaux fonctionnent à Ziguinchor et forment une quarantaine de jeunes. D’autres clubs devraient ouvrir prochainement (automne 2022) en Casamance. La prochaine phase du projet s’attachera à accompagner les jeunes dans leur insertion professionnelle.
Le projet multi régional Emploi et Handicap mené par Humanité & Inclusion (HI) a notamment pour objectif de renforcer les capacités des services de formation et d’insertion pour qu’ils développent des pratiques plus inclusives et accessibles aux personnes handicapées. Des centres de formation professionnelle ont bénéficié d’un diagnostic inclusion assorti d’un plan d’action afin de faire évoluer leurs politiques internes, former les équipes administratives et les formateurs afin de lutter contre les préjugés liés au handicap et appuyer les équipes pédagogiques à adapter leurs méthodes d’enseignement. Les centres bénéficient d’un coaching régulier pour les accompagner dans la mise en œuvre de leur plan d’action.
Un enjeu principal des projets FIP est de mobiliser les entreprises afin qu’elles prennent leur rôle d’acteur central dans la formation et l’insertion des jeunes.
En ce sens, à l’IECD, un travail est réalisé auprès des tuteurs de stage / d’apprentissage pour s’assurer de la bonne compréhension des objectifs d’apprentissage des jeunes en formation en entreprise.
ESSOR travaille avec les écosystèmes locaux en cherchant à renforcer les collaborations et les liens tant sur la formation technique (renforcement des CFP) que sur l’insertion (partenariat avec les entreprises, etc). Mais le plus souvent, l’objectif du travail avec les acteurs locaux réside dans les liens qui peuvent être faits entre le secteur de la formation et le secteur de l’entreprise en promouvant des modes de formation duale (type alternance) et en favorisant l’implication du secteur privé dans l’amélioration des curricula de formation. L’implication des entreprises est grandissante en Guinée Bissau et au Mozambique où ESSOR tente d’inverser la logique de la FIP qui met traditionnellement l’entreprise au bout de la chaîne, en impliquant ici les entreprises au démarrage du processus. Les entreprises expriment leurs besoins en termes de compétences et garantissent l’insertion des jeunes qui les auraient acquises en contrepartie. Ainsi, ESSOR développe des formations extrêmement courtes (2 mois) dites « Ad hoc » pour former les jeunes sur des compétences très précises co-construites avec les entreprises pour atteindre presque 100% de taux d’insertion. A noter que cette logique est limitée à quelques filières, par exemple l’hôtellerie ou la restauration, mais avec des résultats extrêmement encourageants, une durée et des coûts réduits, et des entreprises engagées et motivées. Autre méthode, l’alternance permet également d’impliquer les entreprises, avec de bon résultat d’insertion, supérieure à l’apprentissage. L’alternance permet en effet d’impliquer l’entreprise à observer et influer sur les curricula de formation, permettant de contrebalancer les inadéquations entre les formations et les besoins du secteur privé. Cependant la formation en alternance est encore absente des mentalités et en dehors de tout cadre législatifs dans les pays d’intervention d’ESSOR, freinant ainsi son développement d’autant plus qu’elle contraint à la fois centre de formation et entreprise.
HI accompagne des employeurs dans le recrutement de personnes handicapées. Dans le cadre du projet Emploi et Handicap, plus de 250 entreprises ont été sensibilisées et 50 ont été accompagnées de manière rapprochée pour recruter des salariés handicapés, adapter les procédures et mettre en place les aménagements raisonnables nécessaires pour que les personnes handicapées puissent travailler à égalité avec les autres salariés. La formation d’un pool d’experts RH sur les volets politique handicap, diagnostic inclusion et pratiques inclusives est en cours d’élaboration pour pouvoir appuyer davantage d’entreprises. En Tunisie, un code de conduite a été rédigé avec les entreprises et signé par les 25 entreprises accompagnées dans le cadre du projet. Promouvoir des initiatives RSE (Charte, Prix, etc.) en collaboration avec les entreprises a été identifié comme un levier d’action pour les convaincre d’évoluer dans leurs pratiques et recruter des personnes handicapées.
Les entreprises sont également accompagnées à la prise en compte des enjeux de genre dans la l’insertion professionnelle afin de favoriser une meilleure intégration des femmes sur le marché du travail. Des évènements tels que des tables rondes pour accroître la visibilité des diplômées de la formation professionnelle auprès de la communauté et des entreprises qui recrutent (IECD) sont des actions intéressantes pour faire évoluer les pratiques.
A travers le projet Saksham, Plan International s’efforce de sensibiliser et d’influencer les employeurs afin de promouvoir un recrutement et des politiques de ressources humaines adaptés aux femmes (égalité de salaires, congés maternité), un processus strict contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, la création d’un espace de travail et de politiques favorables et sensibles, etc. A cet égard, l’implication des jeunes et des anciens participant.e.s dans les efforts de plaidoyer est cruciale, en ce qu’ils et elles dialoguent directement avec les employeurs et portent des revendications qui leurs sont propres.
Les OSC locales sont bien souvent des acteurs majeurs des projets FIP. Leur renforcement et montée en compétences est indispensables pour assurer la durabilité des projets mis en œuvre.
L’un des enjeux pour ESSOR est d’inscrire dans la durée les dispositifs des Bureau Formation Emploi, portés par des Organisations Communautaires de Base (OCB). Cet objectif réside dans l’appui institutionnel et la diversification des services (services à la carte) que ces BFE peuvent rendre à la communauté (afin de diversifier les possibilités de capter des fonds, ainsi que de pouvoir monétariser certains services : impressions de CV, ateliers thématiques, etc). Des espaces de concertation locaux (dit Plateforme) sont créés pour structurer et assumer une gouvernance locale des BFE.
Dans le cadre du volet Emploi et Handicap, HI accompagne la montée en compétence des OSC sur leurs capacités de plaidoyer notamment en les appuyant :
Il est à noter qu’au Sénégal, l’implication des acteurs en charge de la formation professionnelle et de l’emploi et des actions de plaidoyer ont permis des avancées au niveau institutionnel avec :
Dans le cadre du projet Emploi et Handicap, HI a notamment mis en place des dispositifs favorisant la collaboration entre les acteurs de la formation et de l’emploi avec les résultats suivants :
Pour ESSOR, le renforcement des acteurs de l’écosystème de la formation et de l’insertion professionnelle a pour objet de travailler sur la gouvernance de ce secteur. Le travail avec les acteurs publics et privés de l’écosystème se fait à travers la mise en place, l’animation et le renforcement de plateforme de concertation et d’action. La Plateforme Nationale FIP à N’Djamena regroupe aujourd’hui plus d’une dizaine d’acteurs (Ministères, agence nationale, ONG…) qui discutent autour de solutions concertées pour résoudre les problèmes de la FIP au Tchad. Ils mettent également en œuvre directement des activités telles que le Véhicule de l’Emploi, un kiosque mobile qui déploie toute une série de services à destination des jeunes de la ville de N’Djamena. La stratégie de ces plateformes, d’un point de vue opérationnel, sera également de relayer et soutenir les initiatives probantes sur le sol tchadien en matière de dispositifs FIP, à l’image des BFE.
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :
La Déclaration d’Incheon cite l’éducation comme la pierre angulaire du développement et un levier d’atteinte des Objectifs de Développement Durable. L’approche basée sur les droits humains et les droits de l’enfant, et promotrice d’égalité de genre, doit être au cœur de toutes politiques et de toutes interventions éducatives. Ceci passe notamment par l’application de la Convention Internationale des Droits de l’enfant et la Déclaration universelle des droits de l’homme.
L’éducation est fondamentale pour différents enjeux comme l’insertion socio-économique, l’atténuation des effets du changement climatique, le développement économique et social, la résilience, l’égalité de genre, la nutrition, la santé et à la protection sociale ou encore le développement de la citoyenneté. L’éducation permet de doter les enfants et les jeunes des connaissances et des compétences nécessaires à la défense de leurs droits afin qu’ils puissent participer pleinement à l’atteinte des ODD.
Les fermetures d’écoles liées au Covid19 et aux crises sécuritaires et climatiques, et plus largement l’absence de lieu d’apprentissage, privent des millions d’enfants et de jeunes d’une alimentation essentielle lors des repas scolaires et augmentent les risques de maladies liés à l’hygiène et les risques liés à la protection de l’enfance, tels que les violences de genre, le mariage des enfants, le travail et la traite des enfants, ainsi que leur recrutement et leur utilisation dans les conflits armés. Les risques sont d’autant plus importants chez les adolescentes qui font face à des privations multiples et combinées qui compromettent leurs droits et leur bien-être (y compris la santé et l’éducation) et s’exposent à des risques accrus de violences, comme les grossesses précoces et les mariages forcés.
1 million de filles risquent de se retrouver privées d’éducation en raison de grossesses précoces survenues pendant la pandémie COVID-19. Plus de 230 millions d’enfants dans le monde n’ont jamais été déclarés officiellement. Sans acte de naissance, les élèves sont très tôt exclus de l’école – de nombreux pays n’acceptent pas les élèves sans acte de naissance au-delà du primaire – et ne peuvent pas accéder à l’éducation secondaire.
Par ailleurs, beaucoup d’établissements d’apprentissage ne disposent pas d’installations suffisantes pour permettre aux enfants et aux jeunes de suivre un enseignement de qualité dans un environnement adapté et en toute sécurité, garant du bien-être des élèves. En 2016, seulement 53 % des écoles ont déclaré avoir des services d’hygiène de base (définis comme une installation de lavage des mains avec de l’eau et du savon). Cela signifie que 620 millions d’enfants n’ont pas de toilettes décentes à l’école et environ 900 millions ne sont pas en mesure de se laver correctement les mains. Plus de 56 millions d’enfants d’écoles primaires dans le monde sont privés de repas scolaires, représentant pour certains enfants la seule source fiable de nourriture et de nutrition quotidienne. Face à ces nombreux défis, l’éducation constitue un levier fondamental de prévention et de lutte contre toutes les formes d’inégalités.
L’approche multisectorielle est le meilleur moyen pour s’attaquer aux divers facteurs d’exclusion, à travers des partenariats de collaboration solides et intégrés entre et par les acteurs étatiques et non étatiques.
Le projet Appui à la gouvernance et aux initiatives de relai de qualité (AGIR) mené par Plan International en consortium avec Action Éducation au Bénin vise à contribuer à l’amélioration de l’offre éducative en réponse aux besoins des filles, garçons et des enfants en situation de handicap et/ou d’urgence, via une approche transversale. Dans ce cadre, le projet met en place un volet protection qui comprend :
La problématique du travail des enfants fait partie intégrante de l’enjeu de la protection des enfants contre la violence, plus particulièrement la violence fondée sur le genre qui prive les enfants de leurs droits à l’éducation et à la protection.
Plan International met en place en Tanzanie le projet Child Labour qui vise à éradiquer les pires formes de travail et les violences associées faites aux enfants, en particulier aux filles, dans les secteurs de l’exploitation minière à petite échelle et de la pêche de la région de Geita, en Tanzanie. Le projet utilise des approches intégrées, en liaison avec d’autres secteurs (éducation, autonomisation économique de la jeunesse et santé sexuelle et reproductive, préservation de l’environnement) pour inclure des interventions visant à lutter contre les causes des formes les plus dangereuses du travail des enfants, ainsi que pour atteindre les résultats associés de manière globale.
Le projet vise à promouvoir des mécanismes étatiques de protection de l’enfance en vue de la mise en œuvre et du suivi efficace des politiques nationales de protection de l’enfance, associant également à ces derniers des leviers de protection communautaires et familiaux. Il s’attache à garantir aux enfants un environnement scolaire sécurisé, favorable et adapté; afin qu’ils puissent accéder, réintégrer et rester à l’école. Il contribue également à améliorer le statut socio-économique des jeunes et des ménages, ainsi que les connaissances et les pratiques de l’ensemble de la communauté en matière de santé ; notamment en matière de santé sexuelle et reproductive. Dans le cadre de ce projet, l’éducation permet de mettre à l’abri les enfants victimes d’exploitations, à travers l’identification et le retrait des enfants travailleurs pour une réinsertion dans le système éducatif ou professionnel. Le projet souhaite par ailleurs prévenir de potentiels abandons de l’école grâce à un travail de sensibilisation des élèves autour du danger que représente le travail des enfants et la promotion des mécanismes de signalement et de prise en charge.
L’éducation est un droit fondamental pour toutes et tous, même en situation d’urgence.
Le projet Base, mené par Plan International au Burkina-Faso, vise à améliorer l’accès équitable à une éducation de qualité et sensible au genre et à assurer la provision continue de l’offre éducative de qualité pour des enfants déplacés et issus des populations hôtes affectées par la crise sécuritaire dans la région du centre nord du pays. Des campagnes de sensibilisation et de mobilisation sont ainsi organisées à l’endroit des communautés autour de l’importance de l’éducation, notamment pour les filles. Des bourses ainsi que le paiement des frais de scolarisation et la facilitation de l’obtention d’actes de naissances sont également prévus afin de soutenir les enfants vulnérables pour un retour à l’école. Enfin, des formations spécifiques sont dispensées par des encadreurs pédagogiques autour de la Stratégie de l’Education en situation d’urgence (approche safe school et appui psycho-social). À travers son intervention, Plan International cherche à garantir le droit à l’éducation des enfants mais aussi à leur offrir un espace de protection et d’épanouissement adapté à leurs besoins.
Par ailleurs, mettre en œuvre un ensemble structuré de services essentiels en matière de santé – y compris de santé sexuelle et reproductive et de santé mentale – et de nutrition – à travers les cantines scolaires – dans les établissement scolaires et les centres éducatifs représente un investissement clé en faveur d’un avenir meilleur pour les enfants et leur communauté. L’éducation peut également améliorer la condition économique et la position sociale des filles et jeunes femmes, grâce par exemple au développement des dispositifs d’accueil de la petite enfance qui permettent aux mères de retourner à l’école ou de développer une activité économique. Cela contribue à baisser le poids et la distribution genrée des travaux domestiques non rémunérés.
Le projet AGIR mené par Plan International en consortium avec Action Éducation au Bénin contribue au développement socio-économique des communautés d’intervention à travers :
A Madagascar, Un Enfant par la Main (UEPLM) et son partenaire local Amadea ont développé depuis 2019 un projet multidimensionnel liant l’éducation à la nutrition, la santé, et la production locale. Plus précisément, ce projet vise à assurer un apport nutritionnel aux enfants à travers des cantines scolaires, pour permettre ainsi de lutter contre l’absentéisme scolaire et la sous-nutrition durant la période critique de la soudure alimentaire.
Bénéficiant au départ à 9 écoles préscolaires et primaires en 2019, le projet consistait dans sa première forme à assurer un apport alimentaire durant une période critique du calendrier agricole. Grâce à ce premier soutien en 2019, les élèves ont bénéficié tous les jours d’école d’un repas ou d’une collation améliorée en période de soudure alimentaire.
En 2020, l’approche a été améliorée pour que l’approvisionnement des cantines se fasse en se basant sur l’achat local et les circuits-courts. Les produits frais (légumes) ont ainsi été achetés directement auprès de fournisseurs locaux. Cependant, seuls les producteurs locaux en capacité d’approvisionner les cantines scolaires étaient ciblés, et aucun appui n’était apporté en direction des petits exploitants agricoles, pourtant plus vulnérables.
Pour permettre à la fois la pérennisation de l’approche basée sur l’achat local mais également le renforcement des producteurs vulnérables de la zone, et donc le développement socio-économique des familles, des activités complémentaires de formation et de suivi des producteurs locaux ont été mises en œuvre en 2021, afin qu’ils soient en capacité à terme d’approvisionner directement les cantines des écoles de leur village. Une telle synergie entre l’alimentation scolaire et la production locale permet un cercle vertueux : les activités génératrices de revenus se développent, les sources de revenus des familles se diversifient, les enfants sont mieux nourris à l’école pendant la période critique de soudure, et en meilleure santé donc plus concentrés à l’école.
L’instauration de ce circuit court en 2021 a ainsi permis de maintenir les impacts de la cantine scolaire déjà constatés auprès des enfants en 2019 et 2020 (diminution de l’absentéisme scolaire, augmentation de leur concentration à l’école et renforcement de l’état nutritionnel des enfants), tout en renforçant en parallèle la résilience économique des familles en créant des débouchés pour les producteurs locaux. Ce modèle pluridimensionnel d’alimentation scolaire liée à la production locale, entièrement décentralisé, est un levier de développement, permettant d’agir à la fois sur l’éducation et la nutrition des enfants, tout en dynamisant la production agricole locale, dans l’objectif de réduire la pauvreté des familles rurales les plus vulnérables.
Aux termes d’une évaluation réalisée en 2021, il a été constaté qu’au delà du développement socio-économique des communautés, ce projet a fortement impacté l’éducation:
En 2022, UEPLM et l’ONG L’Appel sont allés encore plus loin et ont expérimenté dans le cadre de ce projet la méthode Nutricartes®, basée sur un outil pédagogique créé par L’Appel afin d’aider les parents à offrir la meilleure alimentation possible à leurs enfants. Elle s’appuie sur les connaissances des parents, même partielles, et permet l’échange entre les participants sous une forme ludique. Actuellement en cours de déploiement, il est attendu que cet outil permette d’initier un changement concernant la préparation des repas quotidiens par les parents et la place accordée à l’équilibre nutritionnel de l’enfant selon son âge, mais aussi qu’il puisse développer l’autonomie des mères et l’implication des pères.
Le projet AGIR mené par Plan International en consortium avec Action Éducation au Bénin contribue au changement de normes sociales en adressant les enjeux d’égalité filles/garçons via :
Le programme d’Appui à la Diversification de l’Offre Éducative en Afrique de l’Ouest (ADOE), mené par Action Éducation a développé l’approche l’école ouverte à son environnement à travers l’introduction de savoirs endogènes dans les programmes éducatifs. Les détenteurs de savoirs endogènes étaient invités à intervenir dans les classes pour partager avec les enseignant.e.s et les élèves des connaissances à la fois théoriques et empiriques, des pratiques ancestrales dans des domaines variés comme la santé, l’environnement, la culture. Ce qui a permis aux enseignant.e.s d’intégrer certains aspects de ces connaissances dans leurs fiches pédagogiques et à ces détenteurs de savoirs endogènes d’être intégrés à l’école qu’ils percevaient comme une entité close aux réalités du milieu.
et d’exercices de ces capacités : participation au fonctionnement de l’école (gouvernance scolaire), importance de l’expression de la voix des jeunes, notamment des filles/jeunes femmes et des autres groupes exclus.
Le projet AGIR au Bénin renforce les capacités de leadership des jeunes et leur participation à la gouvernance ainsi que leur autonomie et leur confiance en soi à travers :
Le renforcement de la structuration de l’écosystème éducatif et de la synergie entre les acteurs locaux passe notamment par
la mise en place d’approches partenariales pluri-secteurs et multi-acteurs.
Le programme ADOE, mené par Action Éducation, a permis de mettre en place dans les 83 communes couvertes de 2007 à 2018 :
Le projet Action pour la citoyenneté par et pour tous les Enfants par l’Éducation en Afrique (ACTE-Afrique), mis en oeuvre par Action Éducation, actuellement en cours de mise en oeuvre au Bénin, au Burkina, au Sénégal et au Togo contribue à la mise en oeuvre de la politique jeunesse de dix communes à travers:
Le projet d’appui à l’enseignement secondaire au Bénin (PAESB), mis en œuvre par Action Éducation et Plan International vise à améliorer la gestion participative de Collèges d’Établissement général et à renforcer la demande en faveur d’une éducation inclusive et sensible au genre via :
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :
L’éducation en situations d’urgence peut être définie comme la fourniture d’opportunités d’apprentissage (soit la petite enfance, du primaire, du secondaire, non formel, technique, professionnel et de l’enseignement supérieur) de haute qualité et ininterrompues pour les enfants, filles et garçons, de tout âge, touché.e.s par les crises humanitaires.
Des exemples de crises courantes dans lesquelles l’éducation en situations d’urgence est essentielle comprennent les conflits, les situations de violence, les déplacements forcés, les catastrophes et les urgences sanitaires.
Il s’agit de faire en sorte que les enfants, filles et garçons, puissent apprendre, en sécurité, qu’importe leur identité, leur lieu de résidence ou ce qui se passe autour d’eux.
En situations d’urgence, l’éducation est plus que le droit d’apprendre. Elle sauve des vies en offrant une protection physique, psychosociale et cognitive aux enfants et aux adolescent.e.s, leur permettant de se remettre des effets de la crise et de retrouver un sentiment de normalité.
L’école protège les enfants des dangers physiques qui les entourent, tels que les abus, l’exploitation, le recrutement dans des groupes armés ou encore le mariage et les grossesses précoces. Elle fournit aux enfants de la nourriture, de l’eau, des soins de santé et des articles d’hygiène indispensables à leur survie et offre également un soutien psychosocial et souvent un apprentissage socio-émotionnel, en leur apportant stabilité et structure pour les aider à faire face aux traumatismes qu’ils vivent au quotidien. Les communautés, les parents et les enfants eux-mêmes donnent la priorité à l’éducation (dans une étude menée en 2015 par Save the Children «Qu’est-ce que les enfants nous disent vouloir en cas d’urgence ou de crise ?» : lorsqu’on demande aux enfants et aux parents vivant dans des situations d’urgence et de crise ce dont ils ont le plus besoin, ils répondent souvent qu’ils veulent rester à l’école). La Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (CNUDE) fournit un cadre juridiquement contraignant aux États afin qu’ils garantissent le respect du droit à l’éducation pour tous les enfants, fils et garçons, dans toutes les situations, notamment de crises.
Pourtant, les enfants vivant dans des pays fragiles ou touchés par un conflit sont deux fois plus susceptibles de ne pas être scolarisés comparé à ceux des pays stables.
L’exemple du Sahel francophone (Mali, Burkina Faso, Niger) illustre de manière claire les défis existants pour garantir la continuité éducative dans des pays touchés par des crises.
Au Sahel où plus de la moitié de la population sont des enfants, la détérioration continue de la situation sécuritaire et alimentaire a engendré des pertes en vies humaines et des déplacements internes qui ont augmenté de 30% entre 2020 et 2021, atteignant 2 millions de déplacés internes. Dans cette région, les attaques et les menaces contre les écoles, les enseignant.e.s et les apprenant.e.s sont de plus en plus courantes, avec des effets dévastateurs sur l’éducation et le bien-être des enfants, mettant en danger leur avenir. Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, plus de 8 millions d’enfants âgés de 6 à 14 ans ne sont pas scolarisés, représentant près de 55% des enfants de ce groupe d’âge. D’avril 2017 à juillet 2020, le nombre d’écoles fermées en raison des violences a été multiplié par 7. Près de 5 500 écoles sont à ce jour encore fermées en raison de l’insécurité, privant les enfants de ces écoles de leur droit à l’éducation. En plus des barrières d’accès aux écoles en raison de l’insécurité, des barrières culturelles, financières, infrastructurelles, etc, entravent l’accès à l’éducation. Par ailleurs, le système éducatif des trois pays fait face à de nombreux défis en termes de qualité, notamment en raison d’une faible qualification des enseignant.e.s, d’un faible accès à des opportunités de développement professionnel, l’insuffisance de matériel et la surpopulation des classes.
La crise sécuritaire et humanitaire affecte également directement la protection et la santé mentale des enfants. La violence et l’exploitation, y compris la violence sexuelle basée sur le genre (VSBG) augmente dans les situations d’urgence et touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles. La région du Sahel connaît une des prévalences les plus élevées de VBG et de mariage d’enfants, avec 52% des filles au Burkina Faso, 55% au Mali et 76% au Niger mariées avant l’âge de 18 ans.
L’ensemble des recommandations et bonnes pratiques suivantes se basent sur une compréhension commune des normes du réseau inter agence d’éducation en situation d’urgence (INEE), normes INEE, qui définissent les standards minimums de qualité pour une intervention d’Éducation en Situations d’Urgence (ESU).
Sur la base des besoins identifiés, des réponses adaptées et ciblées doivent être apportées.
Parmi les réponses types nous pouvons mentionner la construction ou la réhabilitation d’infrastructures, la mise en place d’espaces temporaires d’apprentissages, la distribution de kits ou d’aide financière, dite CASH (Cash4Education) ou encore la mise en place de campagnes de sensibilisation sur le droit à l’éducation.
Dans le cadre du projet Ensemble pour une Éducation Publique Résiliente face aux crises (EEPR), Action Éducation et Solidarité Laïque ont renforcé l’accès et la continuité éducative de 562 élèves déplacé.e.s du fait de la crise sécuritaire et sanitaire liée au COVID-19. Les élèves des écoles bénéficiaires ont reçu des kits scolaires et des séances de sensibilisation (par les agents de santé, par les paires), les infrastructures scolaires ont été renforcées, notamment en ce qui concerne l’hygiène, l’assainissement et la protection individuelle et une prise en charge des frais de scolarité notamment des filles a été fourni.
Afin de garantir que tous les enfants, quel que soit leur âge, leur lieu de vie, leur statut administratif, ou encore leur situation scolaire passée, aient accès à des opportunités éducatives, il est essentiel que ces opportunités, formelles ou informelles, assurent un continuum éducatif dès la petite enfance jusqu’au secondaire.
Save the Children, dans un projet régional (Niger, Mali et Burkina Faso) financé par ECHO « Réponse Intégrée Rapide et Continue en Éducation, Protection de l’enfant et Santé Mentale et Soutien psychosocial des enfants en situation d’urgence au Sahel (2020-2023) », également appelé en suivant Pilot Programmatic Partnership (PPP), travaille avec les communautés et les autorités éducatives afin de mettre en place ou de renforcer l’accès à des alternatives éducatives variées permettant à tous les enfants de continuer à apprendre. Le projet appuie ainsi les écoles formelles et non formelles reconnues par le gouvernement comme les centres passerelles (SSA/P), les écoles coraniques, l’enseignement à distance ou encore l’accès à une éducation informelle. La prise en compte de la diversité des offres éducatives permet de soutenir les écoles se situant dans les zones encore accessibles ainsi que de donner la chance aux enfants vivant dans les zones non accessibles d’accéder à l’éducation. Pour garantir la continuité éducative des enfants vivant en zones inaccessibles pour les équipes du projet, des radios et clés USB ont été achetées mises à la disposition des autorités éducatives. Concernant les écoles coraniques, un travail « d’alignement » de ces écoles avec les écoles formelles a été amorcé avec les ministères de l’éducation des trois pays, via le développement de cadres intégrés en vue d’améliorer et de renforcer les programmes scolaires, les infrastructures et le matériel pédagogique, la formation de la communauté/des enseignant.e.s/des organisations locales sur les questions de genre, les droits de l’enfant, la protection de l’enfance et la Santé Mentale et le Soutien Psycho-Sociale (SMSPS), etc.
Par ailleurs, afin de garantir l’accès à l’éducation pour tous les enfants, une attention particulière doit être apportée aux plus vulnérables : filles, enfants en situation de handicap, non accompagnés, réfugiés, déplacés internes, etc. Identifier les barrières spécifiques qu’ils/elles rencontrent est une étape nécessaire pour les réduire ou les supprimer.
En situations d’urgence, assurer la protection des enfants au sein des espaces d’apprentissage est une priorité tant pour garantir la qualité du processus d’apprentissage que pour assurer leur bien-être et leurs capacités de résilience.
Afin de garantir que les enfants, filles et garçons, soient protégé.e.s au sein des écoles face à tout type de risque (risques naturels, conflits, violence, risques de tous les jours), Save the Children a développé la méthodologie Safe School. Cette approche vise à agir à 4 niveaux différents :
Ainsi, dans le cadre du projet Réponse Intégrée Rapide et Continue en Éducation, Protection de l’enfant et Santé Mentale et Soutien psychosocial des enfants en situation d’urgence au Sahel, Save the Children a accompagné la mise en œuvre de « Comités Safe School » dans les écoles d’interventions. Ces comités, composés de l’ensemble de la communauté scolaire, dont 50% d’enfants, et selon des critères de représentativité et d’inclusion, sont formés sur les connaissances et des compétences clés en matière de gestion des risques et de sécurité à l’école. Une fois formés, ils réalisent ensemble un exercice d’identification des risques et des capacités, suivi d’un exercice de réduction et d’atténuation de ces risques en développant un plan d’action qui inclut un plan de préparation aux urgences. Sur la base de ce plan, le comité, soutenu techniquement et financièrement par le projet, développe une série d’activités visant à renforcer la sécurité et la protection des enfants au sein des écoles. A ce titre, nous pouvons mentionner la mise à jour de codes de conduite et des mécanismes de référencement, la réalisation d’exercice de simulation, etc. Ce travail est réalisé en parallèle d’un renforcement du système de protection de l’enfance (dont système de gestion des cas), en collaboration avec le Ministère de Protection de l’enfance.
Dans leur projet EEPR au Burkina Faso, Action Éducation et Solidarité Laïque, ont développé, afin d’assurer la sécurité des enfants au sein des écoles, des dispositifs de prévention et de gestion d’alertes sanitaires et sécuritaires via :
Au-delà d’un travail au niveau des écoles, comme le met en avant l’approche Safe School de Save the Children, assurer l’existence de politiques et de systèmes de sécurité et de protection des écoles est essentiel. Au Sahel, cela passe notamment par la promotion et la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité des écoles (SSD) et de ses Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire pendant les conflits armés. Dans le cadre du projet régional mentionné précédemment, des comités de suivi nationaux de la mise en œuvre de la Déclaration ont été créés. Une plateforme SSD Sahel a également été mise en place au niveau régional et fut consolidée à travers un plan d’action annuel qui a été exécuté à plus de 80% grâce à des rencontres régulières mensuelles de partages d’expériences, de coordination inter-pays et de sensibilisation.
Le projet EEPR vise également à renforcer les capacités des enseignant.e.s sur l’Approche Safe-School (outils, contenu de la formation). Ces enseignants formés sont chargés d’accompagner les communautés à la mise en place des comités de prévention et de gestion de crises ou comités Safe School.
En ce sens, la formation des enseignant.e.s est une étape clef.
Action Éducation et Solidarité Laïque, dans le cadre du projet EEPR, ont renforcé les capacités des enseignant.e.s sur les enjeux de protection. Les outils de formation du Teachers in Crisis Context packages peuvent être mentionnés comme des outils pertinents. En situation d’urgence, renforcer la motivation des enseignant.e.s est également nécessaire. Cela peut être fait via des outils de suivi et coaching comme le sont les Cercles d’Apprentissage entre Pairs.
Le projet EEPR vise également à renforcer la résilience des acteurs notamment des enseignant.e.s et des parents d’élèves via :
Par ailleurs, mesurer les résultats d’apprentissage dont les aspects socio-émotionnels dans des contextes d’urgence est particulièrement important, or cela reste un défi. L’Holistic Assessment Tool (HAT) utilisé par Save the Children, a été développé pour permettre ces évaluations. Cet outil fonctionne dans les cas et les situations de déplacement où les enfants et leurs familles sont quelque peu stationnaires (et non en situation de transit). Cependant, lorsque les enfants et les familles sont en situation de transit, le HAT actuel n’est pas adapté. Il reste à trouver une alternative pour mesurer les résultats dans des lieux hautement transitoires.
Il est ainsi primordial de travailler à renforcer les liens entre les services éducatifs et les autres services essentiels tels que la protection de l’enfance, la santé et la nutrition, la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et les abris.
Le projet de Save the Children, Réponse Intégrée Rapide et Continue en Éducation, Protection de l’enfant et Santé Mentale et Soutien psychosocial des enfants en situation d’urgence au Sahel, promeut cette vision intégrée. Il vise à renforcer la résilience, le bien-être et l’apprentissage des filles et des garçons touché.e.s par la crise grâce à une approche intégrée qui inclut des composantes programmatiques en matière d’éducation, de protection et de santé mentale et psychosociale. Pour garantir la mise en œuvre de cette approche, divers mécanismes ont été mis en place. D’abord, le personnel est commun et formé sur l’ensemble des thématiques du projet (ESU, SMSPS et Protection en situations d’urgence/PESU). Ensuite, certains espaces comme les Espaces Amis des enfants offrent aux enfants des services intégrés d’éducation, de protection, de santé mentale et psychosociale. Enfin, des outils intégrés sont utilisés comme outils d’évaluation. Le HAT a été développé et utilisé, permettant aux praticien.e.s de comprendre les besoins des apprenant.e.s âgé.e.s de 4 à 15 ans dans quatre domaines : alphabétisation (la capacité de déchiffrer les lettres, les mots, la lecture), mathématiques, apprentissage socio-émotionnel (ASE) et fonctionnement exécutif.
Le projet EEPR, mis en œuvre par Action Éducation et Solidarité Laïque, dans ses actions et démarche de renforcement de la résilience, intègre aussi bien les personnes déplacées que les familles hôtes ainsi que des personnes vulnérables. Cette prise en compte est un facteur de renforcement de la cohésion sociale et de l’entraide et une disponibilité des communautés hôtes à accueillir les PDI. La démarche de renforcement de la résilience des populations déplacées à travers le soutien pour le relèvement économique en plus des dotation d’urgences (Triple Nexus: Urgence, développement et Paix) redonne plus d’espoir, de quiétude mais surtout d’autonomie aux PDI.
Dans le cadre du projet PPP, Save the Children a développé une Réponse Intégrée Rapide en Éducation, protection, santé mentale et psychosociale (RIRE) pour que les enfants retournent à l’apprentissage dans un environnement protecteur dans les 3 mois suivant le déplacement. Cette réponse dite RIRE est innovante car elle est intégrée dans une réponse multisectorielle en ESU, PESU et SMSPS. Les paquets techniques d’ESU, PESU et SMSPS ont été finalisés et les équipes RIRE, les partenaires et les acteurs locaux ont été formés à sa mise en œuvre. Le contenu d’apprentissage de la RIRE, initialement basé sur l’outil de Save the Children « Retour à l’apprentissage » (Return to Learning – RtL : programme d’éducation en situation d’urgence, conçu pour être mis en œuvre lors de la première phase d’une intervention d’urgence ), a maintenant été formellement adopté par les trois ministères de l’éducation de la région. Grâce aux efforts de plaidoyer et de coordination avec les groupes de travail MRR existants et les travailleurs de première ligne, le RIRE a été intégré et mis en œuvre avec succès dans le cadre de 22 MRR différents, dont 18 MRR réalisés lors de la deuxième année du projet. Le travail de RIRE/MRR a touché un total de 10 816 enfants déplacés avec des services essentiels d’éducation, de protection de l’enfance et de SMSPS dans les trois pays du Sahel.
Dans les crises aiguës et les contextes de déplacement où les enfants et leurs familles sont exposé.e.s à des risques et à des vulnérabilités accrus, comme au Sahel, la mise en place d’équipes mobiles est particulièrement utile. Quand les mécanismes et services de PESU, ESU, SMSPS ne peuvent pas être pleinement fonctionnels, ces équipes ont la mobilité et l’expertise technique nécessaire pour mieux atteindre et répondre aux besoins urgents des familles affectées et de leurs enfants. Dans le cadre du projet régional au Sahel, cette approche pilote de Save the Children permet non seulement de répondre mieux et plus rapidement aux besoins des populations affectées en matière de PESU/SMSPS grâce à ces équipes mobiles, mais également d’apporter une touche d’innovation en intégrant la PESU, l’ESU et la SMSPS dans les réponses humanitaires, en particulier dès les premières phases des crises aiguës et des situations de déplacement.
L’éducation est un service essentiel qui peut sauver des vies, et devrait être inclus dans les réponses humanitaires dès le premier jour d’une crise. Pourtant, l’éducation est rarement incluse dans la première phase d’une réponse humanitaire et lorsqu’elle l’est, elle est souvent limitée à la fourniture d’infrastructures scolaires et n’est pas axée sur les besoins holistiques des enfants en matière de bien-être et de développement.
Renforcer à titre préventif les capacités opérationnelles et techniques des équipes terrain en les préparant en amont à une possible crise, permet de renforcer la faisabilité et le déploiement rapide d’interventions en ESU dès les premiers jours de la crise. Pour répondre à ce défi, Save the Children pilote actuellement son approche « Day 1 », notamment au sein du projet PPP. Day 1 vise à renforcer les capacités de réponses opérationnelles et techniques des bureaux de Save the Children et de ses partenaires en amont de la crise, de manière anticipée, afin qu’ils soient prêts à apporter une réponse ESU dès le premier jour d’une crise.
Dans le cadre du projet PPP, Save The Children a renforcé les capacités de ses équipes et de partenaires locaux, notamment en partenariat avec BIOFORCE sur les fondamentaux de l’action humanitaire, l’ESU et la PESU. Cette logique permet notamment de considérer les partenaires locaux comme de réels partenaires et non comme de simples prestataires de services. Dans les contextes de crise, il est souvent constaté un manque crucial d’accès aux formations humanitaires pour les partenaires locaux et d’harmonie dans les partenariats avec les ONG internationales, ces dernières se limitant trop souvent à une prestation de service et un transfert de risque.
L’approche « Day 1 », promeut également le pré positionnement de stocks/intrants et la mise à disposition d’outils techniques d’ESU opérationnels. Au sein du projet PPP de Save the Children, mentionné précédemment, les bureaux pays ont pré-positionné des stocks de matériel d’ESU, PESU et SMSPS, dans les zones hautement affectées. Cela a permis qu’ils soient livrés dans les 72H suivant une alerte ou un déclenchement de la réponse. De même, Save the Children a travaillé avec des outils d’ESU déjà existants. A ce titre, nous pouvons mentionner le programme d’ESU Return to Learning, conçu pour être mis en œuvre lors de la première phase d’une intervention d’urgence. Développé au niveau international et contextualisé à la région, cet outil permet d’être utilisé rapidement, après une formation de deux jours pour les volontaires/personnels identifiés. Cette approche permet d’assurer aux enfants un accès rapide à des opportunités d’apprentissage.
Save the Children et ses partenaires ont bénéficié d’un tel mécanisme dans le cadre du projet Sahélien financé par ECHO. Le « Crisis Modifier » a été déclenché pour s’adapter à la trajectoire évolutive et incertaine de la pandémie Covid-19 et de la situation sécuritaire, notamment via la distribution de messages de santé et d’hygiène vitaux, la distribution des matériels, etc. Le Crisis modifier a également permis d’apporter des réponses aux besoins autres que l’éducation, la protection et la santé mentale et l’appui psychosocial, initialement prévu par le projet, tel que la nourriture.
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :
La petite enfance (0-8 ans) est une étape critique du développement humain. Un développement important du cerveau, du corps et des émotions se produit au cours des premières années de la vie. Les interactions avec la famille et l’environnement au cours de ces premières années peuvent avoir un impact à long terme sur la santé physique, le bien-être social et émotionnel, les capacités cognitives ou intellectuelles et, par conséquent, sur le développement national.
La recherche a montré que l’investissement dans les premières années de la vie, avec des programmes de haute qualité pour la petite enfance, contribue fortement à l’augmentation des capacités de développement des enfants.
Malgré des progrès rapides au cours des deux dernières décennies, 37 % des enfants de 3 à 5 ans ont reçu une éducation pré-primaire dans 62 pays à revenu faible ou intermédiaire, avec de fortes inégalités entre pays; au Burkina Faso par exemple, seulement 1 enfant sur 20 fréquente la maternelle. Moins de 5 % des enfants ont accès à l’école maternelle dans certains pays touchés par un conflit.
Seulement, 51 sur 184 pays, soit 28%, ont rendu l’enseignement préprimaire obligatoire.
Parmi ceux-ci, elle est obligatoire pendant un an dans 29 pays, deux ans dans 13 et trois ans ou plus dans 9 pays. 55% des pays ont fourni aux enseignants du préscolaire des formations pendant la pandémie.
La fréquentation des établissements préscolaires varie considérablement selon des critères sociaux, économiques et culturels, notamment ceux liés aux normes de genre. Elle augmente avec l’âge, atteignant son niveau le plus élevé l’année précédant l’entrée à l’école primaire, sur laquelle porte l’indicateur mondial ODD 4.2. Les enfants défavorisés, déjà bien plus touchés par la malnutrition et la mauvaise santé, vivant dans une environnement moins stimulant, sont aussi moins à même d’accéder aux services d’éducation de la petite enfance.
Le manque d’infrastructure, la privatisation et le manque de services publics, la persistance des barrières culturelles et de la pauvreté, l’insuffisance de personnel et le manque de formation adaptée à ce niveau d’âge freinent considérablement le développement d’une éducation de la petite enfance (EPE) inclusive et de qualité.
Tous les enfants ont droit à l’éducation, comme le stipulent la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. L’éducation de la petite enfance fait partie intégrante de ce droit.
Cette vision s’inscrit dans l’objectif de développement durable 4.2 qui vise à « d’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire ». La petite enfance est définie par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies (CDE) comme la période allant de la naissance à l’âge de huit ans.
Une éducation et une protection de la petite enfance (EPPE) de qualité et véritablement inclusives constituent la base du bien-être émotionnel et de l’apprentissage tout au long de la vie.
Les services pour la Petite Enfance sont les meilleurs investissements que puisse faire un pays car ils favorisent un développement holistique, l’égalité des genres et la cohésion sociale.
Les recherches sur l’EPPE démontrent son importance, notamment en ce qui concerne la lutte contre les inégalités y compris d’accès à l’école primaire, ses effets sur l’augmentation de la participation à l’école et la diminution des taux de décrochage scolaire. L’éducation des petits enfants est non seulement un levier pour la réussite scolaire des enfants défavorisés, mais également un moyen de lutte contre la mortalité infantile et la maltraitance et un outil pour sensibiliser les parents aux enjeux de l’éducation et à la protection sanitaire de l’enfant. Qui plus est, l’évolution de la société, y compris dans les pays partenaires, avec une croissance des femmes qui travaillent et des jeunes filles mères qui poursuivent leurs études ou souhaitent les reprendre suscite un véritable besoin de prise en charge de la petite enfance dès le plus jeune âge. Or la petite enfance n’est toujours pas aujourd’hui une priorité politique dans les pays d’interventions, malgré les besoins croissants, et son importance pour le développement humain.
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Afin de répondre à cette demande, Planète Enfants & Développement a créé un module de formation au métier d’assistant.e maternel.le (Certificat de Qualification de Base) avec le Ministère de la formation professionnelle et en coordination avec le ministère de l’action sociale en charge de la petite enfance au Burkina Faso. Cette formation s’adresse prioritairement à de jeunes femmes dotées d’un petit niveau scolaire, sachant lire et écrire mais n’ayant pas forcément dépassé le primaire. Afin de mener à bien cette formation, PE&D a formé des formateurs, et a ensuite accompagné les jeunes femmes formées vers l’emploi. Les jeunes femmes ont été accompagnées vers un emploi salarié au sein des crèches privées – (il y a qu’une seule crèche publique au BF) ou vers l’entrepreneuriat pour celles qui souhaitent créer leur propre structure (partenariat avec Entrepreneurs du monde). Ces jeunes femmes continuent d’être accompagnées pour assurer un équilibre financier mais également la qualité des structures. L’objectif est d’assurer le maximum de qualité avec les ressources dont ces jeunes femmes disposent. L’objectif fixé par PE&D avec le ministère de l’action sociale est de créer une réglementation – aujourd’hui absente – basée sur quelques structures pilotées dans le cadre du projet , qui fonctionnent. L’objectif est également que la formation soit reprise par des centres de formation et soit accessible à toutes. Ce projet s’articule aussi autour d’un partenariat avec une IMF pour que les femmes puissent bénéficier de microcrédits et investir dans l’équipement et aménagement de leur structure d’accueil. Cette formation est également dispensée au Campagne dans des villages, zone rurale, elle s’accompagne de construction de crèches, de formation du personnels puis accompagnement à l’autonomisation des crèches avec un appui des communes.
Au Cambodge, PE&D développe un projet similaire en zone rurale avec la Banque Mondiale. L’approche diffère dans la mesure où PE&D forme les assistantes maternelles, construit les crèches et en confie la gestion aux communes. Il s’agit de services qui ont vocation à devenir publics. Dans les deux pays, des séances d’animation parentale sont organisées, y compris sur le rôle du père. Un travail de sensibilisation et de pédagogie est fait également auprès des maris afin de faire comprendre l’importance du travail, et d’encourager l’accompagnement de leur femme.
Au Burkina Faso, PE&D accompagne le développement de jouets locaux, adaptés aux pays via un appui à une entrepreneuse à créer son entreprise « jouets et supports éducatifs Biipop, marque africaine engagée pour l’avenir des enfants ». Ils ont été accompagnés par un incubateur burkinabè. BiiBOP rassemble de nombreux artisans locaux aux compétences diverses (couture, cubes, marionnettes, etc.) pour créer leur collection, avec au cœur la qualité et la sécurité des petits. Les matériels pédagogiques ne sont pas stéréotypés et favorisent une éducation non sexiste. PE&D développe et pilote également des aires de jeux publiques, quasi inexistantes dans les zones d’interventions et notamment dans les centres urbains. L’objectif est de développer des espaces communautaires avec des jeux solides et sécurisés pour les plus petits, qui soient entretenus par la communauté.
A la demande de la Directrice de l’Enseignement Maternel, le Gref a mis en place le projet Petite Enfance au Bénin afin de valoriser les pratiques de jeux dans les établissements maternels (3 à 5 ans). Le curriculum de l’École Maternelle du Bénin fait une très large place à la pratique du jeu, jeu au service de l’épanouissement des enfants et des apprentissages. Cependant la pratique dans les classes est quasiment inexistante et c’est suite à ce constat que la DEM a fait appel au GREF.
Plusieurs raisons peuvent être évoquées, entre autres, une formation insuffisante des enseignants, un corps d’encadrement peu formé à l’école maternelle, un manque de moyens, mais aussi un rapport au savoir qui ne permet parfois pas d’appréhender l’impact de la pratique du jeu sur le développement de l’enfant.
Le projet s’est développé selon trois axes :
Le projet a concerné les Conseillers Pédagogiques et les RUP, Responsables d’Unités Pédagogiques, qui sont responsables de l’animation pédagogique dans une zone géographique donnée mais également chargés de classe.
Chaque session se déroule en quatre temps :
Le projet vise à solliciter la créativité des enseignants et l’autonomie des enfants, ce qui peut parfois susciter une réticence de la part de certains enseignants. La représentation de l’école lieu d’apprentissage et de transmission peut sembler être en opposition à des pratiques qui visent l’autonomie et la créativité des enseignants et des enfants. Néanmoins on note une forte adhésion des enseignants impliqués dans le projet.
Les parents doivent être sensibilisés sur l’importance de la petite enfance et impliqués dans le développement de leur enfant.
Pour répondre à cette demande, Save The Children a développé l’approche Ready to Learn. RTL est un modèle évolutif permettant de construire les bases de l’apprentissage précoce pour les filles et les garçons âgés de trois à six ans, tant dans les centres qu’à la maison, afin de garantir leur réussite à l’école primaire et au-delà. Cette approche se concentre sur cinq compétences émergentes en lecture et écriture : Parler et écouter, Déchiffrer les caractères imprimés, Savoir ce qu’est un livre, Connaître l’alphabet et Comprendre les sons et les mots. Ainsi que cinq compétences émergentes en calcul : Nombres et calcul, Modèles, Tri et classement, Comparaison et mesure et Géométrie. L’approche «Prêts à Apprendre» comporte trois composantes :
Dans le cadre du projet « Investir pour la petite enfance », PE&D met en place des dispositifs de sensibilisation à la parentalité afin d’assurer une bonne prise en charge des enfants. Ces actions d’éducation parentale s’adressent aux mères et aux pères : des messages visent à valoriser le rôle des pères dans l’éducation de leurs enfants et les encouragent à s’impliquer davantage.
Le Gref a également intégré le soutien à la parentalité dans le cadre du projet « Renforcement des compétences des encadreurs de la petite enfance » au Sénégal. La question de la relation avec les familles a été posée dans la formation de l’encadrement, en termes de compétence dont ils avaient besoin de développer auprès des animateur.rice.s et enseignant.es.
Afin de faire évoluer les processus d’enseignement et en particulier de mettre en place des pédagogies plus actives, il est important d’intervenir en formation initiale des enseignant.e.s et des cadres.
PE&D propose des formations pour les enseignant.es des écoles préscolaires, et met à disposition des outils et du matériel pédagogique pour leur permettre d’acquérir les compétences requises et d’améliorer leurs pratiques. Le développement du secteur professionnel de la petite enfance est porteur d’emplois pour les femmes.
Dans ce cadre, PE&D a mis en place au Burkina Faso une plateforme numérique « La Boîte à Outils du Préscolaire au Burkina Faso (BOP) » pour les professionnels des pré-scolaires avec pour objectif de la développer et de l’adapter. La BOP donne accès à des idées d’activités et à des ressources du ministère. Elle accompagne les professionnels dans leur quotidien.
Le projet « Renforcement des compétences des encadreurs de la petite enfance » co-construit entre le Gref, et l’ANPECTP (Agence Nationale de la Petite Enfance et de Case des Tout Petits) au Sénégal, vise à améliorer l’accueil des enfants de 3 à 5 ans par le biais des encadreur.se.s de la petite enfance en concevant un plan de formation à l’échelle du territoire. Le projet s’inscrit dans une volonté politique d’améliorer la qualité de l’accueil dans les structures de la Petite Enfance. L’ANPECTP s’appuie sur des enseignant.e.s chevronné.e.s, qui ont bénéficié d’une formation conjointe ANPECTP et GREF. Leur mission est d’accompagner les enseignant.e.s et les animateurs de terrain, dans le but d’améliorer la conduite des activités d’apprentissage et la qualité de l’accueil des enfants. Le projet s’inscrit dans la politique du pays. Le travail est mené avec les éducateurs/ inspecteurs de la petite enfance et les autorités institutionnelles (Agence d’Etat/ directions Santé Nutrition (0-6 ans). L’ANPECTP définit à chaque mission le rôle et la place du GREF dans la mise en place des formations. Des références communes ont été construites.
Démarche de formation :
L’accompagnement des formations s’est déroulé selon quatre phases :
Pour parvenir à la mise à l’échelle, le plan national de formation a reposé sur le portage par une région ayant bénéficié de formations auprès d’une autre région – dispositif d’entraide et de mise en réseau entre les format.rice.eur.s des régions basées sur la démarche « mbootu » – jusqu’à un développement au niveau de toutes les régions du Sénégal.
Afin de définir les missions, les qualités et les savoir-faire attendus par un.e professionnel.le de la part d’un.e encadreur.se, un guide « Guide des Encadreurs de la Petite Enfance » a été élaboré par l’ANPECTP (Agence Nationale de la Case des Tout Petit) en partenariat avec le Gref. L’animation des formations sur le territoire a été menée par les formateur.rice.s locaux. Ces formations ont permis d’améliorer les pratiques sur le terrain et les taux de réussite aux examens professionnels des enseignant.e.s.
A l’occasion de la journée internationale des femmes au Burkina Faso, PE&D a créé une crèche mobile avec des assistantes maternelles, sur le lieu de l’assemblée des femmes avec la visite de la ministre de l’action sociale et de la Première Dame. Cela a créé une circulaire pour demander à ce qu’il n’y ait plus un événement national sans crèche à disposition pour accueillir les enfants, et définir les règles d’une crèche mobile.
PE&D accompagne également au Cambodge les communes dans le développement et la reconnaissance officielle par le Ministère d’écoles communautaires maternelles via la construction, ou des subventions à la communes qui va ensuite chercher d’autres fonds pour construire son école. Cela passe également par la formation d’institut.eur.rice.s à la maternelle.
Le projet « Renforcement des compétences des encadreurs de la petite enfance » du Gref, mené au Sénégal, s’inscrit complètement dans la politique du pays. Le travail est mené avec les éducateurs/ inspecteurs de la petite enfance et les autorités institutionnelles (Agence d’Etat/ directions Santé Nutrition (0-6 ans)). L’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout petits (ANPECTP) définit à chaque mission le rôle et la place du GREF dans la mise en place des formations. Des références communes ont été construites.
La démarche adoptée par l’ANPECTP et le GREF au Sénégal, tout comme celle du Ministère au Bénin a constamment accompagné l’innovation et visé la pérennisation.
Dans le cadre du projet « Soins et développement intégrés de la petite enfance dans la communauté », Save The Childrens, en partenariat avec les autorités et les communautés municipales au Kosovo a soutenu la mise en place de services EPPE pour la première fois dans les zones rurales, en assurant un accès aux services intégrés de la petite enfance aux enfants de 0 à 6 ans, même au-delà de la durée du projet. Un soutien a aussi été alloué aux municipalités pour l’engagement de nouveaux éducateurs préscolaires/pré-primaires, un dans chaque zone rurale ciblée. Les autorités municipales et les communautés rurales ont été mobilisées pour mettre en place des services intégrés en faveur de la petite enfance, consistant en une éducation parentale pour les parents d’enfants de 0 à 6 ans sur la santé, la nutrition et la parentalité positive, et en une éducation préscolaire en centre pour les enfants de 3 à 6 ans. En outre, la coopération intersectorielle entre les prestataires de services d’éducation, de santé et de protection sociale au niveau municipal a été encouragée afin de garantir que les filles, les garçons et la communauté bénéficient de services publics améliorés pendant leur petite enfance.
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :
Malgré tous les efforts investis dans l’éducation pour atteindre l’objectif de développement durable 4, les constats (pré-pandémie) liés à la crise de l’apprentissage dans le monde restent alarmants et des millions d’enfants et de jeunes sont encore marginalisés : 250 millions d’enfants et de jeunes restent encore non-scolarisés. La moitié de tous les enfants des pays à revenu faible ou intermédiaire sont incapables de lire et d’écrire une phrase simple à l’âge de 10 ans (Banque mondiale, 2019). Des millions d’enfants et de jeunes se retrouvent ainsi dans l’impossibilité de développer des compétences dont ils ont besoin pour sortir de la pauvreté. La qualité et l’accès à l’éducation et les possibilités de développement des compétences sont limités, en particulier pour les enfants et les jeunes les plus marginalisés, y compris les filles, les enfants handicapés et les enfants touchés par les situations d’urgence.
Si la transformation numérique a bouleversé la société et l’économie, avec des conséquences toujours plus importantes sur la vie quotidienne, son incidence sur l’éducation et la formation était limitée jusqu’à la pandémie de Covid-19. Si le numérique, à travers l’enseignement à distance, est apparu comme la solution incontournable pour assurer une continuité éducative durant la pandémie de Covid-19, il n’en demeure pas moins que de nombreux enjeux se posent :
Le plus grand défi du numérique dans l’éducation reste la fracture numérique, qui se caractérise par des inégalités dans l’accès aux technologies de l’information et de la communication mais aussi dans les compétences en numérique. Cette fracture laisse la moitié des enfants et jeunes de côté, limitant l’accès aux mêmes opportunités que leurs pairs connectés.
Selon l’UNICEF, 3,6 milliards de personnes (soit pratiquement la moitié de la population mondiale) dans le monde n’ont pas accès à Internet.
Le manque d’accès à Internet constitue un facteur d’exclusion, qui limite les opportunités pour les enfants et les jeunes les plus vulnérables de réaliser leur potentiel.
La fermeture des écoles liée à la crise sanitaire de la COVID-19 a renforcé les réalités déjà difficiles pour les enfants et les jeunes.
Au moins un tiers des élèves – soit 463 millions d’enfants dans le monde – n’ont pas eu accès à l’enseignement à distance lorsque leur école était fermée.
Le numérique, y compris dans le cadre d’une éducation non formelle, peut constituer un formidable levier d’éducation à la citoyenneté et d’exercice même de cette citoyenneté, et donc d’émancipation, notamment pour les filles et jeunes femmes. Les enfants et les jeunes ne possèdent cependant pas toujours l’esprit critique et les informations nécessaires pour pouvoir faire face à la désinformation et aux potentielles menaces que comportent les espaces numériques, y compris les violences sexistes.
Dans un monde de plus en plus connecté mais aussi de plus en plus instable (crises sécuritaires, crise sanitaire, crise climatique, etc. qui menacent quotidiennement l’éducation),
le numérique peut permettre de construire des systèmes éducatifs plus résilients, à condition que les investissements, la volonté politique, et la mise en œuvre de stratégies spécifiques le permettent.
Des solutions d’apprentissage numérique conçues pour améliorer l’enseignement des enseignant.e.s ont tendance à être les plus efficaces, en particulier lorsqu’elles sont conçues pour compléter – et non remplacer – les meilleures pratiques d’enseignement. Le mélange améliore donc l’apprentissage : la combinaison de l’apprentissage en ligne avec l’enseignement en face à face produit généralement de meilleurs résultats qu’en face à face ou en ligne seul. Dans ce sens, le numérique encourage ainsi la transformation des pratiques éducatives. Dans une optique de complémentarité, il est essentiel d’utiliser les contenus des ministères et de les compléter en mettant notamment l’accent sur les soft skills. L’outil pédagogique Learning Passport conçu par UNICEF en partenariat avec Microsoft utilise le contenu déjà déployé par les ministères locaux mais ajoute également, avec l’approbation du Ministère, des contenus valorisant les compétences de vie (communication, leadership, etc.) qui ne sont pas forcément mis en avant dans les curricula officiels.
Les compétences de base peuvent être renforcées en mathématiques mais aussi en lecture via l’apprentissage numérique (lié à l’augmentation de l’offre de matériel d’alphabétisation et de livres via des applications éducatives, des moteurs de recherche, des vidéos, des technologies portables, et des activités interactives offrent aux étudiants un apprentissage en continu qui peut contribuer à améliorer la lecture). Cependant, il convient de noter que certaines études soutiennent que les étudiant.e.s lisant les textes imprimés obtiennent de bien meilleurs résultats en compréhension de lecture que ceux qui les lisent numériquement.
La variété des solutions d’apprentissage numérique désormais disponibles (apprentissage interactif en ligne, simulation, jeux numériques, etc.) offrent aux enseignant.e.s et aux élèves des possibilités d’enseignement et d’apprentissage supplémentaires pour la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM).
Bien qu’il existe peu de preuves concernant l’efficacité de l’apprentissage numérique pour les élèves porteurs de troubles d’apprentissage ou de handicaps, certaines études ont montré que la technologie d’assistance (TA) peut non seulement faciliter l’apprentissage des élèves en situation de handicap, mais aussi améliorer leur performance.
En plus d’investir dans l’accessibilité aux TIC, il est ainsi nécessaire en parallèle de renforcer les capacités de l’ensemble des acteur.rice.s impliqué.e.s dans l’utilisation et l’appropriation des outils numériques.
Bibliothèques Sans Frontières (BSF) fait du transfert de compétences (que ce soit dans la prise en main de l’outil numérique (Ideas Box, Ideas Cube, ou les cartes SD Kajou) ou dans la création de contenus) un élément clé de chacun de ses projets. Les partenaires locaux, les animateurs.rices, les enseignant.e.s sont ainsi accompagné.e.s et formé.e.s dans cette optique à travers des ateliers, des formations, etc. tout au long du projet. BSF définit l’éducation numérique par l’éducation par le numérique et l’éducation au numérique. Elle travaille avec des classes/enseignant.e.s pour les aider à monter en compétences sur la maîtrise des outils et faire que cela s’intègre dans leurs pratiques quotidiennes, qu’ils.elles y trouvent un intérêt propre. L’idée n’est pas de remplacer l’enseignant.e mais de le renforcer dans ses pratiques et ses compétences.
Dans le cadre du projet d’appui à l’initiative de plateforme en ligne « Apprendre à la maison » impulsé par ChildFund Sénégal en 2020 en partenariat avec Un Enfant par la main (UEPLM), une communication auprès des autorités éducatives, administratives et locales puis des parents et des élèves a d’abord été mise en place pour susciter leur adhésion au projet à travers des radios communautaires, des réunions communautaires et des visites à domicile. Les enseignant.e.s et les élèves ont ensuite été formés à l’utilisation de la plateforme et aux outils numériques par l’Université Virtuelle du Sénégal avec le concours de l’Inspection de l’Education et de la Formation de Diourbel et de la Fédération du Baol.
L’un des défis majeurs liés au développement du numérique dans l’éducation est d’assurer la protection de l’enfance et notamment des enfants les plus vulnérables face aux dangers du numérique : cybercriminalité, sécurité, bien être des enfants, etc. L’UNICEF a créé une checklist pour s’assurer que la protection de l’enfance soit bien prise en compte dans le développement de l’apprentissage par le numérique. En effet, le passage à un apprentissage plus numérique peut changer les routines quotidiennes des enfants. A moins d’être bien géré, cela peut compromettre leur bien-être et leur développement à long terme, en particulier chez les enfants les plus vulnérables. Le temps passé sur internet génère également de plus en plus de données, ce qui augmente les risques en matière de cybersécurité, de confidentialité, de propriété des données. En partenariat avec Un Enfant par la Main, ChildFund Sénégal a également sensibilisé les enfants ciblés par le projet « Apprendre à la maison » aux dangers de l’utilisation des réseaux sociaux.
Il est important d’adapter les outils et contenus éducatifs au contexte du lieu d’intervention.
Un diagnostic ou un état des lieux doit ainsi toujours précéder la mise en œuvre d’un projet d’éducation numérique.
Bibliothèques Sans Frontières sélectionne des contenus après un diagnostic : l’équipe projet va rencontrer les populations cibles, les animateurs.rices, les partenaires mais également établir un état des lieux des écosystèmes existants avant d’effectuer une première sélection des contenus, qui est validée par les partenaires. Tout au long du projet, Bibliothèques Sans Frontières accompagne les partenaires dans la création de contenu avec des formations spécifiques sur l’utilisation de devices pour créer du contenu, sur la création de contenu en lui-même, sur son intégration sur le serveur support mais aussi sur la médiation autour du contenu créé. Après quelques mois de développement, un diagnostic complémentaire est effectué en vue d’une mise à jour de contenus, basée sur les contenus les plus/les moins appréciés par les bénéficiaires (en termes de format et de thématique). Les partenaires peuvent ajouter du contenu directement dans les Ideas box et cube via l’interface administration. BSF développe également une market place : les partenaires pourront y accéder directement et sélectionner leurs contenus sans que cela transite par le siège.
Les outils développés par BSF sont intuitifs, ergonomiques avec du contenu adapté aux langues locales et aux publics cibles (ex : populations analphabètes). Ils sont également robustes et facilement transportables (notamment dans le cadre de l’Ideas cube) car peuvent être déployés dans des environnements peu hospitaliers.
BSF est pionnier dans la technologie offline (IdeasBox, Ideas Cube – serveur sans internet et Kajou – micro-SD connecté à une application) qui permet de contourner le problème de la connectivité, et fait partie du consortium pour l’Internet Offline.
Le Learning Passport développé par UNICEF permet d’assurer la continuité pédagogique. Il n’y a pas de curricula universel, l’UNICEF établit localement un partenariat avec le Ministère de l’éducation. Le contenu déposé dans la plateforme est réalisé en partenariat avec le ministère bien qu’il y contiennent des éléments universels à partir d’une bibliothèque virtuelle. Dans le cadre du Learning Passport, l’UNICEF a développé trois modèles offline déployés en priorité dans les pays les plus vulnérables.
Si l’éducation numérique permet d’assurer une continuité pédagogique en cas de rupture (telles que des grèves répétitives) ou de crises (sanitaire, sécuritaire, etc.), sur le long terme il est impératif que l’apprentissage numérique s’insère dans les programmes éducatifs.
Dans le cadre du projet appui à l’initiative « Apprendre à la maison » de ChildFund Sénégal et UEPLM, et alors que le retour à l’école redevient à la norme durant l’année 2021-2022, la plateforme vient combler les gaps dans l’enseignement des enfants ne pouvant aller à l’école et renforcer voir créer un temps d’apprentissage à la maison. L’éducation numérique n’est donc pas seulement une opportunité additionnelle d’apprentissage, mais s’intègre au cursus : les élèves sont encouragés à utiliser la plateforme à l’issue de leur journée d’école.
Certains parents ont fait remonter – lors de l’évaluation finale du projet – une réduction du temps de travaux domestiques des enfants au profit d’une augmentation du temps d’apprentissage à domicile. Cela est notamment lié au format ludique de la plateforme : l’accent a été mis davantage sur les exercices que sur les leçons théoriques.
Au-delà d’assurer une continuité pédagogique, le numérique peut aussi permettre de renforcer le lien élèves/enseignant.e.s à travers des outils spécifiques. ChildFund Sénégal et UEPLM ont ainsi mis en place un chat/forum accessible sur la plateforme afin de créer un suivi individualisé des élèves dans un contexte de surpopulation des classes, et créer un espace de co-apprentissage et de partage d’expérience entre les élèves. Durant la phase pilote du projet, le chat a été davantage utilisé par les enseignant.e.s que par les élèves.
L’appropriation de l’éducation numérique par les populations cibles tout comme la collaboration multi-acteur.rice.s dans sa conception, son déploiement et sa mise en œuvre sont nécessaires pour assurer la pérennité du numérique dans l’éducation.
La collaboration avec les ministères de tutelle (et notamment le Ministère de l’Éducation) est incontournable. Dans le cadre du Learning Passport, l’UNICEF établit – à travers ses antennes locales – un partenariat étroit avec le Ministère de l’éducation local qui approuve tous les contenus mis en ligne.
Bibliothèques Sans Frontières, collabore également avec les ministères de tutelle afin de permettre l’adéquation du projet avec les stratégies étatiques. Au Burundi, BSF co-construit les projets avec les ministères. Par exemple, dans le cadre d’un projet sur la santé sexuelle et reproductive, le Ministère de la santé a validé tous les contenus numériques.
Le projet d’appui à l’initiative « Apprendre à la maison » porté par ChildFund Sénégal< et UEPLM s’inscrit également dans la volonté d’accompagner le gouvernement du Sénégal dans le développement de stratégies et de supports éducatifs adaptés aux contextes de crise (au-delà de celle liée à la COVID-19) pour l’apprentissage à distance.
Assurer la pérennisation implique également de travailler, à un niveau plus micro, en étroite collaboration avec les partenaires et les autorités locales.
L’une des activités principales du projet « Apprendre à la maison » est la mise en place d’un comité technique composé d’inspecteur.rice.s de l’éducation et de la formation, de directeur.rice.s d’écoles élémentaires, de principaux du moyen général, de proviseur.e.s du secondaire, d’enseignant.d.s de l’élémentaire, de professeur.e.s de moyen/secondaire, de représentant.e.s des parents et des élèves, et des représentant.e.s des partenaires locaux. Les représentant.e.s des élèves ont été désigné.e.s par leurs pairs à travers les « gouvernements scolaires » des écoles élémentaires et du moyen. Le comité a pour mission d’élaborer les termes de références y compris l’agenda de travail ; de développer pour chaque niveau les contenus pédagogiques en prenant en compte les élèves à faible niveau pour diverses raisons ; d’identifier les supports et les outils pour les enfants habitants des zones reculées dont l’accès aux écoles reste difficile ; d’identifier les enseignant.e.s formé.e.s à dispenser les cours ; de former les enseignant.e.s sur les outils et l’utilisation des supports grâce à un partenariat avec l’Université Virtuelle du Sénégal mais aussi d’assurer le suivi de la mise en œuvre du projet.
Pour favoriser la pérennité de l’outil, ChildFund Sénégal et UEPLM retiennent qu’il est essentiel :
Le transfert de compétences aux populations cibles et aux partenaires locaux est essentiel à l’appropriation du projet. Bibliothèques Sans Frontières met en place un accompagnement tout au long des projets à travers des ateliers, formations, etc. et rend publics tous les supports de formations. BSF porte également un plaidoyer en faveur de l’open source.
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :
Le PASEC dresse un constat inquiétant sur les performances des systèmes éducatifs de 10 pays d’Afrique subsaharienne francophone. La grande majorité des élèves ne dispose pas des compétences attendues à la fin du cycle primaire. Pour certains pays, cette situation est alarmante.
En examinant également les facteurs de la réussite scolaire dans les pays concernés, le rapport constate que la faible performance des élèves est liée à l’absence d’alphabétisation des parents, l’entrée tardive à l’école, les conditions de scolarisation dans les zones rurales, le manque de qualification des enseignant.e.s et de ressources.
387 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire, soit 56 % d’entre eux, ne possèdent pas les compétences de base en lecture.
Ce chiffre s’élève à 81 % en Asie centrale et en Asie du Sud, à 87 % en Afrique subsaharienne, mais ne représente que de 7 % en Europe et en Amérique du Nord.
Selon l’ évaluation, les professeur.e.s se déclarent insatisfait.e.s de la qualité des programmes scolaires, des infrastructures, de la disponibilité des fournitures scolaires et de leur salaire.
Par ailleurs, les enseignant.e.s jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de l’apprentissage. Au-delà de tout autre facteur scolaire,
la qualité de l’enseignement est l’élément le plus important de l’apprentissage des élèves, «en veillant à ce qu’ils soient qualifiés, motivés et bien soutenus».
Qui plus est, la pandémie de Covid-19 a fortement impacté les systèmes éducatifs, en accroissant les inégalités d’accès aux apprentissages de qualité. Même avant le COVID-19, plus de la moitié des enfants de 10 ans dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ne pouvaient pas lire une histoire simple. Ce phénomène a été exacerbé par la pandémie et atteint désormais 70%. De nouvelles données publiées par la Banque mondiale, l’UNESCO et l’UNICEF montrent que la génération actuelle d’étudiants pourrait désormais perdre environ 17 000 milliards de dollars de revenus à vie – contre 10 000 milliards de dollars auparavant – si cette crise des apprentissages n’est pas résolue.
La productivité de 56 % des enfants du monde sera deux fois moindre que ce qu’elle pourrait être s’ils bénéficiaient d’une éducation de qualité et d’un bon état de santé.
Scolariser les enfants ne suffit pas, si la qualité de l’éducation et de l’environnement d’apprentissage, notamment communautaire, n’est pas assurée.
Réfléchir aux facteurs contribuant à la qualité de l’éducation nécessite d’adopter une vision holistique et intégrée.
Save the Children, sur la base de son expérience de travail en éducation avec les enfants, les familles et leurs communautés, a développé le « Cadre d’Apprentissage de Qualité » (Quality Learning Framework en anglais) qui décrit sa meilleure compréhension de ce qui constitue une éducation de base de qualité. Ce cadre d’apprentissage met en avant le rôle clef d’une approche holistique afin d’assurer la qualité de l’éducation que reçoivent les enfants. Il servira de cadre de référence pour la présentation des bonnes pratiques de cette fiche.
Afin d’assurer la qualité des formations proposées aux enseignant.e.s et de l’apprentissage des enfants, le choix des thématiques de formation devrait répondre aux besoins dans tout contexte.
Pour répondre à la pénurie mondiale d’enseignant.e.s motivé.e.s et bien formé.e.s, Save the Children propose par exemple l’approche méthodologique « Enabling Teachers » qui met notamment en avant l’importance de réaliser de manière systématique des évaluations intégrées et holistiques des besoins des enseignant.e.s.
La première étape de cette approche est ainsi la réalisation d’une analyse contextuelle, qui se base sur des données désagrégées et qui prend en compte les aspects suivants : besoins en développement professionnel/formations des enseignant.e.s, expérience en classe, bien-être, motivation, état de l’environnement de travail, résultats d’apprentissage des enfants. Une attention particulière est également apportée aux politiques existantes en termes de développement professionnel comme l’identification de cadre de compétences des enseignant.e.s (soit les compétences qu’un.e enseignant.e compétent devrait avoir – connaissances, des compétences et des comportements/attitudes par exemple).
Dans l’approche « Unlock Literacy » de World Vision, née d’un partenariat initial avec Save the Children dans le cadre de la mise en oeuvre de l’approche méthodologique « Literacy Boost » dans plus de 20 pays, World Vision propose des modules de formation permettant aux enseignant.e.s d’accompagner les enfants à développer les 5 compétences clés de la lecture:
World Vision associe les inspecteur.rice.s académiques à l’ensemble de ces formations pour qu’ils soient ensuite en mesure d’accompagner et de suivre de façon adéquate les enseignant.e.s dans la mise en œuvre de l’approche Unlock Literacy. Une fois les inspecteur.rice.s formé.e.s, ils s’engagent à tenir des cellules pédagogiques régulières avec les enseignant.e.s pour faire le point sur leurs éventuelles difficultés. Lors des inspections qu’ils mènent, ils sont également en mesure d’évaluer la bonne mise en œuvre de l’approche Unlock Literacy.
Dans son projet d’appui au développement du service d’éducation locale via la formation des enseignant.e.s, Hamap, en partenariat avec Actions solidaires, a renforcé la compréhension qu’ont les enseignant.e.s du système éducatif burkinabè ainsi que leurs compétences d’enseignements à travers 4 modules de formation :
De plus, la recherche apporte une attention particulière à la motivation et au bien-être des enseignants. Pour cela, les enseignant.e.s doivent être payé.e.s à la hauteur de leur contribution au bien-être des enfants, ce qui est rarement le cas. Au-delà de l’aspect financier, il est également important de prendre en compte les conditions matérielles de travail des enseignant.e.s: il faut qu’ils/elles puissent enseigner dans un milieu sécurisé, décent en ayant accès aux ressources matérielles nécessaires. Dans beaucoup trop de cas, les enseignant.e.s doivent encore exercer leur métier dans des classes surpeuplées, sans électricité, sans eau potable ou sans accès à des installations sanitaires de base.
L’approche « Enabling Teachers » de Save the Children, est développée pour faire face à ces contradictions. Elle encourage l’abandon de l’approche ponctuelle de la formation et soutient des programmes qui offrent aux enseignant.e.s des possibilités permanentes d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences, d’appliquer ce qu’ils/elles ont appris, d’y réfléchir et d’obtenir le soutien de leurs pairs et d’expert.e.s. Le modèle multi-approches et méthodologies de développement professionnel proposé est le suivant : environ 20% d’apprentissage auprès d’expert.e.s, environ 30% d’apprentissage auprès de pairs et environ 50% d’apprentissage autodirigé.
Le programme « RÉALISE » de Save the Children, comprend des cycles trimestriels de développement professionnel qui commencent par un atelier animé par un formateur/coach, suivis de cercles d’apprentissage par les pairs, d’observations de cours, de discussions de coaching et d’auto-apprentissage/pratique tout au long du trimestre afin d’assurer la qualité des formations reçues.
Dans son projet d’appui au développement du service d’éducation locale- formation des enseignant.e.s au Burkina, Hamap a également adopté cette approche de méthodologies plurielles. Le groupe d’enseignant.e.s reçoit des sessions plénières qui s’accompagnent d’ateliers et cas pratiques sur la base d’une approche ludique et participative.
Le Projet « j’apprends si je comprends », mené par Solidarité Laïque vise à intégrer les langues premières des enfants dans les programmes scolaires. Des techniques de formations sont proposées, et notamment via des outils pédagogiques innovants comme la création et la distribution d’un kit méthodologique audiovisuel pour les enseignant.e.s visant à proposer des illustrations concrètes de techniques de classe bi-plurilingues.
Figurent dans ce kit :
Le kit propose à l’enseignant.e une méthodologie et une démonstration à travers un extrait de vidéo (classe modèle).
Garantir un environnement favorable aux apprentissages est essentiel pour assurer une éducation de qualité.
Cela impose de prendre en compte l’ensemble des droits spécifiques reconnus aux enfants par la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE) et de garantir, via une approche holistique, leur pleine et totale réalisation. Cette approche globale et transversale, est appelée « approche basée sur les droits de l‘enfant » (ABDE). Elle vise les causes profondes, immédiates, sous-jacentes et structurelles de la non-réalisation des droits de l’enfant et incite à agir sur les inégalités en ciblant les « laissé.e.s pour compte » et les plus vulnérables. Les enfants sont ainsi reconnus comme des détenteurs de droits, acteurs de leur propre développement et sont soutenus pour les revendiquer. Les débiteurs d’obligation (les Etats) et les acteurs responsables (la famille, la communauté, la société civile, etc.) doivent, eux, assurer le respect, la promotion et la protection des droits de l’enfant en créant des environnements favorables à leur accomplissement et en mettant en place des mécanismes de recours.
Un environnement favorable aux apprentissages, basé sur cette approche doit donc se centrer sur la réalisation des droits des enfants et appliquer, sans aucune discrimination et de manière inconditionnelle, les principes des droits humains ainsi que les quatre principes directeurs de la CIDE : la non-discrimination, le droit de l’enfant à la vie, à la survie et au développement, l’intérêt supérieur de l’enfant, et le droit à la participation. Afin d’accompagner les acteurs à mettre en œuvre cette approche, des ressources documentaires et des outils existent. La check-list pour l’intégration de l’approche basée sur les droits de l’enfant développée par le Groupe Enfance de la Coordination Humanitaire et Développement permet notamment de s’assurer de la mise en œuvre et du respect de l’ABDE.
L’adoption d’une vision holistique, répondant et garantissant le respect des droits et des besoins des enfants au sein de l’environnement d’apprentissage, permet de garantir la qualité de l’éducation offerte aux enfants et aux jeunes.
Le « Cadre d’Apprentissage de Qualité » de Save the Children propose de garantir la qualité de l’éducation en travaillant autour d’un ensemble de composantes diverses et complémentaires, notamment assurer la protection émotionnelle et psychosociale des enfants, (incluant les interactions positives et respectueuses et l’apprentissage socio-émotionnel) et leur protection physique (incluant la sécurité des espaces d’apprentissages, l’accès aux services de santé, nutrition, infrastructures WASH). De la même façon, World Vision met en œuvre des programmes multisectoriels et holistiques puisqu’un enfant ne peut accéder à l’école que s’il est en bonne santé, bien nourri et que ses droits sont protégés.
De 2019 à 2022, Save The Children a mis en place le projet « Building Future for Children » dans les régions de Kailahun et Pujehun au Sierra Leone afin de renforcer l’accès des filles et des garçons à un enseignement de qualité dans un environnement d’apprentissage sûr et inclusif. Le programme se base sur la compréhension « holistique » de la qualité de l’éducation, répondant aux différents piliers du Cadre d’Apprentissage de Qualité.
L’intervention s’est notamment concentrée sur les piliers suivants :
1. Protection Émotionnelle et Psychosociale afin d’assurer que les enseignant.e.s et les enfants aient des comportements positifs et respectueux les uns des autres.
Les activités suivantes ont été mises en place :
2. Protection Physique afin d’assurer des environnements d’apprentissage sûrs et accessibles à tous les enfants.
Les activités suivantes ont ainsi été mises en place :
3. Enseignement et Apprentissage afin d’assurer que les enseignant.e.s utilisent des méthodes d’enseignement actives, centrées sur l’enfant, dans des langues que les enfants comprennent (ce pilier est abordé dans le grand I de cette fiche)
Les activités suivantes ont ainsi été mises en place :
4. Parents et Communautés afin d’assurer la participation des enfants, des parents et de la communauté aux décisions concernant leur école (aspect développé plus en profondeur au sein du III de cette fiche)
Les activités suivantes ont ainsi été mises en place :
La qualité de l’environnement d’apprentissage est également un point important.
Les enfants, filles et garçons, apprennent mieux et avec plus d’entrain dans un environnement d’apprentissage inclusif et stimulant.
Dans son approche « Literacy Boost », mise en place dans plus de 20 pays, Save the Children promeut l’amélioration de l’environnement d’alphabétisation à travers notamment la mise à disposition de matériel de lecture adapté à l’âge dans les langues locales. Les enfants doivent avoir accès à des supports de lecture pour apprendre à lire et à écrire. Pour cela, Save the Children renforce l’accès aux enfants à des supports variés de lecture afin de diversifier les histoires auxquelles les enfants sont exposé.e.s : accès à des textes de fiction (ou narratifs) ou non fictionnels (ou informatifs). De plus, les livres sont inclusifs, dépeignant de manière positive les personnages ou les individus ayant des capacités physiques, mentales et émotionnelles différentes, représentant des personnages masculins et féminins ainsi que reflétant positivement la culture et les traditions locales et promouvant également les droits de tous les enfants et de toutes les familles.
Parmi les bonnes pratiques identifiées par Save the Children pour la création d’un environnement d’apprentissage stimulant pour le développement des compétences de lecture et écriture, les suivantes peuvent être mises en avant :
De manière similaire, dans son approche « Unlock literac », visant à améliorer l’apprentissage de la lecture des enfants en cycle élémentaire, World Vision renforce la qualité de l’environnement scolaire, notamment à travers la rénovation, l’équipement et la décoration – avec des imprimés créés par les enfants et les enseignant.e.s – de salles de classe, et la création de coins bibliothèques dans les écoles.
Enfin, garantir la sécurité et la protection des infrastructures scolaires (mur de clôture autour d’une école pour empêcher les bêtes de divaguer ou les véhicules de passer, par exemple) ainsi que leur inclusivité sont des éléments nécessaires pour garantir la qualité de l’environnement d’apprentissage.
Mobiliser les communautés pour soutenir l’apprentissage des enfants est particulièrement important
.
Des environnements d’apprentissage de qualité en dehors de l’école aident les enfants à développer leurs compétences et à renforcer leur motivation à apprendre.
Dans les approches « Unlock Literacy » et « Literacy Boost », de World Vision et de Save the Children, focalisées sur l’apprentissage de la lecture des enfants, diverses activités sont proposées afin de soutenir le développement d’un environnement communautaire propice à l’apprentissage de la lecture.
Des clubs de lecture – animés par des volontaires locaux formés par les équipes des organisations – sont par exemple mis en place dans les villages. Ces clubs se tiennent en général deux fois par semaine et sont ouverts à l’ensemble des enfants d’un village, y compris les enfants non scolarisés. Des compétitions de lecture sont organisées entre écoles et l’ensemble de la population est conviée à ces événements. C’est souvent l’occasion pour les enfants de lire un texte à voix haute devant un public et de l’expliquer. Les parents sont encouragés à prendre en main les clubs de lecture. Des formations régulières sont également proposées aux animateur.rice.s volontaires des clubs de lecture dans les villages .
World Vision s’appuie sur les contes traditionnels en langue locale pour créer des matériels de lecture qui sont, de fait, adaptés et donc plus parlants pour les enfants. Les familles sont donc pleinement associées dans ce processus puisqu’elles transmettent aux équipes de World Vision les contes locaux. Ces contes sont utilisés dans les clubs de lecture, mais pas seulement. Dans beaucoup de ses pays d’intervention, comme au Sénégal ou en Ethiopie, les livrets de lecture édités par World Vision ont été validés par les inspections académiques et distribués dans l’ensemble des écoles publiques dans les régions où l’organisation intervient.
Aussi, les parents analphabètes sont outillés pour accompagner leurs enfants dans l’apprentissage de la lecture et dans leur scolarité, de façon générale. Des séances de sensibilisation des parents et de la communauté sont menées pour encourager l’accompagnement des enfants dans leur processus d’apprentissage de la lecture. Ils sont notamment incités à créer un coin lecture chez eux et à stimuler leurs enfants à lire et faire leurs devoirs à la maison.
De manière similaire, le projet de Solidarité Laïque « j’apprends si je comprends » vise également à sensibiliser les communautés sur le plurilinguisme à travers la diffusion d’un documentaire mettant en valeur les expérimentations bilingues.
L’approche commune de Save The Children « Enabling Teachers » a ainsi parmi ses objectifs, l’investissement dans le renforcement des politiques et des systèmes nationaux de développement professionnel afin d’améliorer l’environnement des enseignant.e.s.
Le programme « RÉALISE » (Réussite et Épanouissement via l’Apprentissage et L’Insertion au Système Éducatif) mené en République Démocratique du Congo a permis de former 2804 enseignant.e.s (423 femmes) et 149 inspecteur.rice.s scolaires (23 femmes) aux compétences nationales et prioritaires liées à la pédagogie, à l’alphabétisation et au calcul, à la sensibilité au genre et à l’éducation sensible aux conflits, ainsi qu’aux compétences permettant aux enseignant.e.s de répondre aux changements politiques et contextuels importants. Avec le soutien de Save the Children, la formation a été intégrée dans les politiques et systèmes nationaux et provinciaux existants en RDC et s’est appuyée sur ceux-ci, permettant de garantir l’appropriation et l’efficacité.
La mise en oeuvre et le suivi de ces bonnes pratiques sont conditionnés à quelques recommandations que nous détaillons ci-après :