La Société financière internationale (SFI) du groupe de la Banque mondiale s’engage officiellement à geler tous les investissements directs et indirects dans l'éducation privée à but lucratif, pour le pré primaire, le primaire et le secondaire. La Coalition Education se félicite de cette décision historique qui répond aux préoccupations de la société civile quant au respect du droit à l'éducation et appelle la France à en faire de même !
Cette évolution reflète la reconnaissance croissante des dommages causés par l'éducation à but lucratif, et l'importance du droit à l'éducation publique dans la politique internationale d'éducation. Nous n’avons cessé de le réaffirmer à la France : l’utilisation de l’aide pour financer des acteurs privés d’éducation enfreint l'engagement mondial pris envers l’Objectif de développement durable (ODD) 4 visant à assurer une éducation de qualité équitable et inclusive pour tou·te·s.
Alors que la pandémie du Covid est en train d'ébranler fortement les systèmes éducatifs dans le monde et que plus d’1,57 milliard d’enfants sont aujourd’hui privés d’éducation, il est inacceptable que la France continue d’allouer des financements à des chaînes commerciales au détriment de l’enseignement public.
La Coalition Education a demandé à plusieurs reprises à la France de cesser ses investissements dans les écoles à but lucratif, et à veiller à ce que l'aide à l'éducation soit utilisée pour renforcer une éducation publique gratuite et de qualité qui bénéficie à tou·te·s sans discrimination.
En mars dernier, nous avons alerté l’ONU, au côté de 12 organisations de la société civile, sur la violation des obligations de la France vis-à-vis du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels à travers son engagement auprès de la chaîne américaine d’écoles commerciales Bridge International Academies (BIA). Ce plaidoyer a porté ses fruits : dans un récent communiqué, l’ONU questionne la France sur l’impact du soutien à BIA sur les droits humains.
Ces annonces font suite à la mobilisation sans relâche de la société civile, qui a dénoncé les abus graves des droits humains commis par l’entreprise : ségrégation et exclusion, mauvaise qualité de l'éducation, non-respect des normes et des règlements, conditions de travail déplorables, recherche de profit, etc.
La situation est d’autant plus préoccupante que la pandémie du Covid continue de faire des ravages à travers le monde, et que l’éducation de milliers d’enfants et de jeunes est profondément touchée. Des solutions telles que des apprentissages alternatifs à distance se développent et certaines entreprises (Microsoft, Google, Facebook, etc.) profitent du contexte pour proposer des services éducatifs payants à but lucratif. Nous craignons un engouffrement des marchands de l’éducation dans les solutions d’enseignement alternatif ; et le risque durable d’une forte ouverture au secteur commercial dans l’éducation et les systèmes d’enseignement publics. L’égalité de tou·te·s, en particulier dans l’accès aux droits et aux services publics, est plus que jamais indispensable afin que la crise actuelle ne creuse pas les inégalités.
En cette période très préoccupante pour l’avenir de l'éducation dans le monde, il est d’autant plus primordial que la France cesse immédiatement son soutien à BIA - qui passe via Proparco - et veille à ce que tous les investissements contribuent à renforcer l'éducation publique et l'État de droit dans les pays prioritaires de l’aide, en protégeant les plus marginalisés.
La Coalition Education, aux côtés de ses partenaires, salue la décision historique de la SFI veillant à ce que tous les investissements dans l'éducation ne portent pas atteinte au droit à l'éducation, y compris à l'éducation publique et appelle la France à garantir :
Les Principes d'Abidjan sur le droit à l'éducation, récemment adoptés, énoncent les obligations existantes en matière de droits humains à cet égard et fournir des orientations sur la manière dont la France peut garantir que ses investissements soutiennent le droit à l'éducation publique.