À 20 jours de la conférence de reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation (PME), la Coalition Éducation appelle la France à annoncer une contribution significative au PME et à s’engager en faveur d’un financement efficace de l’éducation dans le monde.
En coprésidant la conférence de reconstitution des ressources du PME, la France adresse un message positif qui doit constituer la première étape d’un réengagement massif au Fonds et, plus généralement, d’un soutien renforcé en faveur de l’éducation au niveau international.
Mais aujourd’hui, la France n’a toujours pas annoncé officiellement sa contribution au PME, alors qu’elle s’est engagée « à montrer l’exemple et encourager les bailleurs à augmenter leur contributions triennales au PME en annonçant un renforcement substantiel de son effort financier pour le triennum 2018-2020 »1. La France – qui co-présidera la conférence avec le Sénégal - doit exprimer maintenant une contribution ambitieuse au PME pour encourager tous les États donateurs à faire de même le 2 février prochain. La Coalition éducation appelle à une contribution française de 300 millions de dollars sur la période 2018-2020, à la hauteur des objectifs volontaristes du PME fixés pour 2020.
La France a joué un rôle actif dans la création du PME et en a été un contributeur historique, avant de réduire considérablement son soutien financier : 50 millions d’euros pour la période 2011-2013 contre seulement 17 millions d’euros pour 2014 - 2017.
Le 2 février prochain représente une opportunité historique : les dirigeants du monde entier vont pouvoir s’engager à augmenter la part d’aide internationale à l’éducation alors qu’ils n’ont cessé de la diminuer - depuis 6 ans. Le montant total de l’aide à l’éducation s’élève à 12 milliards de dollars, soit une baisse de 4 % par rapport à 2010, alors que sur la même période, le montant total de l’aide au développement a progressé de 24 % (UNESCO).
Cette conférence a pour objectif de mobiliser 3,1 milliards de dollars de la part des bailleurs pour le PME pour la période 2018 – 2020. Il s’agit de soutenir l’éducation de 870 millions d’enfants dans 89 pays en développement, dans lesquels vivent 78 % des enfants non scolarisés dans le monde. Pour les pays en développement, l'objectif est qu'ils accroissent leur financement propre pour atteindre 20 % de leur budget national dédié à l’éducation
Les pays partenaires et du Sud, les organisations multilatérales, la société civile, le secteur privé et les fondations philanthropiques se retrouveront à Dakar. C’est la première fois qu’une telle reconstitution d’un fonds mondial a lieu dans un pays à faible revenu qui parraine, conjointement à une conférence de financement du PME, symbolisant ainsi l’esprit du partenariat du Fonds.
En 2015, le monde entier s'est engagé en faveur des Objectifs de développement durable (ODD) pour les quinze prochaines années et en particulier pour le cadre d'action Éducation 2030 visant à : « assurer l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie ».
Or aujourd’hui, malgré ces engagements, 264 millions d'enfants et de jeunes ne sont toujours pas scolarisés. Dans ce contexte, nous prenons le risque que les ambitions de l’ODD4 et du programme Éducation 2030 pour parvenir à une éducation inclusive de qualité pour toutes et tous d’ici 2030, soient drastiquement revues à la baisse. Seul un sursaut radical dans le financement de l’éducation est de nature à inverser cette sinistre perspective.
Ensemble, nous pouvons faire du 2 février 2018 une date majeure, un tournant dans l’histoire de l’accès à l'éducation gratuite et de qualité pour des centaines de millions de filles et de garçons dans le monde entier !
Autre ressource :
Note :
1. Réponse du ministre de l’Europe et des affaires étrangères à la question N° 3324 « Contribution française au Partenariat mondial » du député M. Jean-Luc Reitzer